Les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) viennent de se terminer. Le palmarès de cette 27e édition a été dévoilé lors de la cérémonie de remise de prix qui a eu lieu à la Cinémathèque québécoise.
Les voici!
Republic de Jiang Jin (Singapour, Chine)
« Republic capte les rêves turbulents et l’esprit défiant de la jeunesse de Beijing alors qu’elle forge une utopie collective au sein de l’espace exigu, mais vibrant de leur République autoproclamée; défiant ainsi les contraintes politiques et sociales qui l’entoure. La cinématographie intimiste et immersive amène l’auditoire dans ce huis clos, transforme ce lieu confiné en un monde sans frontières d’imagination, de résistance et de quête de liberté. »
To Our Friends de Adrián Orr (Espagne, Portugal)
« Savant mélange de fiction et de documentaire, To Our Friends propose une exploration nuancée de la jeunesse, de l’identité et des complexités de la croissance personnelle, saisissant efficacement l’essence de la métamorphose de Sara tout en employant des techniques réfléchies qui brouillent la frontière entre le monde construit du cinéma et la réalité de ses sujets. Via des moments où les personnages s’adressent subtilement à la caméra au sein d’un récit hybride qui démantèle le fossé entre fiction et non-fiction, le film crée un effet méta-cinématographique, se positionne comme une méditation profonde sur la narration et les récits que nous construisons sur nous-mêmes, autant dans l’art que dans la vie. »
Le jury de la compétition internationale longs métrages était composé de Andrea Bussmann (cinéaste), Dominique Dussault (productrice) et Beatrice Fiorentino (critique).
Interceptés de Oksana Karpovych (Québec/Canada, France, Ukraine)
« Sans jamais perdre de vue son propos, ses convictions et sans perdre son tranchant, ce film au dispositif puissant maintient un équilibre rare, autant formel que thématique. Y sont révélées les conséquences brutales d’une invasion autant que les drames humains et sociaux qui, en temps de guerre, sont malheureusement le lot du plus grand nombre. Interceptés rend concret la situation actuelle en Ukraine, tout en révélant quelque chose de la société russe contemporaine. Il nous semble important de ne pas oublier ce conflit toujours en cours, et ses impacts. »
Archéologie de la lumière de Sylvain L’Espérance (Québec/Canada)
« Radical, minimal et néanmoins sensible, ce film attentif à la matière, à la lumière et à ses manifestations, donne à voir la nature et l’hypothèse du regard humain, sa potentielle présence ou absence. C’est une œuvre mystérieuse d’un cinéaste qui cherche. Nous avons apprécié cette occasion de chercher, des yeux et des oreilles, avec lui. »
Le jury de la compétition nationale longs métrages était composé de Félix Dufour-Laperrière (cinéaste, scénariste et producteur), Hama Haruka (directrice du Festival international du film documentaire de Yamagata) et Wouter Jansen (fondateur de Square Eyes).
The Undergrowth de Macu Machín (Espagne)
« The Undergrowth explore en profondeur un univers autonome et raconte le parcours d’une vie à travers des gestes empreints de mémoire et d’affection. Il dépeint une terre qui revêt une signification bien supérieure à celle de son territoire, avec un volcan agissant comme un agent omniprésent de vie, d’amour et de mort. »
Une mention spéciale est décernée à Up The RIver with Acid de Harald Hutter (France, Québec/Canada)
Le jury de la compétition nationale longs métrages et de la compétition Nouveaux Regards était composé de Paula Astorga (directrice artistique du Festival international de cinéma Doclisboa), Maximiliano Cruz (directeur artistique du Festival international du film de L’UNAM) et Antoine Thirion (programmateur à Cinéma du Réel).
