« When my husband died, the property that I had was taken away by the In-laws. » [Lorsque mon mari est mort, my propriété a été reprise par ma belle-famille.]
Dans un coin rural du Kenya, Rhoda consacre sa vie à défendre les droits des veuves déshéritées après la mort de leurs maris. Laissées pour compte avec leurs enfants en raison de lois patriarcales et discriminatoires qui bloquent les droits de succession, 90% des veuves du pays n’ont pas de titres de propriété en leur nom et sont facilement mises à la porte de leur maison par leur belle-famille après les funérailles. Sans assistance du gouvernement, sans considération sociale à part celles de leurs semblables, elles sont contraintes de louer un logement, de se prostituer pour subvenir à leur besoin, ou de vivre dans la rue. C’est ce qui est arrivé à Rhoda, qui a vécu avec ses enfants sept ans sans domicile fixe, avant de rejoindre une association pour soutenir les veuves comme elle chassées par la famille de leurs défunts maris. Grâce à un travail juridique et de médiation, elle a pu retrouver son chez-soi sur les terres de sa belle-famille.
Pierre angulaire du film, conseillère, activiste, amie, femme, veuve, médiatrice, Rhoda joue tous ses rôles à la fois avec un dévouement prenant la dimension héroïque de« mère courage ». D’une séance de médiation à une autre, la réalisatrice brise les tabous et suit sur une période de cinq ans Rhoda qui mène plusieurs affaires. Le temps passe dans Widow Champion. La mort d’un mari met une femme et ses enfants en danger d’expropriation, la mort d’un beau-père conciliant met une autre femme et ses progénitures dans une misère annoncée. La réalisatrice capture des scènes remplies d’émotions et de résilience dans les paysages ruraux du Kenya, où les liens rompus se reconnectent, où le mâle dominant est facilement maniable, devant la preuve qu’il n’a aucun droit de chasser sa belle-sœur au nom d’une tradition ancestrale.
Rodah et d’autres veuves travaillent ensemble pour construire une maison pour Marie
En cinéma direct, la réalisatrice place l’humain au cœur de son dispositif et traite avec brio un sujet peu visible sur les écrans qui dépasse, tristement, les frontières du Kenya pour s’étendre en Afrique, à une partie de l’Asie et du Moyen-Orient. La construction d’une maison en terre battue pour une veuve sur les terres de sa belle-famille, juste avant sa mort, est un moment poétique qui requiert l’énergie de tout un village et matérialise la victoire d’un combat, mais pas de la bataille pour le droit des veuves.
Widow Champion est présenté au Hot Docs les 26 et 28 avril 2025.
