« J’essaye vraiment de me faire des amis. D’entrer dans le moule. »
Yasmine (Rose Dehgan), son père (Ashkan Nejati) et sa grand-mère (Maryam Sadeghi) ont immigré d’Iran pour venir s’établir au Canada. La jeune adolescente est très nerveuse et veut bien s’intégrer dans sa nouvelle école. Pour parfaire son anglais, elle écoute en boucle une sitcom que sa défunte mère a enregistrée.
À l’école, Yasmine rencontre Rachel (Chloë MacLeod) et sa clique. Ces dernières la prennent sous leur aile, l’invitant à des soirées de filles où elles chantent et dansent devant la nouvelle webcam de Rachel. C’est lors de l’une de ces soirées que les filles convainquent Yasmine de se teindre les cheveux en blond. D’abord enchantée par sa nouvelle coiffure, la jeune fille commence à ressentir de drôles d’effets sur son corps et son esprit. Et si ce changement avait permis à un monstre de l’envahir…
Foreigner offre une histoire classique. La réalisatrice et scénariste Ava Maria Safai n’a pas réinventé la roue, comme si elle cherchait à remplir la liste. Le plan de Yasmine qui déambule dans le centre du couloir de sa nouvelle école, avec les autres élèves qui la regardent avec curiosité et/ou jugement (check). La clique de filles « populaire » qui s’intéresse à elle sans raison (check). Le changement de look pour être plus homogène avec la clique (check). Le rejet de sa culture par peur du jugement (check). Et la liste continue et les cases continuent d’être cochées.
La plupart des éléments sont rapidement survolés et on ne prend jamais le temps de bien explorer qui était Yasmine avant de venir au Canada. On mentionne qu’elle avait des amis en Iran, mais ce que nous savons principalement d’elle, c’est qu’elle écoute sans cesse des sitcoms pour essayer de mieux s’intégrer. Ce qui fait que le rejet de sa culture et de sa « vraie nature » ne semble pas aussi dramatique, puisqu’on ne sait pas vraiment ce qu’elle met de côté.
Tel que mentionné plus tôt, il y a beaucoup d’éléments que le film apporte et qui restent en surface. Le film focus beaucoup sur le changement de couleur de cheveux de Yasmine, au point où l’on en vient à se demander si c’est la teinture qui cause les tracas de la jeune adolescente. Le film semble même sous-entendre que quelque chose de similaire aurait causé la mort de sa mère, mais le récit ne nous donnera jamais de réponse claire sur cet élément.
La culture iranienne aurait aussi gagné à être davantage explorée. On mentionne des plats, un peu de musique et quelques autres petits trucs par-ci, par-là, mais dans l’ensemble, on ne retient presque rien de cette famille. On ne les voit interagir avec personne de leur communauté, rien faire de propre à leur culture ou de traditionnel, ce qui n’est pas une obligation en soi, mais qui fait que la difficulté de Yasmine à s’intégrer ne paraît pas si grosse. Son principal enjeu est sa diction sur certains mots en anglais, qui l’angoisse beaucoup, mais outre cela…
La mythologie de l’entité présentée dans le film se résume en trois-quatre lignes, ce qui ne nous permet pas d’avoir peur pour Yasmine. La créature est aussi mentionnée trop tard dans le film, ce qui ne permet pas d’installer de réelle tension au cours du récit.
Le film aborde aussi brièvement le racisme, mais encore là, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. On voit la maladresse de certains propos, mais personne ne semble avoir de vraies mauvaises intentions.
Ava Marie Safai a essayé de faire un film d’horreur, en oubliant l’élément le plus important, celui de vouloir nous faire peur. Même si elle parvient à nous offrir quelques plans et images étranges ou qui nous mettent mal à l’aise, l’histoire reste très conventionnelle et sans tension. Une prémisse et une culture qui aurait gagné à être plus développée.
Foreigner est présenté au Festival Fantasia, le 31 juillet et le 2 août 2025.
Bande-annonce
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