
« Ça commence rough. »
À travers les enquêtes toujours surprenantes, allant du leurre de mineures en ligne à un phénomène viral des plus troublants qui cible des femmes en lieux publics, en passant par une histoire d’enlèvement remontant à plusieurs années, Alice se fera vite rattraper par l’inévitable : elle doit régler ses comptes avec le passé, si elle veut que les coupables de la mort de Fred soient punis… il en va de la survie du GICCS lui-même.
Mardi dernier, c’était le 21 octobre et déjà je retournais au Studio R de Radio-Canada pour le visionnement des deux premiers épisodes de la saison finale et ultime de Doute raisonnable. Je sais, je vous entends déjà scander que ça fait douze fois que je vous parle de Aetios et de ses productions, Larouche ci, Trudeau ça, grosses émissions et blablabla… Je ne vous casserai pas les oreilles de mes sempiternelles critiques (que je veux de bonnes, même mon avis aussi que je donne avec désinvolture) sur tout. Cette série est sans l’ombre d’un doute le petit bijou de la maison et ça n’étonne personne.

Bien évidemment la série écrite par William S. Messier et réalisée par Danièle Méthot et le tout nouveau Thomas Soto, semble avoir un « bon budget », mais c’est vraiment plus que ça. C’est une démonstration, à mon avis, de ce que ça donne prendre son temps pour développer une idée et l’amener brillamment à la face du monde. Sans contredit, bien plus qu’un tour de force, mais un tour d’amour, car c’est ce que ça prend pour se mettre dans des situations — même fictives — aussi traumatisantes au quotidien et en ressortir, pas indemne, mais du moins « pas brisé ». Une équipe qui redonne le sens à l’expression « cœur au ventre ».
Il m’arrive de discuter avec mes amis du contenu francophone qui est offert aux Québécois par l’entremise des chaînes bien de chez nous comme TOU.tv, Crave, Noovo. Je sais bien ce que vous vous dites, mais je vous assure que c’est vrai, j’ai un cercle de personnes qui m’apprécient assez pour m’écouter chialer en direct. Toutefois, je ne fais pas que chialer. En fait, en toute modestie, je ne me souviens pas avoir eu du mal à remettre à César ce qui revient à César et à Dieu ce qui revient à Dieu. Bref, le verdict est unanime, les enquêtes dans Doute raisonnable amène son spectatorat au cœur de conflits moraux qui dépassent souvent l’entendement et frôlent la limite du supportable sans jamais déplaire.
La saison finale de Doute raisonnable débute sur un récapitulatif bien apprécié des dernières intrigues qui s’abattirent sur Alice, toujours interprétée par Julie Perreault, et son entourage. C’est donc sans trop de difficulté que l’on comprend comment, malgré les années passées à combattre ses démons, ceux-ci gagnent de plus en plus de terrain; pourra-t-elle y remédier avant qu’il ne soit trop tard? Avec la mort de Fred, son collègue interprété par Marc-André Grondin, une autre victime de l’ombre qui l’entoure tels des miasmes mortels, on appelle un vieil ennemi en renfort. Bruno Marcil reprendra son rôle, mais cette fois-ci il ne sera pas le bâton dans les roues du GICCS. Bien entendu, son caractère diverge beaucoup de ce que Fred avait comme énergie. Un peu bouffon, mais on sent immédiatement qu’il saura faire sa place dans l’équipe.

Pour celles et ceux qui se le demandent, le personnage de Charlène, interprété par Gabrielle Poulin B, sera bel et bien de retour après son épreuve traumatisante, alors qu’elle devra aussi affronter le fait qu’on ne peut fuir notre passé. Le pire par contre, ce sera encore du côté de Diego ( Alejandro Muller Sallas) qui, rappelons-nous, doit se taper toutes les preuves à conviction des crimes à caractère sexuel… En tout cas, je lève mon chapeau à ces analystes qui sont forcés de regarder et de classer la quintessence de la monstruosité humaine comme un vulgaire rapport d’impôt. Je compatis sincèrement.
Nouvelle saison, nouveau coéquipier, mais surtout nouvelles enquêtes seront au rendez-vous qui sauront encore nous divertir avec l’inappréciable. C’est le genre d’émission qui me fait me tordre de malaise sur ma chaise tellement les histoires sont horribles, mais au moins j’ai le luxe de le vivre par intérim en toute sécurité. L’entrée en matière n’y va pas avec le dos de la cuillère alors que le premier cas nous amène dans une histoire à lever le coeur d’abus de gymnaste et de pornographie juvénile… Je vous le dis, des fois je manquais de régurgiter mon café sur mes collègues présents au visionnement (pour faire un retour sur Qui veut encore faire de la Politique? : Oui, il y avait une plus grande diaspora médiatique).
Cependant, Doute raisonnable ce n’est pas que des crimes sordides, c’est aussi beaucoup d’intrigues avec des enquêtes prenantes qui nous laissent — sans jeu de mots — dans le doute raisonnable à chaque épisode, sans jamais se tirer les cheveux. Je le sais, j’ai déjà pris le temps de réécouter les épisodes et je m’étonne de trouver l’émission aussi agréable à regarder une deuxième fois. Il faut le faire, au Québec j’ai eu cette envie avec peu de séries. C’est un « tour de force » si on peut dire que : La petite vie, Un gars une fille et Les Bougons; ont réussi et jusqu’à maintenant à peu près aucun genre policier. Est-ce que c’est parfait? Peut-être. Ça donne envie de voir s’ils vont réussir à maintenir ça jusqu’à la toute fin (y’a pas beaucoup de séries contemporaines qui peuvent se vanter de ça).

La distribution de Doute raisonnable comprend également Benz Antoine, Marie Chantal Perron, Sébastien Ricard, Antoine Pilon, Hugues Frenette, Bryan Morneau, Sharon Ishtapao, Frédéric Lavallée, Anne-Marie Levasseur, François Xavier Dufour, Stéphan Cloutier, Alexis Gauthier, Laurence-Anaïs Belleville, Léa Roy, Laurence Barrette, Mathieu Gosselin, Paul Ahmarani, Sylvie Potvin, Hubert Proulx, Jacques L’Heureux, Roger Larue, Johnny Cortes, Bénédicte Bélizaire, Maxime de Cotret et plusieurs autres.
Bande-annonce
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