« Mon père n’avait rien. J’ai un livre. Et mon fils sera un Monsieur. »
En 1889, la France rend l’école gratuite, laïque et obligatoire pour tous les enfants. Louise Violet (Alexandra Lamy), une institutrice de la ville, est envoyée dans la campagne française pour instaurer les nouvelles règles en vigueur. Malheureusement, dans un monde de paysans, l’éducation n’est pas la priorité et plusieurs parents sont réfractaires à l’idée que les enfants quittent les champs et la maison pour aller apprendre à lire et écrire.
Il faudra que Louise Violet aille à leur rencontre pour faire valoir les bienfaits d’une éducation, aidée par Joseph (Grégory Gadbois), le maire du village qui ne semble pas insensible aux charmes de cette « femme moderne ». Et s’il y a effectivement une belle complicité entre Louise et Joseph, cette dernière n’a pas la tête à la romance, complètement vouée à sa vocation d’institutrice et également rongée par les malheurs de son passé.
Au fil des saisons, Louise et son école se tailleront une place au sein de ce petit village. Mais le changement ne s’installe pas sans heurts.
Ce film nous rappelle que le progrès a toujours fait peur. Qu’il soit technologique ou social, le progrès amène son lot de craintes et d’appréhensions. Cependant, on ne peut arrêter le monde de changer et d’évoluer. Pour ne pas être laissé derrière, on se doit d’accepter que le progrès changera notre petit monde et notre vie.
Cependant, tout comme le film nous le montre, questionner le changement n’est pas une mauvaise chose nécessairement. Alors que le réalisateur Éric Besnard aurait pu représenter les paysans de façon caricaturale, en les prenant de haut avec leurs réticences, il les montre avec beaucoup de sensibilité. Il prend le temps de montrer leurs craintes, comme ce père qui a peur que son fils en sache plus que lui.
Il filme aussi avec tendresse cette « intelligence des mains », qui nous rappelle que le savoir n’est pas uniquement intellectuel et que le savoir de la terre et du bois a aussi son importance.
Le changement vient aussi avec Louise, qui arrive dans un milieu d’hommes et qui devra s’imposer et trouver sa place. Que se soit le maire du village, le curé de l’église ou les pères de famille qui sont ceux qui prennent les décisions concernant les enfants, l’arrivée de Louise en figure d’autorité viendra troubler les habitudes des habitants. Une femme seule, qui plus est, et qui ne semble pas vouloir se trouver un mari.
Même si la relation entre Louise et Joseph, le maire, est mise au second plan, elle joue un rôle essentiel pour faire avancer le récit. Si Joseph aborde la relation de manière très frontale et quasiment transactionnelle, on devine que Louise n’a pas la tête à l’amour. Malgré le respect et l’amitié qu’elle éprouve pour cet homme, elle ne ressent pas l’avis de s’unir à lui. Ce refus aurait pu la montrer comme une ingrate, mais le réalisateur prend le parti de nous rappeler que Louise ne doit rien à personne, surtout pas son amour, et que cela n’en fait pas une mauvaise personne.
Les enfants sont au centre du récit. Offrir le choix aux enfants de pouvoir choisir leur avenir est ce qui motive Louise à persévérer dans ce village qui lui est d’abord hostile. Face à de grands comédiens d’expériences, les jeunes acteurs se débrouillent très bien. Ils offrent de solides performances, même dans des scènes plus difficiles, où le regard vaut plus que les mots.
Le petit Jules (Ernest Mourier) est d’ailleurs une révélation. Il représente cet enfant pris entre son envie d’apprendre et son envie de plaire à son père. Il nous rappelle aussi la puissance des mots et à quel point l’influence des parents est importante dans la vie des enfants.
Un film pertinent, moderne et bien interprété.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième
Superbe !
Bravo notre chère Alexandra Lamy qui excelle dans le rôle de Louise Violet !!
Foncez le voir au cinéma sans aucune hésitation !!!
Dam’