« Elle a changée après la chirurgie. »
Après la perte soudaine et tragique de sa fille suite à un exorcisme, un chirurgien cardiaque réputé refuse d’admettre que son enfant est décédée, malgré les déclarations des médecins légistes et même du prêtre qui a procédé à l’expulsion. Mais alors que les rites funéraires commencent, les personnes en deuil commencent à constater des changements inquiétants sur le corps de la fille, poussant le prêtre à se demander si quelque chose de bien plus sinistre – un mal plus ancien que le catholicisme lui-même – ne menace pas à nouveau leur vie.
Le cinéma sud-coréen a su se démarquer du reste du cinéma mondial, en particulier des films américains. Leur approche du cinéma horrifique n’y fait pas exception. Les films d’horreur coréens n’ont en effet pas peur de souvent aller dans l’extrême, proposant des histoires sombres et souvent tragiques pour ses personnages ainsi qu’une gestion viscérale des éléments horrifiques. Couplés avec le changement de ton fréquemment utilisé par les cinéastes coréens, ces films finissent par rester longtemps dans l’inconscient du spectateur. Parmi les nombreux longs-métrages qui ont fait la renommée du genre en Corée du Sud, on peut citer A Tale of Two Sisters de Kim Jee-won, The Wailing de Na Hong-jin ou bien Train to Busan de Yeon Sang-ho, trois films qui ont connu le succès au-delà des frontières de la péninsule.
C’est donc face à ces mastodontes qu’est confronté le réalisateur Hyun Moon-seop, qui réalise son premier projet pour le grand écran après avoir assuré la réalisation de la série Nightmare Teacher. Il avait déjà touché à l’horreur et au surnaturel avec cette histoire d’étudiants qui voient mystérieusement leur rêve se réaliser. Avec son premier film, Devils Stay, il s’attaque au genre du film d’exorcisme d’une manière particulière.
En effet, le scénario ne raconte pas l’histoire d’une jeune fille possédée par un démon qui doit subir un exorcisme, mais plutôt les événements qui suivent. Car l’adolescente n’a pas survécu à la cérémonie et des funérailles y sont organisées en suivant la tradition coréenne de les faire durer pendant trois jours. Mais le père, rongé par le deuil et la culpabilité, et le prêtre ayant dirigé l’exorcisme vont se rendre compte que le démon n’est pas totalement parti.
Il faut dire que la prémisse est plutôt intéressante. Non seulement le concept de suivre une histoire de possession démoniaque qui se déroule après un exorcisme est plutôt original, mais le fait de centrer le récit lors de funérailles permet d’explorer des thèmes comme le deuil et la culpabilité. C’est d’ailleurs tout l’arc narratif du père, véritable protagoniste du film, qui est la force du film, car incarnant tous les thèmes du film, se sentant responsable de la mort de sa fille et étant aux bords de la folie quand le démon commence à se manifester. C’est aussi le seul personnage du film dans lequel on est vraiment investi.
Parce que Devils Stay n’est pas aussi efficace qu’il aurait pu l’être. Il y a notamment le personnage du prêtre, second protagoniste du film, qui nous est présenté avec une histoire tragique où il aurait auparavant été possédé. Bien que ce point scénaristique aurait été intéressant à développer, il est sous-développé et semble juste être superflu pour le reste du récit.
Mais là où Hyun Moon-seop a le plus de difficultés à convaincre, c’est en voulant faire de l’horreur. Le film ne fait pas réellement peur, surtout dans sa mise en scène. Le réalisateur tombe en effet dans tous les pièges que les films d’horreur doivent éviter. Il abuse d’effets spectaculaires, voire ridicules (des lumières qui clignotent à l’arrivée du monstre) et ne prend pas le temps de poser une atmosphère lugubre. Si la plupart des films coréens horrifiques arrivaient à terrifier les spectateurs en posant une ambiance lourde et anxiogène, Hyun Moon-sub semble aussi opter pour la solution facile qui cherche à avoir une réaction de 30 secondes chez le spectateur au lieu de le maintenir en haleine pendant tout le film.
Tout le côté mystère du démon est aussi mal fait, les explications étant révélées trop rapidement et étant essentiellement de l’exposition. Heureusement, le climax du film remonte un peu le niveau avec une scène d’exorcisme intense et une fin qui, sans être à leur niveau, est digne de celles des grandes œuvres de la K-Horror.
Cependant, Devils Stay reste un petit pétard mouillé. N’arrivant pas à convaincre les fans d’horreur et de cinéma coréen qui auraient pu trouver ici une nouvelle pierre à leur cinéphilie, mais qui se contentera d’un film au final plutôt quelconque.
Bande-annonce
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