Nous voici rendus au 8e jour du festival. Il n’en reste donc plus que deux (si on ne compte pas la journée où les gagnants sont présentés).
Une journée avec 4 excellents films d’ici, dont un qui a été présenté au TIFF 2024.
Voici, donc, les 4 films présentés à Plein(s) Écran(s) en ce 30 janvier.
Au début de l’été de leurs 16 ans, Adam, Ana et Dahlia se retournent vers famille et amis afin de questionner leurs héritages culturels.
Avec D’ici, d’ailleurs, Chadi Bennani offre un documentaire intéressant sur les ressentis d’adolescents qui grandissent dans une culture mixte.
C’est très difficile pour quelqu’un qui est né au Québec, d’une famille dont les racines sont ici jusqu’à au moins 1700, de se mettre dans la tête ou dans le cœur de ces jeunes qui sont nés ici, mais qui ont grandi dans une culture mixte. Mais de la façon dont le film est fait, on peut certainement se poser beaucoup de questions.
En suivant ces 3 jeunes qui sont entourés des personnes de leur entourage, on navigue dans la réalité qu’ils vivent, ou plutôt qu’ils ressentent. Car oui, il s’agit surtout d’un film qui traite des ressentis de ces ados. D’une certaine manière, le message qui semble ressortir est que malgré qu’ils soient nés ici, il sont incertains de qui il sont, perdus entre deux cultures et incapable de choisir laquelle est la leur. Car c’est bien ce qui me semble difficile à comprendre : pourquoi ressentent-ils le besoin de choisir?
Cela étant dit, le réalisateur donne complètement la place à ses personnages, n’intervenant jamais, comme s’il n’était là que pour écouter. À une époque où on parle beaucoup de ce que c’est que d’être québécois, peut-être que nos dirigeants devraient écouter ce que ces jeunes qui sont nés ici de parents immigrants ont à dire.
Un film très intéressant qui mérite d’être vu.
En raison de graves problèmes cardiaques, Madeleine se voit contrainte de quitter son poste à l’épicerie du quartier.
Avec Mon cœur de tomate, Benoît le Rouzès Ménard propose un film touchant qui met au premier plan un personnage (et une actrice) trisomique.
D’entrée de jeu, il faut dire que le réalisateur évite les pièges du film typique qui met en vedette un personnage ayant une déficience. Il ne dépeint pas Madeleine comme étant parfaite et capable de vivre seule envers et contre tous. Il ne la montre pas comme une pauvre créature sans défense. Et surtout, il ne tombe pas dans le pathétique combat du parent qui veut réussir à donner le bonheur à son enfant.
Non. Il montre comment la vie en société reste un défi pour une personne comme Madeleine, malgré ses réelles capacités. Elle travaille, et fait somme toute un bon travail. Son patron et ses collègues l’aiment et savent ce qu’elle est en mesure de faire pour être réellement utile à l’entreprise, et connaissent aussi les limites.
L’enjeu ici est plutôt au niveau de la santé. Comme ce pourrait être le cas pour n’importe qui d’autre, c’est un problème de cœur qui sera le nœud du problème. Ainsi, le réalisateur montre la difficulté d’accepter la retraite forcée. Petit ajout, dû à la réalité du personnage, la réaction plus violente qui en découle. La jeune femme n’a pas la capacité d’analyser la situation comme le ferait un adulte normal. Les réactions de celle-ci ressemblant plutôt à celles d’un enfant, l’enjeu devient plus complexe.
C’est donc sans artifices que le réalisateur déroule son récit qui saura toucher la majorité des spectateurs. Enfin un film qui offre un rôle pertinent et intéressant pour une personne trisomique.
À l’occasion d’une célébration bien particulière, une mère-hôtesse a réuni lors d’un grand banquet des mères de famille et leurs enfants parfaits.
Avec Mothers & Monsters, Edith Jorisch s’attaque à la maternité et à la pression qui peut souvent venir avec. Mais pas que…
Tout d’abord, la réalisatrice montre avec brio la pression que ressentent les femmes qui veulent un enfant sans y parvenir alors que leurs amies y arrivent si facilement. Mylène Mackay, sans un mot, montre tout le désarroi et la douleur que la mère sans enfant peut ressentir en voyant les autres pondre des bébés comme certains changent de bobettes.
Pour montrer l’arrivée des enfants, Jorisch utilise aussi l’image du chou. Chaque bébé est livré dans un beau chou, que la maman n’a qu’à déballer. Mais ce qui rend ce film intéressant c’est ce qui vient après. Chaque enfant n’est là, en fait, que pour permettre à la femme qui l’a de montrer sa belle réussite. On prend le bébé, on le montre, on prend une photo, et on le donne à la nounou. Voici une façon assez frappante de montrer à quel point certaines mères semblent n’avoir d’intérêt pour leurs enfants que pour « flasher ».
Mais il y a encore plus dans Mothers & Monsters. Pendant que les femmes riches s’empiffrent, des pauvres travaillent dans un sous-sol crade afin de préparer les bébés et les choux. Sans oublier la nourriture. Bien que la scène dans laquelle les femmes dévorent le repas de façon peu ragoutante manque de subtilité, elle marque l’imaginaire.
Un film qu’on risque de voir différemment selon ses expériences personnelles. Vous avez des enfants? Bah, on s’en fout. Regardez ce film!
Une soirée d’été s’échauffe à Montréal.
Avec Caniculaire, Camille Pépin propose un très joli film sur une soirée d’amour réussie.
En utilisant des dessins très simples, constitués principalement de lignes de contours, elle raconte cette soirée qui commence par un verre et se termine dans le lit. Sans autre contexte, on ne sait pas vraiment qui sont ces deux personnes. Tout ce que l’on sait, c’est ce qu’on voit.
Une belle façon de montrer qu’au final, on peut imaginer bien des choses, mais tout ce qu’on sait réellement, c’est ce qui passe devant nos yeux. Ce très court film est réussi, et j’ai bien hâte de voir ce que la jeune réalisatrice proposera dans les années à venir.
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