Omar Rodríguez-López and Cedric Bixler-Zavala during promotion for Antemasque album Antemasque, 2014. Credit: Omar Rodríguez-López.

Omar and Cedric : If This Ever Gets Weird – Le prix des volte-faces

« If this ever gets weird, promise me that we’ll stop.
This is not more important than loving you. »
[Si jamais ça devient bizarre [entre nous], promets-moi qu’on arrête tout ça.
Ça ne sera jamais aussi important que de t’aimer.]

Depuis l’entrée en scène explosive de leur album charnière de 2000, At the Drive-In – puis l’incarnation suivante du groupe, The Mars Volta – ont intrépidement raffiné et recréé le rock progressif. Avec en tête du groupe Omar Rodríguez-López et Cedric Bixler-Zavala, deux jeunes marginaux originaires d’El Paso, leur style unique fusionna harmonieusement le jazz, le punk, les influences latines et les sons expérimentaux, résultant en quelque chose de véritablement électrifiant. Il ne fut alors pas long que leur immense succès artistique se traduise en blessures personnelles qui, suite à la dissolution de leur partenariat en 2013, prirent plus d’une décennie à guérir. 

Omar and Cedric - Intro
Omar and Cedric

Créé à partir de centaines d’heures de matériel tourné par Omar au cours des 40 dernières années, Omar and Cedric : If This Ever Gets Weird retrace le profond voyage du duo emblématique alors que ces derniers naviguent à travers le succès, l’addiction, la tragédie, les trahisons, le pardon, puis ultimement, la rédemption.

Avec ce documentaire, le réalisateur de vidéoclips musicaux sélectionné aux Grammies Nicolas Jack Davies livre un document exceptionnel d’une des relations les plus célèbres et compliquées du rock moderne.

Relation de commandement

Autant dire d’avance, comme il est souvent le cas avec les documentaires de ce genre, que si vous n’êtes ni familiers avec At the Drive-In ni The Mars Volta, ce documentaire ne vous fera pas grand-chose (vous avez cependant des devoirs à faire!). Toutefois, il ne s’agit pas non plus du pire document pour vous familiariser avec le groupe. Si la musique du duo composé d’Omar Rodríguez-López et Cedric Bixler-Zavala fut souvent qualifiée d’agressive, complexe et atonale et plus d’une fois réduite à du brouhaha prétentieux (surtout par les critiques détracteurs du début des années 2000), il est certain qu’elle ne laisse personne indifférent. 

Omar Rodríguez-López during recording of The Mars Volta album Frances The Mute, 2004. Credit: Omar Rodríguez-López.
Omar Rodríguez-López pendant l’enregistrement de l’album Frances The Mute, 2004, de The Mars Volta | Crédit : Omar Rodríguez-López

Quoi qu’il en soit, il est difficile de ne pas être impressionné, voir ému, par la quantité d’archives à laquelle Nicolas Jack Davies eût accès pour le « tournage » de ce film; dès les premières secondes, nous sommes notifiés que dès l’âge où Omar pût tenir une caméra dans ses mains, il se fut un devoir de tourner tout ce qu’il pouvait tourner. S’il n’est pas rare que beaucoup de ce genre de documentaires utilise des documents d’archives remontant à assez loin pour parler de leur sujet (par exemple, l’excellent Zappa d’Alex Winter, sorti en 2020), la plupart des archives proviennent, au mieux, d’à partir du moment où l’artiste en question devient populaire. L’avantage avec l’obsession presque maniaque d’Omar de tout tourner est que nous avons accès aux moments très personnels du duo iconique avant même les balbutiements du groupe, et il en devient prenant à plusieurs reprises de voir avec quelle intimité nous y avons accès. Notons à ce titre une scène assez touchante où Omar, désabusé d’avoir du succès auprès d’une scène de punk hardcore qu’il trouve violente et macho et à laquelle il ne s’identifie pas, arrête de jouer en plein spectacle pour aller pleurer en arrière-scène alors que les autres membres du groupe viennent tour à tour le réconforter.

Décrassé au crématorium

Même si le réalisateur n’avait accès aux dites archives et qu’il voulait tout de même faire un film sur l’histoire du duo, il aurait pu en faire une fiction biographique. Après tout, l’histoire de At the Drive-In et The Mars Volta ne manque pas de drame : entre la mort de plusieurs membres du groupe suite à d’importants problèmes de drogue et les frictions artistiques (incluant une certaine quantité dont des déboires scientologiques sont responsables) inévitables après un succès si soudain et explosif, il est difficile de garder une relation saine avec notre entourage. 

Omar and Cedric - Décrassé au crématorium

À ce sujet, le film fut critiqué (dans certains milieux musicaux penchant plus du côté fanatique) de ne pas tenir compte de sujets et personnages centraux à l’histoire du groupe, mais je ne crois personnellement pas que ce soit un problème dans ce contexte. Après tout, le film s’appelle littéralement Omar et Cedric, et il s’agit exactement de ce que nous recevons. S’il faut nécessairement passer par At the Drive-In et The Mars Volta pour en témoigner, on se concentre davantage sur la relation entre les deux leaders du groupe et l’énorme respect et amour que se vouent l’un à l’autre. C’est pourquoi, si ce sont majoritairement les grands fans du groupe qui trouveront leur compte dans ce témoignage exceptionnel, il sera tout de même difficile pour ceux et celles qui ne sont pas familiers avec ces prodiges du rock progressifs de ne pas être touchés, ou, à tout le moins, curieux. Et pour le reste, dommage, vous n’êtes pas assez bizarres!

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Omar and Cedric : If This Ever Gets Weird
Durée
127 minutes
Année
2024
Pays
États-Unis
Réalisateur
Nicolas Jack Davies
Scénario
Nicolas Jack Davies
Note
8 /10

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Fiche technique

Titre original
Omar and Cedric : If This Ever Gets Weird
Durée
127 minutes
Année
2024
Pays
États-Unis
Réalisateur
Nicolas Jack Davies
Scénario
Nicolas Jack Davies
Note
8 /10

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