« You have sacrificed what you love and he chooses you. »
[Tu as sacrifié ce que tu aimes et il t’a choisi.]
La terreur est un endroit. Grace Jennings (Mel Eloise-Clarke) est à la recherche de son frère (Gautier de Fontaine, je vous niaise pas) disparu. Perdue en forêt avec un homme mystérieux (Leighton Cardno) qu’elle nomme Mr. Green, elle découvrira que ces racines se mêlent à celles des bois qui l’entourent.
Bon enfin, un film qui laisse béat tellement la conclusion est… insatisfaisante. Je sais que je commence en force, mais je pense que tranquillement le métier commence à rentrer et j’ai un petit faible pour les films « mauvais » mais qui essaient tout de même quelque chose d’original. Parfois ça passe et d’autres fois ça casse. Cependant, si c’était seulement dans la victoire que se trouvait la beauté pourquoi sommes-nous subjugués par des fins comme Platoon, Se7en ou même Invasion of the Body Snatchers?
Pas que ces films soient mauvais (au contraire, ce sont plutôt des chefs-d’œuvre), mais au final ils ne sont pas beaux parce que ça finit bien. The Banished, écrit et réalisé par Joseph Sims-Dennett, s’inscrit dans cette veine – ou du moins, tente de s’inscrire – où la chute inévitable constitue la part principale de l’effet cathartique.
Il y a de ces moments où je commence à croire que de posséder une caméra c’est peu de critères pour avoir droit à des subventions pour faire un film, le présenter et tout. La volonté c’est bien, mais ce n’est pas tout. Je veux dire, y’en a qui veulent faire des films à qui on dit : « Pourquoi ne pas faire un livre? ». Ben oui, comme si écrire un livre c’était comme faire du cinéma. Si tu veux faire une peinture, pourquoi ne pas jouer d’un instrument de musique? C’est de l’art après tout, c’est tout à peu près pareil ces affaires-là. J’imagine qu’on est astronaute parce qu’on a une fusée? L’habit ne fait pas le moine, dit-on, mais si je lui mets un casque et un habit au motif camouflage, il a quand même pas pire l’air d’un soldat aux yeux de madame et monsieur tout le monde.
Je tiens à préciser — encore une fois — qu’elle est loin de moi cette idée d’élitisme en Art dans un rapport de « puissants/faibles » ou de « pouvoir/non-pouvoir ». C’est plutôt l’envie de ne pas jeter le bébé à tout coup quand on jette l’eau du bain par la fenêtre. Ben… les égouts, mais ça n’existait pas quand l’expression à été inventée, imaginez donc en plus avec tous les Clowns et Killer Croc astheure qui s’y cache. Serait-il possible de conserver les racines humanistes qui dirigeaient notre espèce dans une évolution conjointe? Au risque de sonner comme un vieux disque rayé, on pourrait peut-être essayer de travailler ensemble, mais pour vrai là. Quand c’est le temps d’être cave, on les regarde construire un mur qui traverse une ville en une nuit, UNE TABARNAK DE NUITE! OK, c’était peut-être pas le mur le plus solide du monde, mais c’est ben pour dire: si on travaille moins efficacement que les Fascistes, ça va mal à shop!
Il me semble que nous avons oublié d’où nous venions au risque de reproduire la même erreur une troisième fois. Clairement, il y a un schème (ou « pattern » comme on anglicise souvent) duquel on ne veut pas se défaire et ça commence à être toxique. Jamais deux sans trois; pourquoi ne pas changer ça pour une fois? J’ai appris que lors d’un conflit il y a toujours au moins deux personnes impliquées (presque, mais il faut se rappeler que ça peut aussi être juste dans ta tête comme disait les Gorillaz) et donc au final, on est la première personne qui a le pouvoir sur soi pour changer le pas de danse qui mène au croc-en-jambe habituel. On peut comparer ça à marcher avec un caillou dans sa chaussure, on a tous notre niveau de tolérance, mais tôt ou tard on se dit : « Maudit que j’aurais dû l’enlever en partant ».
Finalement, quel est le lien avec The Banished? Probablement aucun, mis à part que maintenant j’imagine que vous savez ce que ça fait d’avoir des attentes envers un média (ou une industrie) quelconque pour se retrouver devant un produit final à moitié achevé. Ça me permet aussi de bifurquer vers cette pensée qui trotte constamment dans mon esprit (mon signe du Zodiaque, c’est Cheval après tout. Je « match » avec les Tigre, les Chèvres et les autres Chevaux. Je dis ça de même). Apprenons à faire la différence entre un film compliqué ou intelligent et un film — pour utiliser le terme le plus courant — « fucké ».
Soyons honnête, qui dit « fucké » parce qu’iel a trouvé ça du génie? Généralement, on prononce cette expression au moment où en y réfléchissant avec tous les éléments mis en place, le récit ou l’intrigue nous laisse sur notre faim. Est-ce si compliqué d’au moins choisir une symbolique et de construire en parallèle avec ça? Parce que créer une cosmogonie qui fait réellement du sens, ça prend du temps. On ne peut pas juste toujours demander à ChatGPT de faire un amalgame hétérogène (avec des mottons) de trucs cool en lien avec ci et avec ça pour se dire : « Ouais! Pas bête du tout. Je vais faire ça. » Si t’as pas d’idées pourquoi tu monopolises les projecteurs pour qu’on te regarde? Dans les comédies, on caricature justement ces moments où quelqu’un livre un discours, ou une performance qui éclabousse la foule, et qu’ensuite un autre personnage se lance sans être préparé pour se ridiculiser devant tout le monde. Dans les films aussi; parfois ça passe, parfois ça casse.
Ici, c’est au mieux un film expérimental manquant franchement de forme et de profondeur, au pire c’est quelqu’un qui ne maîtrise pas du tout son sujet et qui croit livrer une œuvre « artsy » et convenable au 7e art. C’est encore une fois, on dirait, la forme qui prime sur le fond. Bon jeu d’acteur, oui. Effort sincère, peut-être. Mais l’art ne s’arrête pas au « bon travail ». Il faut transcender la maîtrise pour atteindre ce qui touche, qui dure, qui marque. Les nouvelles générations devraient amener mieux, mais à ce qui paraît, même réinventer Superman ça ne fonctionne pas vraiment quand on ne sait pas ce qu’on a devant soi en partant.
Ne vous méprenez pas, j’adore le cinéma d’horreur ou étrange. Après tout, Rod Serling et Lynch sont des modèles pour moi. Justement, j’aimerais vous laisser sur des paroles de Rod Serling, le créateur de la légendaire série Twilight Zone. Voici un morceau du casse-tête qui m’a construit en ce que je suis maintenant et qui je l’espère, cher lectorat, vous permettra vous aussi de dresser un portrait plus large de qui vous êtes.
Bande-annonce
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