Le cinéma africain en lumière - Une

Le cinéma africain en lumière : quand les bobines chantent l’âme d’un continent

Il y a des films qui se regardent. Et puis il y a ceux qui vous regardent. Le cinéma africain, c’est cette luciole dans la nuit qui ne cesse de briller malgré les orages. Une voix, parfois chuchotée, parfois hurlée, mais toujours vivante. Longtemps ignoré, souvent sous-estimé, le septième art africain se hisse désormais sur les épaules des géants, brandissant ses histoires comme des étendards.

Quand le sable devient pellicule

Imaginez une caméra posée au milieu du désert. Le vent soulève la poussière, et dans ce décor aride, la vie explose. Bienvenue dans « Timbuktu » d’Abderrahmane Sissako, un chef-d’œuvre mauritanien qui a fait trembler les sièges du Festival de Cannes. Avec une finesse de calligraphe, Sissako peint la terreur islamiste sans jamais sombrer dans la caricature. Il filme l’absurde, l’interdit de jouer au football, de rire, de chanter, avec une poésie silencieuse. 

Son cinéma ne crie pas. Il murmure, et c’est encore plus fort.

L’Afrique qui parle à l’Afrique (et au monde)

Le cinéma africain, ce n’est pas juste un miroir. C’est un mégaphone. « La Noire de… » d’Ousmane Sembène, souvent considéré comme le père du cinéma africain, en est l’exemple criant. Sorti en 1966, ce film est une claque qui résonne encore. On y suit Diouana, jeune Sénégalaise venue travailler en France. Ce n’est pas un conte de fées. C’est un conte de chaînes. Elle découvre un quotidien d’exploitation déguisé en emploi. Ici, la caméra ne filme pas seulement, elle dénonce, elle griffe, elle saigne. Le film, tout en noir et blanc, fait jaillir des couleurs que l’œil ne peut voir mais que le cœur ressent.

Des thématiques qui cognent

Colonialisme, guerre, exil, traditions, genre… le cinéma africain est un poing ganté de soie. Il aborde des sujets lourds avec l’élégance d’un griot. Prenez « Atlantics » de Mati Diop, première femme noire à concourir pour la Palme d’or. Son film est un fantôme. Littéralement. Il parle des migrants sénégalais disparus en mer, revenus hanter les vivants. Mais ce n’est pas un film d’horreur. C’est une élégie, un chant funèbre bercé par les vagues. On y sent la perte, l’amour, la révolte. Diop mêle le réel et le fantastique comme on mêle la farine et l’eau: pour en faire du pain pour l’âme.

Dans un autre registre, même les plateformes de paris comme TonyBet commencent à inclure des sections culturelles et médiatiques dans leurs actualités. Entre deux analyses de cotes de paris en direct, on y trouve parfois des clins d’œil à la scène cinématographique émergente du continent.

Quand les femmes reprennent la caméra

Longtemps, le cinéma africain a été une affaire d’hommes. Mais aujourd’hui, les femmes prennent la caméra comme on prend la parole : avec rage et douceur. « Lingui, les liens sacrés » de Mahamat-Saleh Haroun (oui, encore un homme, mais qui donne la voix aux femmes) aborde l’avortement clandestin au Tchad. C’est un film tendu comme une corde, mais illuminé par la solidarité féminine. Et que dire de « Rafiki » de Wanuri Kahiu? Premier film kényan à parler ouvertement d’homosexualité féminine. Interdit dans son pays, célébré ailleurs. Un arc-en-ciel qui refuse de se dissiper.

Pas besoin de budget pour faire de la magie

Ce qui frappe dans ces œuvres, c’est l’inventivité. Le manque de moyens devient source de créativité. Pas de millions? Qu’à cela ne tienne! On filme avec ce qu’on a : la lumière du soleil, les rues poussiéreuses, les visages habités. Le cinéma africain, c’est un feu de camp numérique. On s’y rassemble pour écouter, pour voir, pour sentir. Chaque plan est une prière. Chaque silence, un cri retenu.

Les étoiles montantes et l’avenir

Et l’avenir? Il brille comme un ciel de Ouagadougou en plein FESPACO. Des plateformes comme Netflix ou MUBI diffusent désormais des perles venues du continent. Le Nigeria avec Nollywood, l’Égypte avec ses drames puissants, l’Afrique du Sud avec ses thrillers stylisés… le vent souffle dans les voiles.

Le cinéma africain n’a plus besoin de visa pour voyager. Il franchit les frontières, secoue les certitudes, éclaire l’obscur. C’est une arme douce, une révolution tranquille, un chant d’espoir. Et si vous tendez l’oreille… vous l’entendrez murmurer : « Regarde-moi. Je suis l’Afrique. Et je raconte mon histoire, enfin. »

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