« Did you like my song? »
[Tu as aimé ma chanson?]
Dans une tentative désespérée pour protéger sa fille de dix ans, une jeune veuve se laisse lentement dévorer vivante par un monstre cauchemardesque.
Un âge sombre – à l’opposé d’un âge d’or marqué par ses accomplissements humains grandioses et sa prospérité – est un moment de l’Histoire où l’humanité sombre (une juste expression) dans l’appauvrissement tant économique que social et même culturel. On parle surtout d’un déchirement du tissu social résultant en des guerres, de l’inégalité et beaucoup de violence. Pour l’occident, la plus récente d’entre elles aurait durée de la chute de l’Empire romain jusqu’à l’an 1000 (après notre bon vieux Jay). On n’a pas à ouvrir beaucoup de livres d’Histoire pour prendre conscience des conditions déplorables et quasiment survivalistes de la majorité des gens en ces temps et lieux; ce n’est pas pour rien qu’on disait vouloir vivre comme des Rois. À cette époque, ça voulait surtout signifier ne pas crever de faim dans les rues sales avec des maladies et la solitude qui nous afflige.
Je sais que cela vous semblera probablement alarmiste ou juste complètement cinglé de ma part, mais… Ne trouvez-vous pas que nous nous complaisons beaucoup trop dans des situations similaires en ce moment? Soyons francs, ce n’est pas comme si les logements étaient accessibles pour tout le monde ainsi que la nourriture et une multitude d’autres petits services essentiels à la survie de sa population; je veux dire, à moins qu’on en ait les moyens, capisce? On n’a pas eu une pandémie mondiale il y a quelques années? Bidon ou pas, à mon avis, les ressemblances dépassent la simple coïncidence. Peut-être, oui, qu’on ne meurt plus autant en accouchant ou d’autre type d’intervention médicale plus complexe, je l’accorde; mais elle est où la prospérité quand même la naissance suscite la réflexion de ce qu’implique l’intégration d’un nouvel être dans ce monde? Nos générations sont encore marquées par les conflits armés, l’itinérance grandissante, la difficulté d’accès aux services essentiels en plus d’une conscience constante de ce chaos planétaire que l’on nomme tout bonnement anxiété pour le faire passer avec de la drogue prescrite.
Pas étonnant qu’on veuille mettre « la switch à OFF » de temps en temps, comme on dit. Alors, on met l’IA sur ON et on le laisse « réfléchir » à tout ça à notre place parce que nous ne sommes plus capables de continuer ainsi. Du pain et des jeux, et s’il n’y a plus de pain qu’ils mangent du gâteau. Tant d’être autrefois intelligents, qui regardent maintenant n’importe où, où il fait beau, d’un clic, illico presto, bye-bye, ciao! Ouvrez-moi n’importe quelle fenêtre tant que c’est pas la mienne. Donc, pendant ce temps, on s’abrutit à ne plus vouloir comprendre autre chose que soi-même comme si la Terre tournait bel et bien autour de nous.
Là, je vous entends penser « mais c’est quoi le rapport avec Little Bites, ce film de Shudder tant attendu, écrit et réalisé par Spider One? » Parce qu’en plus de connaître ça vous n’êtes pas du tout ébranlés par le nom du réalisateur. Rien, mis à part que c’est l’exemple parfait selon moi de ce qui commence à se passer dans le monde, plus précisément celui du cinéma. Shudder, ah, Shudder… Tu nous enfirouapes de tes annonces montées avec soin, tu te tapis dans ta bannière s’affichant comme la sommité en diffusion d’horreur, de science-fiction et de surnaturel en tous genres. Toutefois, faut-il rappeler que c’est ça l’arnaque du siècle. Il n’y a pas si longtemps encore, à la télévision, il y avait 30 ou 40 chaînes différentes à syntoniser dont certaines que l’on captait juste en ondes bleues, vertes et mauves. Malgré tout, c’était un temps de prospérité; chaque chaîne se spécialisait localement ou régionalement dans un genre de programmation qui se devait d’être qualitative avant d’être quantitative puisque dans le temps quand il n’y avait rien à regarder à la télévision, les gens faisaient juste autres choses pour se divertir de souvent bien plus constructif (on appelait ça avoir des passe-temps). Quand les émissions n’étaient pas bonnes… On les enlevait et il n’y avait pas de deuxième saison.
