Nature has a way sometimes of reminding man of just how small he is. She occasionally throws up the terrible offsprings of our pride and carelessness, to remind us of how puny we really are in the face of a tornado, an earthquake, or a Godzilla. The reckless ambitions of man are often dwarfed by their dangerous consequences. For now, Godzilla, that strangely innocent and tragic monster, has gone to Earth. Whether he returns or not, or is never again seen by human eyes, the things he has taught us remain.
— Steve Martin
Le matin du 14 septembre 1984, à 8h48, heure du Japon, un tremblement de terre à Nagano (aucun lien avec le chef d’orchestre le traduction des kanjis signifiants plutôt « grand champs ») secoue la région et déclenche un glissement de terrain. La préfecture de Otaki est ensevelie sous pas moins de 30 mètres de terre et de roches déferlant comme une vague allant de 80 à 100 km/h. La catastrophe fait une trentaine de morts et de disparus et bien entendu des millions de dollars en dommage. C’est comme si un monstre géant avait surgi du sol dans un fracas et laissé un sillon de destruction.
Ironiquement, cette année-là marquait aussi le trentième anniversaire de Godzilla qui depuis la fin de l’ère Shôwa, en 1975, n’était toujours pas réapparu au grand écran; mais qui trois mois plus tard allait sortir un nouveau film en 1984 et entamer l’ère Heisei. Nommé ainsi suite à la passation du trône de l’empereur Hirohito à son fils Akihito; terme se traduisant grosso modo en français : atteindre la paix (oui à partir du japonais; j’espère que c’était clair pour tout le monde). Il faut dire que depuis le milieu des années 70, le Japon était en plein essor industriel, mais aussi en pleine crise énergétique. La réponse à ce manque d’énergie était simple; il faut plus de réacteurs nucléaires; c’est ça ou se résoudre aux usines au charbon. Cependant, qui veille à faire attention à ne pas mettre vous-savez-qui en colère; surtout quand il se réveille. On le sait trop, notre roi des monstres est aussi l’un de ceux qui se lèvent du pied gauche.
Godzilla cesse d’être représenté portant des collants et une cape. Il est de retour en 1984 avec The Return of Godzilla comme si les films de l’ère précédente n’étaient que des rêves; que le public avait eu des visions utopiques où humains et monstres pouvaient vivre en harmonie. Sortis de leur torpeur, les rêveurs se fracassent le nez contre la dure réalité; Godzilla n’est pas un ami ou un allié, mais bien une véritable bombe nucléaire mobile et indestructible. Fini le friendly neighborhood Godzilla. Bien sûr, les récits continuent d’évoluer autour de Kaijus qui se font la vie dure, mais cette fois-ci chaque entité qui s’oppose à Godzilla existe principalement dans le but de se débarrasser de lui et les humains aussi. On évoque souvent la peur de passer de Charybde en Scylla puisque chaque nouvelle créature vient aussi avec la possibilité d’être plus dangereuse pour l’humanité que ce qu’elle tente de détruire.
L’ère Heisei est marquée par Godzilla encaissant de cuisantes défaites comme un champion, car ça ne l’empêche pas de revenir toujours plus déterminé. Imaginez un peu Rocky, avec Sylvester Stallone, où il perdrait ses combats pour les quatre premiers films. C’est un peu de cette manière que le roi des monstres entame l’ère Heisei qui durera de 1984 à 1995. Un nouveau Godzilla est né — plus fort, plus destructeur — et pourtant quatre combats consécutifs où il n’arrive pas à rester debout jusqu’à la fin; et même rendu au cinquième, il l’emporte sur un coup de dé. Décidément pas une relance facile pour le coq de la basse cour qui perd désormais ses plumes. Les dommages sur les cités ne sont plus à sens unique, puisque les humains rivalisent de mieux en mieux en force avec celle de leur bourreau.
Quelques nouveaux Kaijus font leur apparition dans la série, mais il y a peu de retours. Mothra, Rodan, ainsi que King-Ghidorah sont de la partie; mais plusieurs autres ne reviendront pas. La nouvelle itération de Godzilla est bien moins efficace pour se faire des amis parmi ses congénères Kaijus; pour les autres plus récents, leur apparition sera brève et sans appel. Plus personne ne semble vouloir l’accompagner dans ses aventures au point où même Mothra quitte la Terre pour rester loin de lui. Sera-t-il obligé de se faire copain copain avec ses ennemis jurés?
