« He’s gay hunting! »
« Il chasse les gay »
Marc (Tom Bateman) et Fred (Sean Teale) sont de retour pour narguer le propriétaire aux fortes croyances chrétiennes (Paul McGann) d’un B&B éloigné qu’ils avaient poursuivi en justice, et contre lequel ils avaient gagné, pour ne pas leur avoir permis de partager le même lit. Les événements prennent une tournure mortelle quand un autre invité arrive, un invité qui pourrait avoir quelque chose de sinistre en tête.
Le thriller de suspense B&B, de Joe Ahearne, a remporté le prix du Best LGBT Feature au London Independent Film Festival. C’est un thriller sombre, rappelant, d’une certaine façon, les films d’Hitchcock.
« Je voulais faire un thriller dans la veine d’Hitchcock, mais avec des personnages gay qui font de mauvais choix et qui sont terriblement terrifiés. B&B va au-delà du film de relations gay. C’est un thriller avec un couple gay, marié, au centre de l’histoire, quelque chose que je n’ai pas vu avant », expliquait l’auteur et réalisateur Joe Ahearne.
C’est vrai qu’on voit rarement un film sur l’homosexualité qui traite les personnages comme étant simplement des personnages. Ici, Mark et Fred sont mariés, et en vacances. Évidemment, et malheureusement, ce genre de film traite encore et toujours de problème d’acceptation. Mais dans B&B, il ne s’agit pas d’acceptation en général, mais d’acceptation de la part d’un homme chrétien, très croyant.
C’est ce clash entre religion et homosexualité qui est représenté ici. Parce que dès qu’on sort de l’environnement du bed and breakfast, les deux hommes ne rencontrent aucune hostilité. Même qu’une longue séquence se passe dans un parc où plusieurs couples d’hommes se rencontrent pour… disons, pour échanger. 😉
Le film se nourrit d’arguments et de querelles, d’un point de vue masculin. Le dialogue est utilisé comme trame de fond, mais dès qu’il y a quelque chose d’intrigant à regarder, le dialogue s’efface. Aucune des situations clés n’est résolue par des mots doux…
Pourquoi? Il y a beaucoup d’animosité dans cette maison. Il y a le couple qui n’est pas d’accord sur les raisons de leur visite dans ce B&B. Il y a le couple et le tenancier qui se détestent mutuellement. Il y a le fils du tenancier, gay refoulé, qui déteste son père trop croyant. Il y a le Russe qui déteste… En fait, il déteste qui lui? En tout cas, il fait peur celui-là.
En fait, toutes ces horreurs se déroulent à cause de Marc qui, après avoir gagné un procès contre Jeff, décide de retourner louer une chambre dans son établissement afin de le narguer. Et au final, ça tourne mal, sérieusement, terriblement mal.
Marc et Fred exercent leurs droits civils en s’installant dans ce B&B tenu par Jeff et son fils Paul. Les deux hommes, qui sont revenus sur place afin de montrer qui est maintenant aux commandes, se retrouvent terrifiés par l’arrivée d’Alex, un énorme Russe à l’air plus que menaçant. Alex est-il un camarade gay ou un néo-nazi venu soutenir l’homophobie à l’étranger? La blague tourne vite au vinaigre alors que notre couple commence à craindre qu’ils aient été leurrés par Jeff. Une mort terrifiante se produit, mais pas celle que nous attendions. Quand Marc et Fred découvrent un meurtre de sang-froid, ils réalisent qu’ils sont peut-être les prochains.
B&B est un film de genre, avec un petit plus. Les films gay sont la plupart du temps de type « un garçon rencontre un garçon » ou « un garçon contracte une maladie mortelle ». C’est tout de même rafraichissant de sortir de ce modèle.
Malheureusement, des situations où les homosexuels se sentent jugés se produisent encore régulièrement. Lorsque questionné sur les raisons pour avoir fait ce film, le réalisateur explique ceci : « Mon mari et moi avons séjourné dans un B&B il y a quelques années où nous ne nous sommes pas du tout sentis menacés, mais où nous avons eu la sensation de ne pas être tout à fait les bienvenus, comme si nous n’étions pas censés être là. »
Le monde n’évolue pas si rapidement après tout…
Note : 6.5/10
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