Beaucoup de films d’animation modernes se contentent d’utiliser l’animation en CGI. Mais si la technique est surutilisée, c’est certainement parce que c’est moins cher et long à produire.
En effet, l’animation 2D demande beaucoup de personnes et de longues étapes de production avant de voir le film sur les écrans. Mais si c’est le cas pour la 2D, c’est extrapolé avec la stop-motion. Résultat, peu de studios d’animation proposent des films en stop-motion, ce qui est triste en voyant toutes les grandes œuvres qui utilisent la technique. Il y a bien Laila (Coraline, Paranorman, Kubo and the Two Strings) dont on attend leur prochain film en 2026, ainsi que Aardman (Wallace et Gromit), mais ça reste les seuls à s’y aventurer. Cela étant dit, il y a d’autres studios, dont des non-américains, qui proposent leur propre approche à la stop-motion. Par exemple, les Mexicains de Cinema Fantasma.
Fondé par les deux frères Rodolfo et Arturo Ambriz, ils sont surtout connu pour Frankelda Book of Spooks, une minisérie diffusée sur HBO Max et Cartoon Network Latin America dans laquelle Frankelda, une écrivaine fantôme (littéralement), et son compagnon livre vivant Herneval racontent des histoires de monstre dans le but de s’échapper de la maison hantée où ils sont prisonniers.
La série a plusieurs admirateurs, notamment un certain Guillermo Del Toro, toujours prêt à soutenir ses collègues mexicains. Mais les deux frères ont marqué l’histoire cinématographique de leur pays lorsqu’ils ont transposé l’histoire de leur série en long-métrage avec I Am Frankelda, faisant ainsi le tout premier film en stop-motion mexicain.
Le film relate les origines de l’écrivaine et son compagnon, lorsque Frankelda était une aspirante écrivaine nommée Francisca confrontée aux rejets de ses pairs et lorsqu’Hernerval était un prince hibou d’un royaume alimenté par la fiction. En effet, son royaume survit en créant les rêves et les cauchemars de notre monde. Mais lorsque les humains ne croient plus à la fiction, le royaume est en danger, ce qui pousse le prince à se tourner vers les talents d’écriture de Francisca. Mais dans l’ombre, un complot pour prendre le contrôle des deux mondes se prépare.
Premier truc à placer, le film est visuellement magnifique. La production design est de toute beauté, avec des marionnettes aux superbes designs rappelant la mythologie mexicaine, les décors sont riches et bourrés de détails et l’univers qui nous est présenté est assez unique; une sorte de mélange entre l’univers gothique de Tim Burton et l’Amérique latine. Mais si le visuel du film brille, c’est aussi à travers son animation.
La stop-motion est parfaitement fluide. On a quelques légères saccades de caméra, mais les personnages bougent sans qu’on ait vraiment l’impression que ce sont de simples poupées. Il y a aussi de nombreuses idées visuelles, comme l’utilisation de morceaux de coton, des changements graphiques comme des peintures qui s’animent ou certains moments réalisés en vrai. De plus, la caméra se permet quelques libertés et ne se contente pas seulement de plans fixes comme la plupart des films en stop-motion. On sent dans le film toute la passion et le dur travail qui a été fait pour rendre ça possible.
Le ton du film est aussi bien géré. Il peut à la fois plaire aux adultes avec son univers rempli de monstre avec quelques légers moments d’effroi, mais également aux enfants (de plus de huit ans) qui peuvent découvrir une histoire sur la confiance en soi dans un univers fantastique gothique parfait pour Halloween. De plus, quelques chansons donnent de la vie au film, notamment une excellente chanson de méchant digne des plus grands Disney.
Mais le scénario reste imparfait et représente les principaux défauts du film. Le gros problème, c’est que le film est un peu trop long. Deux heures pour un enfant, c’est un peu trop pour lui, surtout si le film souffre de problèmes de rythme. De plus, l’histoire peut devenir assez confuse. Tout l’univers est longuement expliqué et reste quand même complexe pour un jeune spectateur.
Mais malgré ses défauts d’écriture, I Am Frankelda est un beau petit bijou d’animation et un moment historique pour le cinéma mexicain. C’est un film qui transpire la passion et la volonté des deux frères cinéastes, qui ont la possibilité de se rendre loin dans le futur.
I am Frankelda est présenté au Festival Fantasia le 20 juillet 2025.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième