« Shit, lock’s still in there. »
[Fuck, le coffer fort est encore là.]

Six femmes retournent à la prison de Holloway, aujourd’hui abandonnée, pour participer à un cercle de femmes. Partageant certaines des expériences les plus intimes de leur vie, elles dévoilent ce qui les a conduites en prison, dressant un portrait révélateur des systèmes défaillants, des traumatismes de l’enfance et découvrant leur extraordinaire capacité à guérir grâce à la sororité.

Avec Holloway, Sophie Compton et Daisy-May Hudson offrent un film qui touche à des questions importantes sur l’incarcération des femmes, mais rate la cible en raisonnant comme une plainte plutôt que comme une revendication. 

Les criminelles sont toutes des victimes

J’imagine qu’on veut montrer que les personnes qui font de la prison sont des humains comme les autres… Que ces femmes ne sont pas des déchets de la société. Mais en les présentant toutes comme des victimes de leur passé, on finit par se dire qu’au final, ce documentaire n’est pas très crédible. Oui, ces femmes ont eu une enfance difficile. Oui, elles ne l’ont pas eu facile. Mais est-ce une excuse pour devenir une criminelle? Je trouve que le raccourci n’est pas très bon. Et ce n’est pas la bonne façon de montrer les failles du système. 

Parfois, il faut accepter de montrer que les personnes ont pris de mauvaises décisions, voire même qu’elles n’ont pas été de très bonnes personnes dans le passé. Mais que malgré ça, elles méritent respect et dignité. Un film qui le fait bien est Dead women walking, d’Hagar BenAsher. Possiblement le meilleur film de prison que j’ai vu dans ma vie. 

Ici, l’une après l’autre, leurs histoires révèlent des expériences étonnamment similaires : grandir dans un environnement de violence conjugale et subir des punitions dès leur plus jeune âge. Mais encore une fois, est-ce une raison? Ce documentaire semble vouloir mettre toute la responsabilité sur « les autres » et aucune responsabilité sur ces femmes. 

Un manque d’objectivité

Le film met en lumière les niveaux extrêmement élevés de maltraitance infantile, de violence domestique et d’expériences dans les services sociaux de l’enfance qui constituent la toile de fond de l’emprisonnement des femmes. Certes. Mais pourquoi insister sur la non-responsabilité de ces femmes? 

Et j’ai beaucoup d’empathie pour ces femmes qui ont vraiment eu (pour la plupart) une vie qui ne leur a pas fait de cadeaux. Mais en ne montrant que les éléments qui victimisent les participantes et en ne montrant pas vraiment la part de responsabilité qu’elles ont dans leur incarcération, le documentaire passe à côté de quelque chose d’important. 

On se retrouve ainsi avec un film qui donne l’impression que ces « victimes du système » se rencontrent pour se remémorer des souvenirs comme on le fait autour de la machine à café lors d’un enterrement. 

Holloway n’est pas vain puisqu’il met tout de même en lumière une crise mondiale à laquelle sont confrontées les femmes incarcérées : violences systémiques, traumatismes et échec de la justice punitive. Mais son manque d’objectivité fait que le message ne passe pas.

Et était-ce vraiment nécessaire de commencer avec un avertissement pour les âmes sensibles? Un avertissement pour dire qu’on entendra des bruits de prison pendant le film? Attends, vraiment? Un film qui se passe dans une prison, dans lequel on va entendre des bruits de prison? Une chance qu’on m’a averti…

Holloway était présenté aux Hot docs les 27 et 29 avril 2025.

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