Razeh-del de Maryam Tafakory (Iran, Royaume-Uni, Italie)
« Razeh-del transforme une archive d’oppression en un manifeste de résistance. S’appropriant ces images, le film en fait une déclaration d’amour aux femmes, défiant ainsi ceux qui cherchent à interdire cet amour qu’elles se portent les unes aux autres. Le soin apporté à cette œuvre ainsi que le savoir-faire déployé méritent une reconnaissance particulière, tout comme la capacité de la cinéaste à assumer un double rôle : celui de conteuse et d’archiviste, naviguant habilement entre traumatismes personnels et collectifs. Grâce à sa richesse textuelle et texturale, le film ouvre de nouvelles perspectives de réflexion, recontextualisant le cinéma iranien en une lutte ardente contre l’oubli et l’anéantissement. »
Une mention spéciale est décernée à Break no. 1 & Break no.2 de Lei Lei (Chine)
A Stone’s Throw de Razan AlSalah (Québec/Canada, Palestine, Liban)
« A Stone’s Throw revendique courageusement ses propres cartographies. À travers des expérimentations stratifiées sur des surfaces planes, la cinéaste confronte les limites imposées par son sujet; un territoire dont les lignes sont tracées par les colons. Résistant à ce confinement qui lui est imposé, le film se réapproprie un espace où l’exil et la résistance palestinienne retrouvent toute leur dimension. Ce faisant, ce film transcende le cinéma, ouvrant un champ des possibles. Une force qui nous permet de franchir les géographies interdites et les frontières coloniales. Enfin, à travers la cartographie intime de son protagoniste, il nous dévoile une histoire inscrite dans les contours de son corps. Amine porte en lui les traces d’une terre et d’un peuple, nous invitant à les reconnaître et à résister à leurs côtés. »
Sous le soleil exactement de Noa Blanche Beschorner (Québec/Canada, Allemagne)
« Un film ludique, tant dans sa forme que dans son langage, qui aborde le thème du retour chez soi. Chaque plan est méticuleusement composé; accompagné tantôt du silence des lieux, tantôt de leur musicalité, s’harmonisant en une symphonie qui offre à ce thème d’apparence simple toute sa profondeur et sa vitalité. »
Une mention spéciale est décernée à Archipelago of Earthen Bones — To Bunya de Malena Szlam (Québec/Canada, Australie, Chili)
Le jury des compétitions courts et moyens métrages était composé de Émilie Serri (cinéaste), Shahab Mihandoust (cinéaste) et Aylin Gökmen (cinéaste).
Ninan Auassat : Nous, les enfants de Kim O’Bomsawin (Canada)
« On dit souvent du documentaire engagé que son rôle est de donner la voix à ceux et celles qui sont souvent occultés et invisibles, malgré les grandes injustices ou les abus qu’ils et elles endurent. Dans Ninan Auassat : Nous, les enfants, ces voix sont surprenantes, diversifiées et nombreuses. Elles parlent différentes langues, et elles parlent de leur langue et de son importance. Elles témoignent de l’importance de la culture pour briser le cercle de l’abus, changer les perceptions et créer une renaissance, tout cela sans faire abstraction des difficultés et des traumatismes qui perdurent. »
Une mention spéciale est décernée à Koutkekout de Joseph Hillel (Québec/Canada, Haïti)
Le jury Magnus-Isacsson était composé de Helgi Piccinin (DOC Québec), Marie-France Laval (ARRQ), Adèle Foglia (Funambules Médias), Ryan Aller-Bishop (Cinema Politica), Vincent Toi (Main Film) et Jocelyne Clarke (productrice, cinéaste et monteuse).
Billy de Lawrence Côté-Collins (Québec/Canada)
« Billy nous a particulièrement ému par la puissance de son montage, par l’originalité de sa forme et par sa dimension douloureusement humaine. »
Le jury du prix étudiant était composé de Victoria Brisebois du Cégep du Vieux-Montréal, Thomas Brousseau du Cégep Marie-Victorin, Gosha Laiter du Cégep André-Laurendeau, Justine Lavallée du Cégep de Saint-Laurent et Vincent Montesinos du Cégep du Collège Ahuntsic.
Wilfred Buck de Lisa Jackson (Canada)
« Un film lumineux qui donne envie de s’accrocher à quelque chose de plus fort que nous et qui célèbre la persévérance. Un film qui montre que malgré les obstacles, il est toujours possible de grandir et de retrouver son chemin. C’est aussi un film qui nous a beaucoup appris sur la communauté autochtone et sa place dans notre histoire. Wilfred Buck brille autant que ses étoiles et les aurores boréales. »
Le jury des détenues est composé de résidentes de l’Établissement Joliette, le seul pénitencier fédéral pour femmes au Québec. Elles décernent le prix des détenues à leur documentaire favori parmi cinq films sélectionnés dans l’édition actuelle. Cette initiative a été mise en place par les RIDM en 2011.
Emboîter leurs pas de Manuel Orhy Pirón (Québec/Canada)
« Un documentaire qui raconte habilement la petite histoire de personnages colorés à travers la grande histoire québécoise. Emboîter leurs pas nous a touché par la force et la pertinence des archives, combinées à la maîtrise des entrevues du présent. »
Le jury de la Soirée de la relève Radio-Canada est composé de Alexis De Lancer (journaliste, chroniqueur et chef d’antenne à ICI RDI), Juliette Balthazar (gagnante de la Soirée de la relève 2023), Julia Lauzon (directrice des documentaires chez Radio-Canada), Karyne Tremblay (déléguée aux partenariats chez Radio-Canada) et Karine Dubois (productrice chez Picbois Productions).
No Other Land de Yuval Abraham, Basel Adra, Hamdan Ballal et Rachel Szor (Palestine, Norvège)
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