« Ou ben donc mon kodac vaut pas d’la marde,
ou ben donc c’est pire que c’était. »
Vies professionnelle, parentale, amoureuse, sociale et jusque dans les passe-temps, au fil d’une seule journée le monde du Dr Louis Richard (Christian Bégin) est attaqué sur tous les fronts. Bien qu’anodins pour la plupart, les chocs s’additionnent, fissurent peu à peu son âme narcissique jusqu’à laisser l’horreur s’infiltrer dans le quotidien banal.
Le nouveau film de Robert Morin laisse place non seulement à la discussion, mais aussi à l’imagination et à l’incertitude. Après avoir été présenté en primeur au Festival Fantasia, Le problème d’infiltration arrive sur nos écrans.
L’horreur, ça peut être bien des choses. Mais le pire de l’horreur, c’est, comme le dit un des personnages, lorsque « ma p’tite fille de 3 ans… a part à pleurer d’épouvante quand a me voit ».
Ça peut aussi être, le visage défigurer de ce même personnage. L’horreur, pour d’autres, serait plutôt la poursuite dont fait l’objet le docteur Richard.
Mais avec Le problème d’infiltration, on a bien plus qu’un simple film d’horreur. On se retrouve dans un suspense psychologique dans lequel les acteurs sont très bons, et dans lequel l’image est sublime. Les couleurs varient tout au long du film afin de suivre l’émotion et la psychologie du personnage joué magistralement par Christian Bégin. Et l’évolution du personnage… c’est quelque chose.
Tout au long du film, on voit non seulement une évolution psychologique du personnage du docteur, mais aussi une transformation physique. Ses traits, ses cheveux, ses yeux, sa bouche… changent.
Tout cela s’ajoute de façon fluide au récit et à l’ambiance que crée Morin. Mais une question perdure… Le docteur Richard est-il vraiment dangereux? Ou s’il est tout simplement un homme sur qui tombent trop de choses en même temps? Et qu’en est-il de son patient, monsieur Turcotte?
Le problème d’infiltration laisse beaucoup de questions en suspens. Mais on ne peut certainement pas parler d’un film inachevé. Morin réussit à conclure son œuvre de façon géniale. Évidemment, je ne vous révèlerai pas la fin ici. Je ne suis pas un de ces critiques (ou animateurs) qui font ce genre de sottises.
Il y a, par contre, une chose à laquelle réfléchir. Au début du film, le patient (Turcotte) et le docteur Richard ont une discussion animée sur un sujet critique. Avez-vous déjà été voir un médecin spécialiste avec un problème qui vous dérange réellement? Lorsque celui-ci vous assure qu’il comprend votre situation, avez-vous parfois l’impression qu’il raconte n’importe quoi? Comment quelqu’un qui n’a jamais vécu une telle situation peut-il réellement la comprendre?
Dans ce cas-ci, comment le médecin peut-il réellement comprendre ce que c’est que de se promener dans la rue avec « un film d’horreur » dans le visage?
Le problème d’infiltration est ce genre de film qui nous met dans une situation périlleuse. Pour quel personnage doit-on prendre? Parce que, normalement, n’y a-t-il pas un gentil et un méchant définis de façon claire?
Note : 8,5/10
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