« Donc, je veux dire, elle a bu une boisson vitaminée offerte par un inconnu, il y a quelque temps, et apparemment, elle était empoisonnée au cyanure. »
Dans le milieu du cinéma, la Corée du Sud est reconnue pour ses thrillers. Avec des œuvres acclamées comme Oldboy, Parasite et I Saw the Devil, les jeunes réalisateurs sud-coréens ont de très hauts paliers à prendre en compte lorsqu’ils réalisent leur propre thriller. Si certains fonctionnent, d’autres finissent par passer inaperçus, notamment par un manque de visibilité par rapport aux noms connus. Ils ont quand même la chance de promouvoir leur film dans des festivals de cinéma dédiés.
Hwang Wook fait partie de ces artisans du cinéma qui sont encore peu reconnus, mais que les festivals apprécient. On lui doit les longs-métrages Dog Eat Dog, Living Hard et Mash Ville, chacun étant d’un genre différent : un thriller d’action, un drame musical et un néo-western. Il s’attaque cette année au thriller psychologique avec The Woman, qui a la chance d’être projeté en première mondiale à Fantasia 2025.
Sun-kyung (Han Hye-ji) est une femme qui habite seule. Lorsqu’elle se procure un aspirateur dans un marché en ligne, elle fait face au vendeur, dont le comportement est inquiétant. Elle sera protégée par un ancien camarade de classe, qui sera retrouvé mort par suicide le lendemain. Cependant, Sun-kyung pense qu’il s’agit d’un meurtre.
Le postulat de base reste classique, une personne croit qu’un crime s’est produit alors que la police pense qu’il n’y a eu aucun acte illicite. Elle enquêtera de son côté pour dévoiler la vérité, alors que le présumé coupable garde son attention sur le protagoniste. Une histoire digne des plus grands Hitchcock, le pitch étant similaire à son Fenêtre sur cour, moins le huis clos. Cependant, un twist à la moitié du film change complètement la direction dans laquelle va le film.
C’est là toute l’originalité de The Woman et ce qui le démarque des autres thrillers coréens. Le concept est excellent et propose un point de vue unique et intéressant. Cela offre une sorte de réécriture du film digne de grands thrillers coréens, en particulier The Handmaidden de Park Chan-wook. Il faut aussi noter l’interprétation de Han Hye-ji dans le rôle principal, qui offre un personnage complexe et qui tient le film sur ses épaules. Le film offre aussi un message sur la justice citoyenne et les fausses accusations, des thèmes qui sont dans l’actualité.
Cependant, comme le précédent film du réalisateur, Mash Ville, dont nous avons parlé lors du Festival Fantasia de l’an dernier, le film offre un concept intéressant, mais il ne sait pas où il veut aller. Hwang Wook met là aussi trop de sous-scénarios, ne laissant pas le temps aux spectateurs de les digérer et rendant confus le fil narratif. Par exemple, le film s’attarde un moment sur un personnage de policier, mais seulement lors d’une courte scène et est laissé de côté pendant le reste du film. Si les événements d’après twist aurait normalement été le point fort du film, l’histoire de base est là totalement mise de côté et ne semble être qu’un point mineur du film, alors qu’il devrait se construire autour de cette intrigue. De plus, cette révélation-surprise manque cruellement de développement et finit par tomber à l’eau.
Avec The Woman, Hwang Wook posait un excellent postulat qui lui aurait permis de placer son film parmi les grands thrillers du cinéma sud-coréen. Mais le résultat final manque d’équilibre et finit par se mordre la queue, laissant une amère réaction chez le public.
The woman est présenté au Festival Fantasia les 26 et 28 juillet 2025.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième