The last showgirl - Une

The last showgirl – Le retour d’une icône

« Places please. Places please. This is your places call… for the final performance of the Razzle Dazzle. »
[En place, s’il vous plait. En place, s’il vous plait. On se met en place… pour la dernière du Razzle Dazzle.]

La dernière danseuse de cabaret - Affiche

Shelly (Pamela Anderson), une danseuse de cabaret quinquagénaire doit réfléchir à son avenir lorsque son spectacle ferme brusquement après 30 ans d’existence.

Avec La dernière danseuse de cabaret (The last showgirl), Gia Coppola offre un film touchant sur les difficultés de se refaire une vie lorsqu’on n’a fait qu’une seule chose toute sa vie. Un film sur les étoiles qui filent, avec un grand retour d’une ancienne étoile. 

Le retour de Pamela

L’intrigue de The Last Showgirl débute au moment où les danseuses du spectacle de cabaret Le Razzle Dazzle apprennent que leur spectacle, le dernier du genre, fermera ses portes dans deux semaines. La nouvelle est un coup dur pour Shelly, qui a rejoint le show dans les années 1980 et considère ce qu’elle fait comme une forme d’art à part entière. Depuis plus de 30 ans, Shelly connaît le frisson d’être sur scène et la chaleur d’une famille en coulisses qui comprend l’ancienne showgirl Annette (Jamie Lee Curtis) et ses nouvelles recrues comme Mary-Anne (Brenda Song) et Jodie (Kiernan Shipka). Aujourd’hui à la croisée des chemins, Shelly s’accroche à l’espoir alors qu’elle se prépare à chercher un nouvel emploi de danseuse tout en essayant de nouer des liens plus étroits avec Hannah, la fille qu’elle connaît à peine.

The last showgirl - Le retour de Pamela
Shelly (Pamela Anderson)

Le choix de Pamela Anderson pour ce rôle est tout simplement parfait. La Canadienne a eu, elle aussi, une carrière explosive alors qu’elle était jeune, dans le milieu du charme. Puis, comme son personnage, en prenant de l’âge, elle s’est retrouvée poussée vers la sortie sans réelle chance de poursuivre. Et elle aussi s’est vue jugée parce qu’elle a travaillé dans l’univers du charme, se retrouvant ainsi dans un genre de no man’s land professionnel. 

Lors de la recherche pour le casting, Coppola a été frappée par cette femme réfléchie, optimiste et désarmante de franchise qui avait si souvent été dépeinte en termes caricaturaux. 

« J’ai vu que Pamela était très courageuse. Elle repoussait déjà les limites de la façon dont les femmes devraient vieillir et être, ce qui était passionnant. J’ai pu voir qu’elle avait envie de s’exprimer en tant qu’actrice et qu’elle était prête à être vulnérable. C’est une belle écrivaine et une amoureuse du cinéma classique, de la poésie et de la philosophie. Elle a aussi cette nature optimiste qui, selon moi, ressemble beaucoup à Shelly. »

Et le choix aura été payant, puisque l’actrice s’avère être excellente dans ce rôle. Elle s’est d’ailleurs mérité une nomination aux Golden Globes. En plus d’être excellente, le fait qu’on ne l’avait pas vu depuis un certain temps rend son personnage encore plus anonyme dans un monde où la célébrité se fait à l’ombre du vrai monde, et se défait rapidement. 

Réalisme social

The Last Showgirl nous montre un côté de Vegas rarement exploré dans les films, décrivant le travail acharné, la camaraderie durable et les réalités quotidiennes des personnes qui font briller Vegas avec la magie du Neverland. Mais il nous montre aussi la dureté de la vie pour ses travailleuses. Vegas est un lieu étrange dans lequel rien n’existerait sans ses belles femmes. Et pourtant, aucune considération n’est offerte à ces travailleuses qui se voient rapidement jetées pour être remplacées par une marchandise plus jeune. 

Au centre du récit, c’est exactement de la place et les défis de ces femmes qui sont racontés. Shelly ne voulait pas abandonner ses rêves, et donc sa vie de danseuse, et a vite compris que les contraintes financières d’une famille monoparentale ne lui étaient pas favorables. Elle a donc fait le dur choix de laisser Hannah, sa fille, à la famille de sa meilleure amie qui, une fois adulte, aborde sa mère avec circonspection et réserve.

