« We could make people beautiful. »
[On pourrait rendre les gens beaux.]

Wei (Joyena Sun), une étudiante chinoise boursière, se rend en Nouvelle-Zélande pour étudier la recherche médicale dans une prestigieuse université. Timide, introvertie et cachant une tache de naissance génétique sur le visage, Wei est rejetée par sa cousine Angela (Jess Hong) et ses amis glamour. Déterminée à changer son destin, Wei se plonge dans les recherches de son défunt père, travaillant sur une procédure révolutionnaire de greffe de peau qui pourrait guérir sa difformité. Alors que ses expériences prennent une tournure sombre, elle devient plus dangereuse et dérangée, prête à éliminer quiconque menace son secret.

Avec Grafted, Sasha Rainbow propose un body horror qui mélange biotechnologies et fiction dans un film qui, à défaut d’être parfait, amène des questionnements et divertit efficacement. 

Quelques problèmes de logique

Wei nous guide à travers son histoire, de son point de vue; et en la partageant avec nous, elle se sent renforcée et enhardie dans le processus, nous obligeant à la voir comme une force de vie, comme un être humain; comme l’une d’entre nous. Ainsi, on se retrouve à vouloir profondément prendre pour celle qui devrait être considérée comme la méchante, puisque c’est Wei qui tue des gens. Mais comme elle est aussi la victime de violence psychologique de la part des natifs, et des autres étudiantes, on ne peut que ressentir de la compassion pour elle. 

Mais les problèmes de logiques qui apparaissent à de nombreux moments du film rendent cette aventure moins réussie. Par exemple, comment se fait-il qu’en changeant son visage et rien d’autre, personne ne réalise que sa taille et sa voix changent? Apparemment, la grandeur et la grosseur d’une personne ne sont pas visibles si le visage est le même. D’ailleurs, en remplaçant seulement la peau, la forme du visage ne peut pas changer. Voilà donc un autre problème qui saborde le film. 

Par moment, ces illogismes font décrocher le spectateur qui se voit raccroché grâce à certaines scènes plaisantes à voir.

Un film cool

Donc, si on réussit à faire abstraction de ces problèmes, on a tout de même un film agréable à regarder. D’ailleurs, les thèmes de « la méchante fille » dans le film sont une réflexion sur la façon dont la société crée ses propres monstres.

On l’a vu à plusieurs reprises dans notre monde réel. Combien de fois apprend-on qu’une personne qui a commis une tuerie était aussi une victime d’intimidation? C’est le cas ici avec Wei qui ne demande qu’à étudier et honorer la mémoire de son père en poursuivant ses recherches sur la réparation de la peau. 

Et heureusement pour le spectateur, ces violences mènent à de belles scènes de folie meurtrière de la part de Wei. Certaines sont particulièrement jouissives, comme celle où elle assassine une fille qui se cache dans un bassin en lui « drillant » la tête avec une perceuse. L’amateur de film d’horreur en a tout de même pour son argent.

Un peu plus…

Grafted est un moyen d’explorer des thèmes importants comme le privilège, la race, le sexe et l’aliénation culturelle tout en divertissant le public. La notion d’intimidation est aussi au centre du récit.

Malgré ses faiblesses, ce long métrage reste un choix assez sur pour les amateurs d’horreur soft. Et si on parvient à ne pas trop se questionner par rapport aux illogismes, on passe un très bon moment. 

Et la fin est très réussie. On ne la voit pas venir.

Bande-annonce