Le film est probablement écrit par une IA ou quelqu’un qui se trouve brillant d’avoir utilisé une IA pour faire son scénario; voir même le réaliser et le monter. C’est pratiquement inconcevable de penser qu’on peut avoir des interactions entre humains encore moins croyables que celles des films de M. Night Shyamalan et que ça ne soit pas conçu par une machine ou un extra-terrestre. Il m’est personnellement impossible de croire qu’un cerveau humain ait mis tout cela en place comme ce l’est sans concevoir un instant qu’il manquait de…*Oumph* comme on dit. On ne devrait pas avoir à lire un synopsis avant de voir un film pour le comprendre; un synopsis ce n’est qu’une étiquette de produit, ça résume l’idée générale SANS vendre la mèche de l’intrigue.
Passé la moitié, on comprend toujours rien. C’est signe que c’est forcément un chef-d’œuvre… Ben non! Il va falloir arrêter de penser que « personne ne va rien comprendre » est nécessairement un signe d’ingéniosité et de talent et que d’y mettre quelques symboles ici et là l’est plus. En fait, c’est peut-être le contraire. On peut ne rien saisir à priori, mais en cela il y a deux types de film; on comprend rien à la Lost Highway, ou alors, on tombe sur un du genre d’Avenger : Endgame dans lequel l’incompréhension ressort davantage dans les motivations et la logique derrière les actions des personnages. Little Bites fait partie de la deuxième catégorie. Au-delà de tout ça, on retrouve une bande sonore que je qualifierais de musique humaine pour faire référence à cet épisode de Rick & Morty (quand c’était encore bon).
Lorsque je mentionne une baisse de la qualité des productions, je ne veux pas faire simple allusion à la réalisation, le scénario et tout; mais aussi le jeu des acteurs que l’on accepte des fois beaucoup trop facilement sans prendre le risque d’en demander plus. J’ai toujours été comme Willy Wonka; c’est-à-dire dépréciatif des discours inaudible dû soit à la rapidité d’exécution ou soit le volume utilisé ou les deux. Jon Sklaroff interprète le démon Agyar aussi terrible que ses marmonnements sont imperceptibles. Et c’est aussi beaucoup dans le ton, un peu trop unique à chacun des personnages, que l’on sent l’hétérogénéité de l’œuvre — donc, les grumeaux — quand ça passe. La fin me faisait penser à un épisode de Goosebumps (Chair de poule) qui m’avait marqué à l’époque; celui où le petit garçon se fait un nouvel ami, mais ce sont des monstres et ils lui offrent de la tarte? Connaissez-vous le sentiment que l’on a lorsqu’une personne s’exécute médiocrement dans une affaire quelconque sous nos yeux, mais qui croit qu’elle est géniale en le faisant; c’est quoi déjà le nom de ce sentiment-là?
J’avais l’impression que tout le monde se trouvait donc bon d’avoir fait ce film, sauf que là, iels jouent maintenant dans la cour des grands comme on dit, et le jeu n’est plus le même. Sans doute, certains d’entre vous vont avoir fait partie du spectatorat du Super Bowl. J’imagine que vous aurez donc une petite notion de ce que j’insinue ici. Les conversations sont interminables et il n’y a pas d’action. Ce sont encore des plans qui s’éternisent avec de longs travellings (plus variés que The Demoness, évidemment, sauf pour les plans poitrines) qui peinent à nous faire sursauter. On sent qu’il devrait y avoir une atmosphère tout au long du récit, mais on la cherche, on la suppose, on la questionne et le film semble penser que son public n’est peut-être pas assez brillant pour comprendre. Un appel téléphonique entre la protagoniste, interprétée par Krsy Fox, et sa mère, interprétée par Bonnie Aaron, sans dynamisme avec un timbre dans la voix tellement déconnecté que j’ai pensé que le T-1000 avait remplacé sa mère. « What’s going on? Jesus, Mindy! »
Peut-être qu’il est là au fond le lien… pas une histoire de maternité, mais de système oppressant qui nous cloître chez soi et qui éloigne celles et ceux que l’on aime. Convaincu d’être son esclave et face à une imperceptible toute-puissance que nous n’osons provoquer pour réaliser finalement n’être victime que de notre propre inaction face à l’oppression de ce dernier. Veut-on dire à travers les interventions de la protection de l’enfance que bien souvent nous voyons des menaces ciblées sur nous alors qu’elles ne sont que le passage des étapes de la vie de tous les jours? Néanmoins, ce n’est pas parce qu’il y a toujours une bonne façon de voir les choses qu’elle demeure LA chose que l’on devait voir ou qu’on a voulu nous montrer. Je le sais trop bien, nous sommes tous pressés, mais cela reste qu’il est sage de prendre son temps, y compris pour réaliser un film (ou critiquer).
Bande-annonce
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