Jean Valjean - Une

Jean Valjean – Tant que souffriront l’homme, la femme et l’enfant

«Tout homme est un médecin de l’autre. »

Jean Valjean - Affiche

1815. Jean Valjean (Grégory Gadebois) sort du bagne, brisé, rejeté de tous. Errant sans but, il trouve refuge chez un homme d’Église (Bernard Campan), sa sœur (Isabelle Carré) et leur servante (Alexandra Lamy). Face à cette main tendue, Jean Valjean vacille et, dans cette nuit suspendue, devra choisir qui il veut devenir.

Avec Jean Valjean, Éric Besnard propose une énième adaptation de Les misérables, classique de Victor Hugo, mais en trouvant un angle d’approche différent de ce que les autres ont proposé avant lui. 

Les 50 premières pages…

Contrairement aux autres films qui traitent de Jean Valjean, le film d’Éric Besnard met l’accent sur les 50 premières pages du livre et non sur la fin alors que le personnage est en période de rédemption. 

Il ramène aussi le personnage de Monseigneur Myriel (Bienvenu). Un personnage qu’on ne retrouvera ensuite plus jamais dans l’ouvrage. Ce film-ci met l’emphase sur la relation qui se développe entre ces deux personnages, le temps d’une nuit. Le réalisateur (et scénariste) ajoute quelques flashbacks bien intégrés afin de donner de la profondeur à son personnage. 

Jean Valjean - Les 50 premières pages © 2025 - Radar Films - Une société Mediawan - France 3 Cinéma
Jean Valjean (Grégory Gadebois) | © 2025 – Radar Films – Une société Mediawan – France 3 Cinéma

Les séquences qui montrent Valjean au bagne sont particulièrement marquantes. Jamais, ou à tout le moins rarement, on a vu ces séquences dans les autres films avec ce personnage. D’ailleurs, il n’est pas montré sous un angle particulièrement charmant. Il est réellement un antihéros. Il est vulgaire, irrespectueux et brutal. Le processus d’identification se fait très, très lentement chez le spectateur. La performance de Grégory Gadebois est très physique. Il parle peu, mais son visage dit tout. Le choix était clairement de ne pas transformer le personnage en un grand parleur. Après 19 en prison, on peut imaginer que cet homme n’a pas envie de jaser beaucoup. Dans Jean Valjean, vous ne retrouverez pas de dialogues du type : « Passe-moi le sel ».

L’homme est fondamentalement bon, ou mauvais

Au cœur du récit et des deux personnages que sont Valjean et Monseigneur Myriel (Bienvenu), on retrouve la grande question : l’Homme est-il fondamentalement bon, ou mauvais. Et, la rédemption est-elle possible, et à quel prix?

Jean Valjean - Fondamentalement bon ou mauvais © 2025 - Radar Films - Une société Mediawan - France 3 Cinéma
Monseigneur Myriel (Bernard Campan), sa sœur (Isabelle Carré) et leur servante (Alexandra Lamy), avec Jean Valjean | © 2025 – Radar Films – Une société Mediawan – France 3 Cinéma

Valjean est un homme qui sort de prison et qui doit choisir entre la réinsertion et la haine du monde. Devenir honnête homme ou hors-la-loi. Le réalisateur questionne la confrontation entre le Mal et le Bien, entre deux personnages mis face à face. Parce que lorsque Valjean sort de vingt ans de bagne pour avoir volé un pain, il est marqué à vie. Personne ne veut de lui. Le monde le hait et il rend sa haine au monde. Il est en guerre avec tous. L’homme s’est enfermé en lui-même et il va faire une rencontre qui va fendre son armure de haine et le ramener du côté de la lumière. C’est extrêmement moderne malgré que ça a été écrit il y a plus de 150 ans. Si vous laissez les gens s’enfermer dans une image d’eux-mêmes qui est négative alors ils vous renverront une énergie négative. Il est difficile de ne pas faire de lien avec la situation actuelle alors que de plus en plus les gens se méfient des « étrangers ».

Ainsi, on suit un personnage qui ne semble vivre que sur le moteur qu’est la méchanceté. C’est cette méchanceté des hommes qui donne du sens à sa vie. C’est dans cette méchanceté qu’il puise sa colère. Le film est construit sur sa résistance aux assauts du Bien. Et à la fin il y a le petit ramoneur.

D’ailleurs, Bienvenue pose la question directement à Jean Valjean : « Pourquoi avez-vous essayé de vous faire haïr tout à l’heure? » Et il lui répond : « Parce que je donne à ce que l’on attend de moi ».

Un peu plus…

Hugo était un humaniste. Et malheureusement, ses combats pour une société plus humaniste, plus solidaire, à notre époque de repli sur soi, sont d’actualité. Hugo avait visité des prisons. Il avait été révolté par ce qu’il voit. Il se sentait l’obligation de témoigner. De là naît le personnage. C’est pourquoi le bagne tient une place importante dans le film.

N’allez pas croire que Jean Valjean oublie totalement les autres personnages de Les misérables. On peut reconnaître, dans le personnage de Baptistine, un petit quelque chose de Fantine. La maladie et la culpabilité la rongent. Et elle est un personnage qui offre une façon plus facile à voir de ce que représente la misère, mais aussi la persistance.

Jean Valjean - Un peu plus - David Koskas © 2025 - Radar Films Mediawan - France 3 Cinéma
© 2025 – Radar Films Mediawan – France 3 Cinéma

Je dois terminer en mentionnant la narration. Le film est principalement acté par les personnages. Mais à certains moments, Besnard utilise un narrateur qui explique le cheminement de Valjean. Mais plutôt que de choisir un narrateur externe, il utilise des personnages. Hugo, dans le préambule de Les misérables, écrit : « Des œuvres de la nature de celle-ci pourront ne pas être inutiles tant que souffriront l’homme, la femme et l’enfant ». Ainsi, Besnard utilise trois narrateurs pour raconter l’histoire par l’homme, la femme et l’enfant. Puis il ajoute une courte narration finale par Jean Valjean afin de montrer l’espoir de l’homme à pouvoir changer. 

Ah oui… N’oublions pas que cette œuvre questionne aussi la religion menée par les hommes. Une belle phrase que Valjean répètera à la servante de Bienvenue alors qu’elle lui rappelle l’importance d’être miséreux pour être heureux, est « Les pauvres sont pas heureux. » Une belle façon d’attaquer la religion de l’époque de façon subtile. 

Je ne pourrais dire avec certitude de Jean Valjean est la meilleure adaptation qui ait été faite en lien avec Les misérables, mais il s’agit clairement d’une version à voir.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Jean Valjean
Durée
98 minutes
Année
2025
Pays
France
Réalisateur
Éric Besnard
Scénario
Éric Besnard
Note
8.5 /10

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fiche technique

Titre original
Jean Valjean
Durée
98 minutes
Année
2025
Pays
France
Réalisateur
Éric Besnard
Scénario
Éric Besnard
Note
8.5 /10

© 2023 Le petit septième