« Je ne m’explique pas bien pourquoi les êtres humains ont ces élans d’entraide les uns envers les autres. »
Un jour que Solange est à étudier les moutons de poussières de son appartement, on sonne. Un livreur prétend détenir un colis à son attention. Pourtant Solange est formelle : c’est impossible. Le malentendu s’intensifiant, Solange s’écroule. Lorsqu’un médecin suggère que quelqu’un veille sur elle pour la nuit, son propriétaire se dévoue. Mais rappelé à ses activités, il décide de recruter un nouveau veilleur… Une véritable chaîne humaine va alors se mettre en place pour ne plus laisser Solange à son isolement, car il semble bien que cette thérapie relationnelle lui soit bénéfique…
Connaissez-vous Solange? Les capsules YouTube de Solange te parle ont commencé à être diffusées à la fin de 2011. La « poétubeuse » Ina Mihalache – néologisme qu’elle aime bien –, qui incarne le personnage de Solange, son « alter ego », a ainsi poursuivi l’expérience à travers le long métrage Solange et les vivants.
Un mot tout de même sur qui est Ina Mihalache. Cette jeune femme est née à Montréal le 14 mai 1985, d’une mère québécoise et d’un père roumain. Jeune, plutôt solitaire, elle se cherche à travers la langue. Elle choisit d’adopter l’accent français plutôt que le québécois, ce qui la rejoint davantage. Le dictionnaire est d’ailleurs son livre de chevet. Et en 2004, elle s’installe en France où elle vit toujours.
Tempérament d’artiste, elle joue un peu, mais peine à trouver sa place dans le milieu. C’est finalement par l’entremise d’Internet, plus spécifiquement de la plateforme YouTube, qu’elle réussira à le faire : « Internet s’est vite imposé comme un grand réservoir de solitudes à conquérir par les mots. J’ai l’impression d’avoir un accès privilégié aux humains à travers les écrans. » Parce qu’elle est à l’image de son personnage, elle dit avoir une « nature de bestiole solitaire ».
Je ne l’ai découverte que l’hiver dernier. Mon conjoint et moi avons tout de suite apprécié son ton décalé, sa façon unique de percevoir l’univers qui l’entoure. Pour apprécier le film, il faut, me semble-t-il, avoir pris le temps de visionner quelques-unes de ses capsules afin de découvrir le personnage. De toute façon, elles sont, pour la plupart, vraiment savoureuses.
Le film se devait d’être à l’image de Solange, des capsules qu’Ina produisait depuis, au moment du tournage, près de 4 ans. Elle ne voulait pas devoir justifier son projet et négocier afin d’obtenir des fonds. Elle s’est donc tournée vers le sociofinancement. Sur la plateforme Ulule, elle a récolté 165 % du montant désiré, comme quoi le projet était attendu.
« J’ai réuni une équipe qui s’est engagée avec enthousiasme à me suivre et à respecter mes règles d’or : ne rien écrire, privilégier l’instant, l’urgence, espérer le surgissement de l’inconnu, la magie du non-prévu, les réactions chimiques inattendues, la transformation de la banalité en singularité, dans une approche qui tient autant de la fiction que du documentaire; avec le souci constant de chercher comment captiver le spectateur, lui faire des propositions qu’il ne puisse pas anticiper, l’entraîner dans mon univers mental et mes questionnements dans un registre de comédie, de folie douce : le faire sourire, réfléchir, rêver », ainsi décrit-elle son film.
Et ça fonctionne. Plusieurs plans de caméra fixe nous plongent dans l’univers familier de Solange, mais on déborde de cet univers. On fait un saut au Québec, dans la famille de Solange, on rencontre les voisins de Solange – le propriétaire est d’ailleurs tout un numéro – et son ex-petit-ami. Le ton diffère par moments, mais ça cadre avec le personnage, avec son idée plus expérimentale du cinéma, avec son incapacité à réellement se lier aux autres.
Le tout est divisé en quelques courts chapitres, comme autant de capsules possibles.
Solange et les vivants, c’est 67 minutes de dérapages légers, de dérives, de réflexions sur le monde dans lequel on vit, sur les comportements humains.
Note : 8/10
Le film est disponible en location sur YouTube :
Il vous reste encore quelques jours pour participer au succès de notre campagne de sociofinancement. 🙂
© 2023 Le petit septième