
« C’est important de savoir tomber. »

Pour la ligue de sport amateur de Waterloo, rien ne va plus. En raison de la présence de l’équipe de hockey semi-pro masculine, le gérant de l’aréna Antoine (Antoine Bertrand) décide d’enlever les plages de toutes les équipes féminines. Sa demi-sœur, Mélissa (Gabrielle Côté, qui est également la scénariste du film), voit rouge et une violente altercation s’ensuit. Devant faire des travaux communautaires pour éviter la cour, Mélissa se retrouve dans un programme de gestion de la colère et y fait la rencontre d’Yvette (France Castel).
Cachant son Alzheimer, Yvette ressasse ses souvenirs, à l’époque où elle était une célèbre joueuse de roller-derby. Elle voit en Mélissa la possibilité de revivre ses belles années et de transmettre sa passion. Avec Cassandre (Anne-Élisabeth Bossé), la sœur de Mélissa, Léa (Aurélia Arandi-Longpré) et le cercle des fermières de Waterloo, elles décident de monter une équipe de roller-derby et de faire une campagne de financement pour aider les équipes sportives féminines de la ville… Tout en empêchant le travailleur social Florian (Louis Carrière) de découvrir le pot aux roses.
L’histoire d’un groupe de gens dépareillés qui s’unissent en équipe pour tenter de remporter la victoire n’a rien de nouveau au cinéma. Rudy, Les Mighty Ducks, Dodgeball… et même au Québec, nous avons Les Boys.
Mélanie Charbonneau (la réalisatrice) peut fièrement y ajouter Les Furies dans le palmarès de films sportifs du type « underdogs ».

Certes, le scénario n’a rien d’original dans sa structure. Les habitués du genre ne seront pas surpris de la progression de l’intrigue ou encore de la finale. Il y a aussi plusieurs clichés que l’on retrouve dans ce genre de film, des retournements de situations prédictibles, des personnages caricaturés et des conflits réglés rapidement pour les besoins de l’histoire. Mais ça n’empêche pas le film d’être agréable et rigolo.
Le charme du film vient d’abord des actrices, qui se donnent à fond et qui parviennent à rendre leurs personnages sympathiques. Elles ont un plaisir contagieux et cela se transmet au-delà de l’écran. Malgré la cohorte, chacune parvient à tirer son épingle du jeu et à briller.
Les quelques personnages masculins ont aussi leur moment et se défendent bien parmi ce groupe d’actrices solides. Antoine Bertrand est égal à lui-même et même les quelques scènes d’Antoine Pilon, qui joue Brian, l’ex de Mélissa, sont bien drôles.
Mention spéciale à France Castel, qui a dû avoir du« gros fun noir » durant le tournage.
Malgré une réalisation colorée, peu subtile, à la limite du kitsch et complètement assumée, Gabrielle Côté et Mélanie Charbonneau ont quand même laissé la place à des thématiques moins reluisantes.

Le film aborde la violence conjugale, la transphobie, le sexisme et le capacitisme, montré à travers le personnage d’Yvette avec son Alzheimer et de Cassandre, qui a une perte cognitive depuis un accident.
Certains enjeux sont traités plus en profondeur que d’autres, même si on reste quand même à la surface des problématiques montrées. Ce qui n’est pas un défaut à proprement parler, car ce n’est pas le but du film, qui se veut une comédie. Le fait que la scénariste et la réalisatrice ont voulu prendre le temps de montrer ces sujets et de les traiter avec sérieux est tout à leur honneur. Et le dosage est bien réussi, car cela n’alourdit en rien le visionnement et donne un peu de chair aux personnages.
J’ai de la difficulté à dire que c’est un film pour toute la famille, car ça jure comme un charretier. Mais j’ai vu le film Les Boys quand j’avais 10 ans et, de mémoire, ça sacrait aussi pas mal. Je le laisse donc au jugement des parents, car mis à part cela, c’est un bon petit film léger avec plusieurs bonnes réparties.
Bande-annonce
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