« Si ma maman est pas une ballerine, j’ai aucune idée de quoi elle a l’air. »
Billie (Maélya Boyd), une Franco-ontarienne, a 8 ans et vit à Sudbury avec son père (Corey Loranger) et sa grand-mère (Geneviève Langlois). À l’école, lors d’un exposé oral sur la famille et contre la volonté de sa grand-mère, elle se décide de parler de sa mère Geneviève, dont elle n’a qu’une photo d’elle. Petit hic, une camarade de classe a la même photo chez elle et prétend que la ballerine sur la photo est en fait la célèbre Karen Kain.
Désemparée, la petite Billie s’éloigne de sa famille, surtout sa grand-mère, pour lui avoir menti sur le nom de sa mère. Connaissant maintenant le vrai nom de sa mère, Billie n’a qu’une idée en tête; se rendre à Toronto pour convaincre sa mère de reformer une famille unie. Entre des lettres mystérieuses laissées avec des poissons sur le pas de sa porte et son plan fou, est-ce que sa grand-mère et son père pourront lui révéler la vérité?
À hauteur d’enfant
La scénariste et réalisatrice Marie-Claire Marcotte nous offre son premier long-métrage rempli de couleurs et de chaleur, malgré le canevas hivernal dans lequel le récit se déroule. Le personnage de Billie est celle qui apporte la couleur au récit. Que se soit par ses vêtements, sa chambre et ses jouets, tout est surcoloré, au point d’en être souvent dépareillé.
Sherry (Maïna Rose Caméus) et Billie (Maélya Boyd)
Il n’est pas toujours facile de tourner avec des acteurs enfants. Heureusement, le duo de fillettes qui incarnent Billie et Sherry, soit Maélya Boyd et Maïna Rose Caméus, ont une aisance devant la caméra. La répartie des deux actrices est bonne et une belle chimie s’opère à l’écran. Mention spéciale pour les dialogues, car il n’est pas évident d’écrire des personnages d’enfants. On peut facilement leur donner des mots ou des phrases trop « adultes », ce qui nous fait voir l’artificialité de l’histoire. Or, Marie-Claire Marcotte parvient à trouver les mots justes pour rendre son propos, tout en restant dans le registre d’un enfant de 8 ans.
Lorsqu’on suit Billie, la réalisatrice prend aussi le soin de filmer à sa hauteur, nous permettant de mieux voir le monde à travers ses yeux. Dans plusieurs plans, les adultes se penchent ou s’accroupissent au niveau des enfants, démontrant ainsi une volonté des adultes d’être dans l’écoute et la compassion.
Sortir du rêve
Billie rêve de rencontrer sa mère. Cependant, l’illusion qu’elle s’est construite autour d’une photo de ballerine est en train de s’écrouler autour d’elle et elle n’est pas encore prête à s’en défaire. Après tout, n’est-ce pas plus simple de rêver à cette figure inaccessible que d’être confronté à une vraie personne qui peut nous rejeter?
Marthe (Geneviève Langlois)
La grand-mère de Billie, Marthe, doit aussi faire face à la réalité. Car, en parallèle, sans que Billie ne se pose de question, Marthe évite les appels téléphoniques d’une personne mystérieuse. Un bocal avec des poissons est déposé sur le pas de la porte et plusieurs lettres adressées à Billie sont cachées par sa grand-mère. Bien qu’elle le fasse avec les nobles intentions de vouloir protéger sa petite-fille, Marthe devra se rendre à l’évidence qu’elle ne pourra empêcher Geneviève (Caroline Raynaud) de revoir sa fille.
Rêver en néon est présenté aux RVQC, le 24 février et au FIFEM du 1er au 9 mars 2025.
Cette critique est offerte dans le cadre d’un partenariat avec RACCORD qui vise à mettre en lumière le cinéma francophone du Canada.