The last showgirl - Réalisme social

D’une certaine façon, en tant que spectateur, on a envie de juger cette femme qui a abandonné sa fille. Mais en même temps, on est coincé dans notre jugement, car il semble impossible pour une femme de son milieu de pouvoir se réaliser professionnellement et en même temps élever une enfant seule. 

La réalisatrice explique ceci à propos de la réalité du Nevada : 

« There’s no real infrastructure in our society for a woman to really do both, because everything was predicated on mothers staying at home and taking care of the children. So I was really fascinated by the question, is Shelly selfish? Is she not selfish? It’s always just a conversation starter because you have to be selfish sometimes. That’s the unfortunate truth. I was able to have compassion for both Shelly and Hannah. »
[Il n’existe pas de véritable infrastructure dans notre société pour qu’une femme puisse réellement faire les deux, car tout était basé sur le fait que les mères restaient à la maison et prenaient soin des enfants. J’étais donc vraiment fascinée par la question : Shelly est-elle égoïste? N’est-elle pas égoïste? C’est toujours un sujet de conversation parce qu’il faut être égoïste parfois. C’est la triste vérité. J’ai pu ressentir de la compassion pour Shelly et Hannah.]

En contrepartie, Shelly se retrouve à vivre une sorte de relation mère-fille avec les jeunes danseuses de la troupe. Une sorte de compensation, probablement. On pourrait le voir comme un mécanisme de survie pour compenser sa peine d’avoir abandonné sa propre fille. Ainsi, l’aisance qu’elle ressent avec les autres danseuses contraste avec la gêne qui existe entre elle et Hannah.

Un peu plus…

Un des moments les plus marquants du film vient, par contre, de la forte présence de Jamie Lee Curtis, qui représente ces femmes qui ne s’excusent pas de vivre leur vie comme elles l’entendent, mais qui, du coup, puisqu’elle vie dans une société qui reproche aux femmes de ne pas s’incruster dans le moule, se retrouve à vivre toutes sortes de difficultés. Mais le personnage d’Annette se retrouve à danser sur un podium, dans un grand moment de fragilité. Cette scène, presque improvisée, se trouve être un des moments forts du film. 

The last showgirl - Un peu plus
Annette (Jamie Lee Curtis)

Curtis raconte ceci : 

« Après ça, Gia m’a dit : “On devrait te mettre sur un de ces podiums.” J’ai ri et j’ai dit : “Je ne pense pas.” Et alors que nous marchions, “Total Eclipse of the Heart” est arrivé sur la sono. J’ai dit à Gia : “Tu sais, si Annette était une buveuse, ce serait sa chanson.” Je n’y ai plus jamais pensé. Puis deux jours plus tard, Gia m’a dit : “Au fait, tu danses aujourd’hui.” On a tourné la scène 10 minutes plus tard, sans répétitions. »

Le résultat est un moment fort du cinéma contemporain. D’ailleurs, la musique, même si elle n’est pas si présente, a une importance marquée. Et la trame sonore est juste, du début à la fin. Le film clos d’ailleurs sur la sublime pièce Beautiful that way, de Miley Cyrus. Une autre femme qui a souvent été sous-estimée parce qu’elle est belle. 

The Last Showgirl, troisième film de Coppola (Palo alto), est un portrait riche en nuances d’un groupe de femmes multigénérationnelles confrontées à un avenir incertain lorsque leur revue de longue date prend fin. Dans un rôle révélateur, Pamela Anderson capture la vulnérabilité, la ténacité, la fierté et le courage d’une femme qui a fait des choix difficiles pour poursuivre ses rêves, mais qui continue résolument à avancer face à une culture transactionnelle qui doit s’adapter aux préjugés sociétaux de l’âgisme et à un flux de revenus de base.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
The last Showgirl
Durée
85 minutes
Année
2024
Pays
États-Unis
Réalisateur
Gia Coppola
Scénario
Kate Gersten
Note
8 /10

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Fiche technique

Titre original
The last Showgirl
Durée
85 minutes
Année
2024
Pays
États-Unis
Réalisateur
Gia Coppola
Scénario
Kate Gersten
Note
8 /10

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