« We’re not big stars, so we have to find some way to get the attention. »
[Nous ne sommes pas des vedettes, il faut donc trouver des moyens d’attirer l’attention.]
Les grosses chaînes de cinéma présentent essentiellement des gros films commerciaux. Certains de ses établissements présentent des films internationaux ou plus indépendants selon l’endroit où ils sont situés. Il existe aussi des cinémas comme ceux du Parc, du Musée ou Beaubien qui ne se concentre que sur le cinéma d’auteur et indépendant. Malgré ça, il y a encore plein de films provenant de boîtes de production indépendantes qui n’arrivent pas à diffuser leurs films dans des salles de cinéma, se perdant à travers toutes les œuvres commerciales provenant des grandes compagnies.
C’est un problème auquel est confronté depuis près de 50 ans Troma Entertainment, boîte de production devenue culte qui propose des films trash d’exploitation comme The Toxic Avenger, Tromeo & Juliet ou bien Sgt. Kabukiman, NYPD, et dirigé par le légendaire Lloyd Kaufman, qui est d’ailleurs récipiendaire du tout premier Prix Indie Maverick du Festival de Fantasia cette année. Malgré le fait que ces films sont appréciés par une bonne partie d’Hollywood et qu’il a lancé la carrière de nombreuses figures du milieu, en particulier James Gunn, il continue d’avoir de la difficulté à distribuer ses films, plusieurs hommes d’affaires du marché étant dégoûté par le style trash et punk de la boîte. Un problème parfaitement montré par la fille de Lloyd Kaufman, Lily Hayes Kaufman, dans son documentaire Occupy Cannes.
Occupy Cannes est le mouvement lancé par Kaufman et les autres membres de Troma lors du Festival de Cannes de 2013, plus d’une décennie après le passage de l’équipe au Festival. À coup de pancartes, de manifestations publiques déjantées ou bien de présentation publique trash, l’équipe de Troma a non seulement tenté de vendre leur nouvelle production Return to Nuke ‘Em High Vol.1, mais a également fait la promotion du cinéma indépendant devant un public à la fois curieux et outré par ces étranges individus.
C’est un portrait très représentatif de l’esprit Troma qu’offre la réalisatrice, montrant une bande de personnes à l’énergie débridée, passionnée par ce qu’ils font, voire trop. Le documentaire montre en grande partie Lloyd Kaufman et sa bande, les montrant en train de galérer à faire passer leur message, en particulier par la police française qui n’arrête pas de les aborder dans la rue et qui les menace de les arrêter. L’opinion anti-capitaliste et grandes corporations chères au réalisateur est également très présente. Il n’y a qu’à voir la séquence avec cosplays de Pirates des Caraïbes, alors qu’ils se font interdire de porter des masques.
Cependant, le film montre des aspects plus nuancés. Si l’on peut croire que tout le monde du cinéma est contre Troma, il nous présente quelques distributeurs intéressés à perpétuer les délires de ces films à travers le monde et mentionne des stars qui admirent les films de Kaufman. Il présente également un portrait honnête des collaborateurs de Kaufman, étant toujours prêt à le suivre dans ses idées les plus folles, mais qui peuvent aussi grandement douter quand les choses ne se passent pas comme prévu. Plus que tout, la réalisatrice les présente comme une bande d’amis qui se lancent dans un projet fou. L’esprit Troma est effectivement très présent dans le documentaire, avec de nombreuses touches d’humour et d’autodérision.
Occupy Cannes est surtout une lettre d’amour de Lily Hayes Kaufman pour son père Lloyd Kaufman ainsi que l’ambiance de travail dans laquelle elle a toujours vécu. C’est également une scène d’amour pour les personnes en marge du système, ceux qui sont trop bizarres selon les critères de la société, mais qui pourraient bien être les personnes avec qui on s’entendra le mieux.
Occupy Cannes est présenté au Festival Fantasia, le 31 juillet 2025.
Bande-annonce
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