Bau - Une - Gruen and Joseph whipping scene

Bau : Artist at War — Leçon pour une révolution tranquille

« That is our mission. Not to save one life, but to save hundreds, thousands. »
[Ceci est notre mission. Pas de sauver une vie, mais d’en sauver des centaines, des milliers.

BAU affiche

L’histoire d’amour inspirante de Joseph Bau (Emile Hirsch), artiste, faussaire et survivant de l’Holocauste. Grâce à son talent artistique, son humour et son espoir dans les camps, Joseph survit et aide des centaines de personnes à s’échapper. Miraculeusement, il trouve l’amour au cœur du désespoir.

Persister

Depuis le début de l’année 2025, j’ai l’impression d’assister à une métamorphose du cinéma; il était chenille et maintenant la bouillie dans la chrysalide essaie de se solidifier en quelque chose de plus libre et complexe à la fois. On pourrait dire que le 7e art est en train de découvrir, en quelque sorte, son identité propre. Pour que cela se fasse, il lui faut d’abord accepter – comme toute chose après tout – sa double nature. De toute évidence, des événements comme la Deuxième Guerre mondiale ont démontré comment la lumière servant à illuminer le cœur et les esprits pouvait aussi servir à les éteindre; la propagande de Goebbels en est un exemple connu. 

Bau - Persister - Wedding Scene
Marriage

Dans Bau : Artist at War, on voit au premier plan (de la narrative) la fonction double et dichotomique de l’art et donc, des croyances et des symboles. Tantôt on s’en serre pour réduire ou dominer, tantôt l’art élève et permet de se libérer des atrocités. Ce film de Sean McNamara met en lumière ce souffle d’espoir qui permit à la diaspora juive de survivre à la terreur de l’holocauste de la Seconde Guerre mondiale. Ce qui est impressionnant c’est qu’on puisse associer le terme comédie à cette œuvre sans avoir à rester avec un goût amer lorsque l’on parle de guerre. En effet, La Vita è Bella est un ouvrage cinématographique marquant de 1997 où l’humour  — quoi que présent — arrive peu à soustraire la terreur et l’injustice de cette époque marquante.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un film capable de m’émouvoir et de me faire rire avec des mises en scène parfois — pour ne pas dire souvent — clichées, mais tout de même divertissantes et innovatrices du fait qu’il est rare que l’affection soit un thème dominant dans ce genre d’ouvrage, encore moins le centre. En changeant la formule habituelle, on réussit également à changer une réplique aussi forte et patriotique que : « On ne fait pas ça pour sauver une seule vie, mais des milliers », elle devient alors source de tristesse et de désespoir. 

Le rire guérit tous les maux

Joseph Bau, ici interprété par Emile Hirsch, n’est pas un prisonnier comme les autres. En fait, il passe le plus clair de son temps à griffonner des animations dans des calepins pour les faire défiler sous les yeux amusés et émerveillés de ses voisins des camps de concentration. Je suis d’accord, c’est un peu abrupt comme fin de synopsis, mais c’est ainsi que se construit tranquillement la blague ou l’humour qui cherche à montrer le ridicule presque clownesque par moment de leurs agresseurs. Quand il ne se prend pas pour l’ancêtre de Charlie Hebdo, monsieur Bau forge de faux papiers d’identité afin de permettre à son public de n’être que de passage entre ces murs, ce qui peut déplaire à celles et ceux craignant les représailles.

Bau : artist at wat - Le rire

La solidarité reste de mise et on abhorre les histoires de délateurs alors que l’on focalise au contraire sur les actes de rébellion silencieuse que l’on perpétrait afin de continuer à vivre malgré l’une des pires conditions que l’humanité a pu donner. Je le mentionnais plus tôt, il y a aussi quelques moments tirés par les cheveux ou sans doute beaucoup trop romancés des faits réels que l’œuvre est censée dépeindre. Quoi qu’il en soit, n’est-ce pas le propre d’un film de nous montrer comment la résilience est si forte et si vraie qu’un mariage d’amour puisse avoir lieu même en ces lieux maudits?

Il n’y a pas que la folie des guerres et de la mort en ce bas monde, mais aussi la folie de l’amour et de la vie. En ça, Bau : Artist at War, ne manque pas une occasion de nous le rappeler. Joseph Bau n’est pas seul, en fait l’histoire met en avant que chacun tente de faire sa part au mieux. On ne le faisait pas simplement pour sauver sa peau, mais parce que sauver sa peau voulait dire pouvoir en sauver d’autres. Edward Foy incarne même le rôle d’Oskar Schindler, une figure réputée pour avoir joué un grand rôle dans la libération de plusieurs milliers de Juifs durant la Seconde Guerre.

Une capitale de souffrance

Seconde Guerre mondiale, on a qu’à prononcer ces mots pour déclencher une sensation qui traverse l’échine et glace le sang d’à peu près tous celles et ceux qui l’entendent. Cependant, il y a quand même un éléphant dans la salle qu’il faut adresser – et vous me voyez venir – sans remettre en question ce qui s’est passé en 1945; serait-ce possible de dire que depuis 1950 Israël et donc, envers et contre tous la représentation de la diaspora juive aux yeux de l’Histoire, puisse avoir de moins en moins de légitimité à prôner les horreurs qu’ils ont subies? 

Bau et Rebecca
Bau (Emile Hirsch) et Rebecca (Inbar Lavi)

Nous sommes témoins depuis longtemps, trop sûrement, de l’escalade de conflits au pluriel où malheureusement, certains n’ont pas encore la notion qu’il ne faut pas faire ce qu’on ne veut pas se faire faire. C’est facile de faire une critique sociale quand il n’y a qu’un seul point de vue à avoir, parce qu’en avoir un différent serait mal perçu. Pourtant, j’ai aussi un mauvais goût dans la bouche qu’on marque le calendrier de plusieurs jours d’importance durant la guerre, qui finit en juin et pas en août. Soyons francs, il n’y a pas juste eu l’holocauste pour faire souffrir des gens et pas juste les Juifs, non?

Je termine en sautant du coq à l’âne. J’aimerais aussi souligner comment Inbar Lavi qui joue, Rebecca, la femme de Joseph Bau, rayonne davantage dans ce film avec ses airs naturels que ce qu’on retrouve sur les réseaux sociaux où encore sa page IMDb. C’est dommage qu’on en soit encore à vouloir cacher les apparences sous le maquillage et les filtres pour mieux se vendre. Je parle d’elle, mais Emile Hirsch subit le même traitement, c’est bien être beau garçon, mais je préfère voir les gens pour qui ils sont vraiment. D’après vous, cher lectorat, est-ce que ça vaut la peine d’essayer de se voiler la face à la place d’apprendre de ce que l’histoire nous aura légué? Un sourire n’est-il pas au final la plus belle parure d’un visage?  

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Bau: Artist at War
Durée
130 minutes
Année
2024
Pays
Israël
Réalisateur
Sean McNamara
Scénario
Deborah Smerecnik, Ron Bass et Sonia Kifferstein
Note
9 /10

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Fiche technique

Titre original
Bau: Artist at War
Durée
130 minutes
Année
2024
Pays
Israël
Réalisateur
Sean McNamara
Scénario
Deborah Smerecnik, Ron Bass et Sonia Kifferstein
Note
9 /10

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