De rouille et d’os (2012), dernier film de Jacques Audiard (De battre mon cœur s’est arrêté (2005)), est maintenant disponible en DVD. Après avoir quitté la Belgique avec son fils qu’il connaît à peine, Ali (Matthias Schoenaerts) arrive chez sa sœur dans le but de refaire sa vie. Après avoir trouvé un job comme agent de sécurité, il rencontre un homme qui lui propose de participer à des combats illégaux. Voyant là une occasion de faire de l’argent facilement, il s’y engage. Une nuit, dans un bar, il fait la rencontre de Stéphanie (Marion Cotillard), une jeune femme heureuse qui travaille dans un parc aquatique comme dresseuse d’orques. À la suite d’un accident où elle perd ses deux jambes, Stéphanie et Ali se rapprochent et leur relation improbable permettra à Stéphanie de reprendre goût à la vie. Mais cette relation entre deux êtres si différents peut-elle vraiment fonctionner?
De rouille et d’os est plutôt une excuse pour traiter d’une relation entre un homme rustre qui se retrouve en couple avec une jeune femme ayant perdu le goût de vivre dû à un accident l’ayant handicapé de ses deux jambes. D’ailleurs, Stéphanie passe par le processus de réadaptation. Elle doit suivre des traitements de physiothérapie pour réapprendre à bouger correctement, jusqu’à ce qu’on lui offre de porter des prothèses. Celles-ci, à la dernière mode, lui permettent de reprendre une vie presque normale. Il est à mentionner que l’effet visuel des jambes est très réussi. Jamais il n’est visible que Marion Cotillard possède ses deux jambes.
Un des bons moments du film se déroule lorsque Stéphanie et Ali discutent de sexe. Stéphanie explique à Ali que depuis son accident, elle n’a pas eu l’occasion de « vérifier si tout fonctionnait encore ». Lorsqu’elle en aura finalement l’occasion, on constate un gros malaise de la part de la jeune femme. La rencontre entre ces deux personnages leur permettra, à chacun, de se donner une nouvelle chance dans la vie. Stéphanie sortira de sa torpeur et reprendra goût à la vie grâce à l’innocence d’Ali, qui n’agit pas différemment avec elle qu’avec n’importe quelle autre femme (ce qui deviendra, éventuellement, problématique pour Stéphanie). Pour Ali, cette rencontre lui donnera l’occasion d’être apprécié par quelqu’un. Comme il a une relation difficile avec sa famille et avec son fils (dont il ne s’occupe pratiquement pas), d’avoir de l’importance pour quelqu’un lui fera beaucoup de bien.
Mais, la question qui me trottait dans la tête pendant une grande partie du film : est-ce que le désespoir d’une femme mutilée pourrait faire en sorte que deux personnes, dont les mondes sont si éloignés, se retrouvent réellement en couple? Et, malgré quelques plans vraiment intéressants (celui où Stéphanie retourne au parc aquatique et joue avec l’orque est sublime), le film tombe trop rapidement dans l’histoire d’Ali, cet homme grossier aux manières brutales, et met Stéphanie de côté. C’est son histoire à elle qui est intéressante. De plus, la fin de De rouille et d’os tombe dans la facilité. C’est dommage, car le film commençait de façon très prometteuse.
De rouille et d’os restera pour moi une déception. Un film dont le potentiel n’aura pas été mené à terme.
Note : 7/10
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