« Ahhhh, por eso se trata todo esto oye Gemma, de la penitencia. »
[Ahhhh, c’est de cela qu’il s’agit, Gemma, de pénitence.]
Adela (Laura Galán) est une balayeuse de rue perturbée de Madrid qui travaille de nuit. Ce soir, elle va se venger de ceux qui ont ruiné sa vie. Un cocktail de drogue, de sexe et de fureur profonde alimente sa cruauté envers tous ceux qui croisent son chemin.
Avec One night with Adela (Una noche con Adela), Hugo Ruíz offre une œuvre transgressive au rythme tendu et énergique dans lequel le spectateur découvre tranquillement ce dont il est réellement question.
Filmé en un seul plan-séquence, le public évolue avec agilité aux côtés d’Adela tandis que sa colère se déploie tout au long de la nuit et que la vérité se révèle peu à peu. L’utilisation du plan-séquence oblige la caméra à bouger avec le personnage et donne l’impression au spectateur qu’il est avec Adela, la regardant faire et tendant d’interagir avec elle.
À quelques reprises, la caméra se rapproche d’une zone à la couleur unie, signifiant une sorte de changement de séquence, comme si on avait simplement coupé et changé de plan. Un peu comme si l’accompagnateur (le spectateur) prenait son souffle, tentant de retrouver ses esprits après une séquence de violence. Une fois la caméra se perd dans les cheveux d’Adela, une autre fois on zoome sur la robe de chambre rose.
La technique est intéressante, car dans les films un seul plan-séquence (ce qui est déjà rare), on a rarement une bonne façon de montrer le changement de séquence. Ici, Hugo Ruíz le fait à la perfection.
Le film débute un peu comme un drame, ou une simple chronique de vie, dans lequel on suit Adela dans sa vie ennuyante. On découvre rapidement une personne antipathique et agressive. Rarement on nous offre un personnage principal aussi désagréable. Mais à un moment, on comprend qui elle est et le film passe du drame au thriller. Cette femme a un but et ce but n’est pas rose.
Galán, pratiquement présente dans chaque minute du film, livre une performance brillante dans le rôle d’un personnage extraordinairement irrécupérable, aussi captivant qu’antipathique. Je crois qu’à aucun moment du film elle ne sourit, ni même perd son air bête.
Le spectateur peut en apprendre un peu plus sur le personnage à travers les conversations qu’Adela a avec une animatrice de radio qui fait une émission où les gens appellent pour raconter leurs problèmes. Une idée intéressante qui permet au réalisateur de donner des informations sur le passé du personnage sans changer de plan ou sans introduire de mauvais flashbacks comme on le voit trop souvent au cinéma. Et je vous le dis, ça fonctionne et il y a des surprises.
Une Nuit avec Adela est un voyage impitoyable vers la vengeance. Le rythme tendu s’installe immédiatement lorsqu’Adela, défoncée, excitée et la mâchoire serrée, entame sa nuit de brutalité.
Il faut se donner quelques minutes avant de réaliser à quel point le film est intéressant malgré son personnage. Mais si on survit aux 10 premières minutes, on se retrouve dans une aventure qui ne laissera personne de glace.
Premier long métrage de Ruíz, Una noche con Adela frappe fort!
Bande-annonce
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