« Je ne devrais pas être ici. Mais j’ai fait un choix. »
En se préparant à la parentalité avec sa partenaire enceinte, Alex, une femme trans gestionnaire d’un bar, se confronte à un examen public. L’appartenance à son corps est socialement contestée. Pendant ce temps, Béatrice, une gynécologue prospère, se débat avec l’idée d’avorter tout en s’occupant d’un être cher en phase terminale. Les chemins des deux femmes convergent de manière inattendue, s’entrecroisant dans et autour de l’espace chargé d’un club queer. Ensemble, leurs histoires explorent l’autonomie corporelle, la parentalité queer et la résilience silencieuse nécessaire pour naviguer dans des choix qui changent la vie.
À travers l’œil d’une caméra fluide et intime, Willi Andrick, Juan Bermúdez, Isis Rampf, Anna Schröder nous dévoile de manière crue un espace queer tout en fluidité et en transparence. Iels nous offrent un lieu immatériel pour se questionner sur notre appartenance au corps, particulièrement au corps queer et à notre relation avec (l’idée de) la parentalité.
Les réalisateur.ices de Where you find me nous amènent à nous questionner sur l’expérience du corps queer. Un corps hors-norme, un corps militant par le simple fait de son existence. À plusieurs reprises dans le long-métrage, la nudité d’Alex est tour à tour banale et politique. Sa poitrine nue choque et déstabilise l’espace public, en fait, elle choque les autorités. On ne peut s’empêcher de se demander pourquoi. Pourquoi cette nudité passive devient-elle problématique? Rapidement, à travers les récits des personnages du film, on réalise que le problème réside dans la différence du corps queer. Existant en marge, le corps queer devient le symbole du corps monstrueux.
Avec un montage et une direction artistique soignée, ce constat enrageant nous est présenté dans une douce transe colérique.
La parentalité queer est au centre de Where you found me, que ce soit dans les questionnements et les réalités vécues par les protagonistes du long-métrage que par le travail de gynécologue du personnage de Béatrice.
La parentalité queer met automatiquement en question le corps queer. Évidemment, par le processus de conception de l’enfant, mais aussi, par la suite, sur notre manière d’habiter l’espace. À mon avis, il est judicieux et intelligent de la part des réalisateur.ices de ce film d’avoir mis en relation cette quête du soi physique avec celle de la parentalité queer.
Dans Where you find me, le montage et l’univers sonore sont presque des personnages à part entière. Bien travaillés, ces deux aspects techniques du film nous guident dans le récit. Parfois de manière crue, sans jamais être brutale, nous offrant simplement une transparence intime et touchante sur une réalité marginale. D’autres fois, le montage se veut doux, subtil et discret. Au rythme des émotions des protagonistes, l’univers sonore et le montage nous plongent dans un film sincère et poignant.
En bref, si vous avez la chance de visionner Where you find me, je vous le suggère vivement. Que vous soyez queer ou non, je pense sincèrement que les questionnements soulevés dans le film sont nécessaires pour bâtir une société ouverte et indulgente.
Where you found me est présenté au VQFF le 13 en salles et en ligne du 22 au 28 septembre 2025.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième