
« C’est sûr que ça à l’air enfantin que ça à l’air cour d’école (…) est-ce que ça changera un jour? Je ne le crois pas. Quand on dit que la politique c’est l’institutionnalisation du combat, c’est ça que ça veut dire. »
— Régis Labeaume.
De 2021 à 2025 au Québec, 1082 élus municipaux sur 8000 ont démissionné. Du jamais vu! Après 14 années marquantes à la tête de la Ville de Québec, Régis Labeaume reprend la parole publique avec un projet aussi personnel qu’universel : Qui veut encore faire de la politique? Un documentaire et une série balado qui explorent les raisons derrière l’exode des élus municipaux et tentent de comprendre le phénomène.
En ce lundi matin gris du 20 octobre, je m’en allais au Studio R pour assister au visionnement du nouveau documentaire réalisé par Érika Reyburn avec comme hôte nul autre que le pas trop grisant Régis Labeaume… Ben oui, vous savez. L’ancien maire de Québec, là! Non ça c’est Legault, je parle de celui de la ville de Québec… Bon… Je commence à comprendre ce qu’il voulait dire par « perte d’intérêt de la jeunesse envers la politique ». C’est certain que les plateformes politiques ne cumulent pas le plus grand nombre de vues sur Instagram et Tik-Tok (les jeunes utilisent encore ça? Tellement 2019 😒). C’est à ce demander pourquoi? Avec les élections municipales qui approchent, c’est la question à laquelle notre Labeaume nationale à tenter de répondre en interrogeant les élus des grandes et moins grandes villes du Québec.

Je ne pense pas que c’est une question de jeunesse à proprement parler, ni même de génération point; c’est simplement l’air du temps. À voir comment il y a 3 fois plus de journalistes et de chroniqueurs lors des visionnements de STAT ou Dumas, je ne suis pas surpris. Je n’accuse personne de rien, je ne fais que constater; ne tirez pas sur le messager, si vous permettez l’anglicisme. Le documentaire d’un peu moins d’une heure est accompagné d’une série de balados qui paraîtront sur Ohdio à partir du 30 et 31 octobre prochains. Ne vous inquiétez pas, ça ne sera pas qu’une rediffusion radiophonique, mais plutôt la chance d’avoir quelques opinions croustillantes supplémentaires pour mieux venir appuyer les propos de ce qu’on aura pu déjà voir sur les ondes de TOU.tv.
C’est un petit peu là où je me suis perdu, parce que la question formulée éloquemment par la simple mention du titre « Qui veut encore faire de la politique? » m’informait davantage sur la position de la jeunesse dans le milieu plutôt que des réels enjeux qui, sans vouloir être alarmiste, assiègent de plus en plus les individus qui composent notre société. L’avantage? À la place de m’entendre moi, Régis Labeaume discute de tout ça en compagnie de plusieurs figures politiques : Daniel Côté, Isabelle Lessard, Jean Lamarche, Manon Cyr, Mathieu Maisonneuve, Michaël Pilote, Valérie Plante. Si ces noms ne vous disent rien, c’est sans doute que vous êtes le public idéal!
Si le système de santé est un vélo à deux vitesses de bouette, le système politique, ici, prouve qu’on peut se planter aussi bien avec le « becycle » de Peter Sagan (oui, oui. J’aurais pu dire Armstrong, mais j’ai comme un doute que ce n’est plus vraiment d’actualité). C’est quand même drôle quand on pense qu’environ 60% des municipalités au Québec sont composées de 2000 habitants ou moins (ça c’est sans compter celles entre 2000 et 20 000). Il ne faut pas se demander pourquoi le Grand Montréal avec ses 4 millions et quelques de citoyens, dont presque 2 millions juste sur l’île de Montréal, semble avoir un aussi gros poids dans la « balance » du pouvoir démocratique au Québec.

