« Tout le monde pense que l’apocalypse c’est la fin du monde. Alors qu’apocalypse, ça veut dire dévoilement. C’est pas la fin du monde. C’est la fin d’un monde, avant un nouveau. »

Willy et Jojo sont amis d’enfance et ne se quittent jamais. Pour tuer l’ennui, ils s’entraînent à la Pampa, un terrain de motocross. Un soir, Willy découvre le secret de Jojo.

À travers les petits drames du quotidien et ceux qui bouleversent notre existence à jamais, La Pampa nous sensibilise à la masculinité toxique en nous offrant une histoire de fraternité touchante, mais malheureusement trop de fois vue et revue. 

Le sens du drame 

Malgré l’insouciance de la jeunesse (véhiculée de manière efficace dans le film), une tension plane sans cesse au-dessus de nous, spectateur.ices. Étant certainement le grand point fort de La Pampa, cette tension nous chuchote à l’oreille que quelque chose de grave est sur le point de se produire. Ainsi, nous sommes tenus en haleine dès les premières secondes du film. En fait, j’ai l’impression que ce sentiment de mauvais présage découle justement de l’insouciance de la jeunesse. Jusqu’où Willy et Jojo sont-ils prêts à aller pour contrer la nuit, pour se faire entendre? 

Antoine Chevrollier nous livre ici un film avec une certaine puissance de frappe en ce qui a trait au drame; car on ne peut le nier, le cinéaste a le sens du drame. Il sait choquer, bouleverser, surprendre et, surtout, retenir notre attention.

Des thèmes nécessaires en 2025 

Avec son film, Chevrollier aborde des thèmes cruciaux de notre époque. Entre masculinité toxique, homosexualité, amitié entre hommes, fraternité et sextorsion; le cinéaste sensibilise et crée un « safespace » pour le public. Dans une époque où la masculinité toxique est en ascension étrangement fulgurante, un film comme La Pampa est plus qu’important.

Des personnages plats 

Si le film a une ambiance bien travaillée qui nous prend aux tripes dès les premières images, le résultat est considérablement décevant en ce qui a trait au développement et à la caractérisation des personnages. 

Le gros point faible du film, mis à part son manque d’originalité dans sa trame narrative, reste ses personnages plutôt unidimensionnels. Prenons l’exemple de Jojo; il aime le motocross et a les cheveux « bleachés ». J’aimerais pouvoir vous en dire plus sur lui, mais bien sincèrement, j’ai fait le tour. Alors, bien que le côté dramatique du film soit maîtrisé, l’absence de personnalité des personnages casse violemment l’effet et la force de frappe des évènements perturbateurs du récit.

En bref, La Pampa est un film divertissant et choquant, mais qui ne réinvente pas la roue. Il emprunte malheureusement un narratif vu et revu qui me fait énormément penser à La société des poètes disparus (Peter Weir). Vous passerez du bon temps avec Chevrollier, mais de là dire que le film vous marquera, je ne pense pas. 

Bande-annonce  

Révision linguistique par Mathieu Giroux.