La soirée d’ouverture du Festival SPASM, qui s’est tenue mercredi soir dans une salle comble, a une fois de plus démontré l’engouement du public pour le cinéma québécois de genre.
Dès les premières minutes, l’atmosphère était électrique, avec une excitation palpable parmi les habitués du festival. Ce rendez-vous annuel, maintenant à sa 23e édition, ne cesse de prouver qu’il est un tremplin incontournable pour les créateurs audacieux et les amateurs de films qui sortent des sentiers battus. Avec une programmation éclectique mêlant humour, horreur et réflexion sociale, SPASM continue de surprendre, offrant des œuvres qui interrogent notre époque tout en repoussant les frontières du cinéma.
Pour sa 23e édition, SPASM a mis les petits plats dans les grands, le festival a ouvert ses portes avec Boîte à savon, réalisé par Jimmy G. Pettigrew.
Ce court-métrage nous plonge dans l’univers des enfants à travers une course de caisses à savon, un croisement entre Les Goonies et Mad Max. Ce film aborde les thèmes de l’innocence et de l’amour jeune tout en mettant en lumière la compétitivité inhérente à l’enfance. Hubert, un jeune garçon, rêve de conquérir le cœur d’Anouk Sauvages à travers cette course.
Pettigrew réussit à capturer la magie des premières expériences amoureuses et la détermination enfantine avec une tendresse palpable. Les visuels, colorés et vibrants, évoquent une nostalgie pour les moments simples de la jeunesse. Ce film se distingue par son approche ludique et sa capacité à toucher le cœur des spectateurs, quel que soit leur âge.
Note : 8/10
Le second court-métrage, Salem sur la route, du comédien Étienne Galloy, propose une exploration plus sombre de la dépersonnalisation et de l’isolement. Le personnage principal, Salem, parcourt la route 132 à vélo, fuyant les contacts humains tout en cherchant un vieux pick-up acheté sur Kijiji, avec des intentions tragiques. Ce court-métrage de 19 minutes interroge notre rapport à nous-mêmes et aux autres dans un monde de plus en plus déshumanisé.
La mise en scène, introspective et mélancolique, parvient à transmettre un sentiment d’urgence et de détresse. Galloy aborde des sujets délicats tels que le suicide et la crise d’identité avec une sensibilité rare, rendant le film à la fois puissant et nécessaire. La performance de l’actrice principale est remarquable, offrant un portrait complexe et nuancé d’une jeune femme en quête de sens.
Note : 7/10
Bail bail, de Sandrine Brodeur-Desrosiers, est une œuvre dynamique de 12 minutes qui apporte une dose d’humour noir à la programmation du festival. Ici, deux colocs découvrent qu’elles vont être évincées illégalement par leur nouvelle propriétaire. La décision de se battre pour conserver leur appartement déclenche une série d’événements aussi drôles qu’intenses, transformant les ruelles enneigées de Montréal en un champ de bataille pour garder leur logement.
Le film aborde des questions de précarité et d’amitié, tout en s’inscrivant dans une tradition de comédie absurde. Les performances des deux actrices, pleines d’énergie et de détermination, rendent cette lutte à la fois réaliste, drôle et accessible. La mise en scène, rythmée et inventive, reflète la tension croissante entre les personnages, tout en offrant des moments de légèreté bienvenue.
Note : 8/10
Ensuite, nous avons enchaîné avec Mothers and Monsters, réalisé par Édith Jorisch. Ce court-métrage de 15 minutes met en scène une célébration familiale où une mère-hôtesse, entourée de mères et de leurs enfants « parfaits », voit son banquet idéal perturbé par des événements étranges. La réalisation s’inscrit dans un registre surréaliste, oscillant entre la comédie et la critique sociale. Jorisch parvient à évoquer la pression sociale liée à la maternité, tout en remettant en question l’image de la famille idéale.
Les métaphores visuelles sont puissantes et marquantes, invitant le spectateur à réfléchir sur la réalité des relations familiales à l’ère du capitalisme. La performance des acteurs, notamment celle de Mylène Mackay, est poignante et crédible, ajoutant une profondeur émotionnelle à cette satire.
Note : 8/10
Le cinquième court-métrage, Zoé, réalisé par Rémi St-Michel, aborde des thèmes de mémoire et de désespoir. En suivant le personnage de Zoé, isolée dans une cabane, le film explore les méandres de la psyché humaine alors qu’elle tente de retrouver des souvenirs heureux dans un contexte d’infection et de perte. Ce film de 15 minutes est poignant, avec une atmosphère qui rappelle les films de zombies, mais avec une approche psychologique.
La direction artistique, accompagnée d’une bande sonore immersive, accentue le sentiment de claustrophobie et de désespoir. Le spectateur est amené à ressentir la lutte de Zoé, à la fois contre son environnement et contre ses propres démons. Ce court-métrage démontre que l’horreur ne réside pas uniquement dans le visible, mais aussi dans ce que nous sommes incapables de voir et de comprendre en nous-mêmes.
Note : 7/10
Enfin, Extras, de Marc-Antoine Lemire, explore l’univers des acteurs en quête de reconnaissance. Ce court-métrage de 15 minutes met en lumière les défis auxquels sont confrontés ceux qui aspirent à la célébrité, souvent relégués au statut de figurants. La rencontre entre Isabelle, une actrice dont la carrière stagne, et son agente Johanne, devient un reflet des espoirs et des désillusions qui peuplent le milieu du cinéma.
Lemire aborde le thème de l’identité professionnelle avec un regard critique et une touche d’ironie. Les dialogues, incisifs et percutants, dévoilent les attentes souvent irréalistes du monde du spectacle. Ce court-métrage, à la fois comique et amer, invite à réfléchir sur la nature de la réussite et le coût personnel qu’elle peut engendrer. Fou rire garanti!
Note : 8/10
Cette soirée d’ouverture du Festival SPASM a tenu toutes ses promesses, offrant une programmation variée et captivante qui a su émouvoir, faire rire et, parfois, surprendre le public. Les courts-métrages projetés ont montré toute la richesse et la diversité du cinéma québécois, explorant des thématiques aussi universelles que la maternité, l’amitié ou encore la quête d’identité, tout en adoptant des approches créatives et décalées.
Le festival se poursuivra jusqu’au 2 novembre, promettant encore bien d’autres découvertes marquantes pour les cinéphiles en quête de sensations fortes et de récits audacieux.
Si vous aimez le cinéma qui ose, ne manquez pas cette édition du Festival SPASM.
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