Bémol, ou plutôt fausse note, si on se fit à mon oreille (que voulez-vous j’ai l’ouïe sensible aux sons grinçants)… On parle beaucoup d’argent. Pas « on parle de problèmes qui coûtent beaucoup d’argent » mais on parle beaucoup d’argent… Beaucoup! Maudit que j’aimerais ça que la solution à un pays autonome et autosuffisant — ou même une province, grand Dieu au pire juste UNE seule ville — puisse être de beaux billets tout neufs ou du crédit ou même des maudites Bitcoin à la marde (« Y’en a au bleuet aussi ». Merci Monsieur Pérusse); mais je n’y crois pas. On n’a pas tous un vécu qui se ressemble — ça, c’est la première des choses —, et si je peux me permettre d’attester réellement ne serait-ce que partiellement une vérité en lien avec mon passage ici bas… Je n’ai jamais, mais JAMAIS, vu l’argent régler des problèmes. La solution était pourtant toujours la même, un autre être humain. Parlez-moi donc du mal de notre siècle à présent.
Saviez-vous ça vous qu’on a plus de 5 fois le nombre d’élus ici qu’ailleurs au Canada; et par « ailleurs au Canada », je veux dire même l’Ontario! C’est quand même bien de voir que le gouvernement à finalement réussi à mettre en place un système où l’indignation et le mécontentement sont désormais perçus comme une forme d’incivilité ou de folie passagère dont les causes peuvent être aussi variées que le nombre d’élus au Québec. On dit des gens qu’ils sont rough quand ils refusent de se laisser intimider. J’aimerais bien passer tout l’article à expliquer des concepts sociaux supposés être claires de manière assez uniforme pour tous comme la sécurité, l’oppression, les biais cognitifs, la méritocratie, en plus d’une couple de conseils en communications; mais j’ai pas envie de faire la morale à personne.
Ce que je conçois par contre, c’est que le système tente d’évoluer, mais que nous, les humains-là, pas tant que ça. Non, mais, soyons honnête un instant. Sentez-vous vraiment que chaque chose est à sa place et que la Terre est un environnement propice à l’élévation d’un soi unique contribuant à la société? Personne n’est dépressif ou anxieux ou surmené ou égaré? Pardonné mon québécois, mais « qu’est-ce qu’on câlisse en ce moment? ». On le voit que le monde ne va pas bien, en commençant par le nôtre, non? Le capitalisme et penser à l’argent tout le temps… Vous trouvez ça vraiment reposant? À la place de me demander toujours la même chose : « Ben toi tu ferais quoi de mieux, d’abord? ». Pourquoi on ne s’aide pas tous à y penser, hein? Me semble que ça commence à être le bon moment, là. Y en a-t-il vraiment un qui est là : « Moi j’aime assez ça refaire la même affaire qui fonctionne pas encore et encore! »?

Finalement, qu’est-ce que j’y connais vraiment? On va me dire : « Si tu es si fin que ça, t’as juste à te lancer dans la course? » Un sophisme grossier, si vous voulez mon avis, construit spécifiquement pour ignorer le sujet en s’attaquant à l’intégrité d’une personne tout en remettant en question sa volonté de faire le bien. À ce stade-ci, presque personne ne connaît Nietzsches et encore moins le concept du Ubermensch qui — ironie du sort — est probablement obsolète aussi maintenant dans un monde qui hurle pour une existence qui s’accorde avec le corps, mais aussi l’esprit. Malgré les nuages, ce soir je regarderai le ciel en appréciant quelques paroles divines qui me permettent de sourire malgré les hauts et les bas de la vie contemporaine. Néanmoins, le documentaire est loin d’être inintéressant et laisse vraiment la place à ce qu’on puisse s’interroger à notre tour : qui veut encore faire de la politique?
Une chose par contre : Même si on peut avoir toutes les raisons du monde de manifester de la colère, surtout en ce moment, je vous invite à ne pas la formuler sous la forme d’une insulte ou d’une menace. Quel crève coeur de voir que pendant que l’on reproche au reste de la planète de s’en prendre l’un à l’autre comme des sauvages, nous avons encore cette « minorité » pas si silencieuse ni même minoritaire qui ne sait toujours pas énoncer clairement ce qui les contrarie sans vociférer sur les réseaux. Une minorité, pas quand on parle d’environ 75% des élus qui affirment avoir été sujet à une forme d’agression notable soit physique, psychologique ou verbale. Je suis d’accord, cher lectorat, que le monde est à refaire, mais ne recommençons pas sur les mêmes bases que nous condamnons.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième