Comme toujours je suis la première, ou bien tous les autres sont les derniers.
Michel Gondry était de passage, le 31 août dernier, au Centre Phi de Montréal. Connaissez-vous un peu les films de son répertoire? Il a notamment réalisé Eternal Sunshine of the Spotless Mind, La science des rêves et L’écume des jours, des univers souvent éclatés, toujours originaux.
Le réalisateur de talent a touché à un peu de tout, dont le court et le long métrage, et la publicité. Il y a deux mois, il rendait disponible un premier film tourné avec l’iPhone 7. C’est Apple qui l’avait approché. Gondry a décidé de relever le défi – lui qui n’avait jamais eu de téléphone intelligent – en réalisant le court métrage Détour.
On reconnaît dans ce court film le style de Michel Gondry. Un peu loufoque, déjanté par moments. Une famille française part en vacances à Marseille. Les parents remplissent la voiture de tous les effets nécessaires pour le voyage. Le père installe les vélos à l’arrière du véhicule, le tricycle de la fillette sur le dessus. Évidemment, quelques minutes après le départ, le vélo à trois roues tombe sur la chaussée sans que personne ne s’en rende compte. La petite fille est au désespoir lorsqu’elle le réalise. Pendant ce temps, le tricycle continue son chemin afin de retrouver sa propriétaire.
On ne peut que sourire devant les aventures que rencontrera le tricycle. Mais arrivera-t-il à bon port? On se surprend même à l’encourager, à l’image de ses supporteurs sur le bord d’une route de campagne – eh oui! même les tricycles ont droit à des encouragements à l’occasion. 😉
La technique est aussi particulièrement intéressante. Gondry joue avec son image. Il la ralentit ou l’accélère ou la vire carrément à l’envers pour reprendre le point de vue de la fillette qui, la tête entre les jambes, regarde les baigneurs dans la mer. À un autre moment, il la fait bouger à travers les longues-vues d’un homme couché dans un hamac qui observe la famille en plein pique-nique. Et dans ces plans, les lentilles ne bougent pas; ce sont les objets sur la table de pique-nique qui roulent au rythme du hamac.
On est ici entre le film et la publicité – une grosse publicité pour Apple –, principalement à cause des six capsules du making of, « Dans l’œil de Michel Gondry », qui accompagnent le film. Gondry y aborde différents procédés : l’effet cinéma, l’accéléré, l’image par image, le ralenti, la scène de nuit et l’illusion d’optique. Chaque capsule dure moins de 45 secondes.
Celles-ci permettent de mieux comprendre les choix esthétiques de Gondry. Si « l’accéléré est un procédé classique pour accentuer la comédie, donner un côté un petit peu décalé, voire décollé de la réalité », « le ralenti permet [quant à lui] de découvrir une autre dimension de l’image, d’accéder à une dimension qu’on ne voit pas à l’œil nu ». Le premier allant ainsi très bien avec la scène d’introduction où les parents chargent la voiture tout en discutant avec le voisin tout aussi décalé qu’eux, et le second ajoutait une dimension presque tragique à la descente du tricycle dans les rapides d’une rivière.
Une autre capsule, « image par image », explique la technique employée par Gondry pour tracer le nom du film au générique de début, donnant l’effet d’être écrit par l’homme invisible pour reprendre son image.
Détour est un film amusant qui nous plonge dans l’univers de Michel Gondry.
Soyez l’un des supporteurs du tricycle. Encouragez-le, comme les quelques 1,8 millions de YouTubeurs qui ont visionné la vidéo, à retrouver sa famille!
Note : 8/10
Voici le film :
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