Pas super facile de se faire des amis chez les humains. Ils ont des armes capables de le neutraliser et préconisent la technique du : tirer d’abord et parler ensuite, mais sans la deuxième partie. Je réalise de plus en plus combien la peur est mal faite; en s’emportant dans la panique, il devient ardu pour les mots de sortir autrement qu’en cris. Difficile de bien communiquer dans ces conditions, mais qui a déjà essayé de prendre le temps de discuter avec notre monstrueux monarque? Pour ajouter du sel sur la plaie, le dernier Kaiju qui est présenté dans la série des films de l’ère Heisei, Destoroyah, incarne l’image même de ce qui sert à détruire le premier Godzilla. Pour un peuple évolué, ils savent agir en barbares quelquefois (dans ces films-là).
Ce qui me surprendra toujours est l’humilité que les films de Godzilla ont de reconnaître que le peuple japonais n’est pas parfait lui non plus. Je parle ici bien sûr de l’utilisation que le Japon fait de l’énergie nucléaire dans sa quête de sources d’énergie toujours plus grandes et aussi toujours plus propres et des tests atomiques terriblement dommageables qu’ils ont eux-mêmes conduits. Si vous pensiez que Godzilla VS Hedorah était assez démonstratif de leur conscience environnementaliste, l’ère Heisei badigeonne quasiment tous ses films de cette sauce; le goût est étonnamment très agréable et tout à fait au point. Maintenant, les motivations principales de notre menace nucléaire favorite sont connues : il ne faut pas détruire l’environnement et il ne faut pas utiliser de sources d’énergie dangereuses. Respecter ces règles chaque jour éloigne Godzilla pour toujours… Enfin, presque.
Il est facile de se moquer d’un individu, surtout s’il est déjà à genoux. Cependant, je ne sais pas si j’entends rire lorsque je réfléchis à ce que Godzilla continue de représenter — ou, du moins, tente de représenter — pour les Japonais qui à l’époque souffraient toujours de l’humiliation qu’ils avaient subie dans leur affrontement contre les États-Unis. Soyons francs; ça prend un satané culot pour gagner une guerre basée sur des génocides en menaçant soi-même de commettre un génocide et ensuite sanctionner les perdants — qui avaient déjà beaucoup perdu — comme s’iels étaient des enfants ou des sous-hommes. Presque quarante années depuis les bombes sur Hiroshima et Nagasaki, et les conséquences de ce geste posé à leur égard sont encore présentes.
Comment vous sentiriez-vous de voir votre nation renaître de ses cendres et tenter de prospérer de nouveau, alors que son pouvoir et sa souveraineté lui auraient été sauvagement arrachés et que des sanctions l’assiégeaient, la privant ainsi de son autonomie? Considérez aussi que tout acte belligérant ou d’une démonstration d’une puissance trop grande de votre part aurait la possibilité de conduire à des représailles. Savez-vous ce que c’est que d’être battu et humilié? Non pas de perdre un combat à plate couture ni même être attaqué sans raison. Je parle d’un acte délibéré contre votre personne; de vous foutre le nez dans la boue. Savez-vous ce que ça signifie d’être victime de gestes ou de paroles irréparables et d’être celle ou celui qui doit ensuite s’excuser; et de le faire pas parce que c’est justifié, mais parce que la peur d’une troisième attaque est trop grande? Désolé, je sais, cela peut sembler un peu intense dit de cette manière, mais rassurez-vous; tout ça n’est qu’hypothétique, tout au plus. Une imagerie horrible me direz-vous? Peut-être; toutefois, n’est-ce pas le mois idéal pour ce genre d’histoires après tout? Je suis persuadé que le personnage de Marlon Brando dans le célèbre film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola serait d’accord avec moi. Il faut savoir se faire ami de l’horreur quelques fois.
L’ère Heisei est beaucoup plus terre-à-terre que son prédécesseur, Godzilla fait moins de pirouettes et autres choses qui défient les lois de la physique. Kenpachiro Satsuma (R.I.P. 1947-2023) portera fièrement le nouveau costume de Godzilla pendant toute la durée de l’ère Heisei ainsi que trois autres auparavant à la fin de l’ère Shôwa; saurez-vous lesquels? Ses accoutrements sont plus flexibles, plus mobiles et plus légers que ceux d’avant. Cependant, cela ne donne guère l’impression d’être efficace puisqu’il semble également avoir moins de facilité à vaincre ses ennemis; même Godzilla n’échappe pas au « power creep » apparemment.
Okay, c’est quoi le power creep? Il m’arrive d’employer ce terme-là de temps à autre, mais j’aimerais m’assurer que tout un chacun soit au fait sur ce que cela signifie. On pourrait le traduire par le terme désuétude. C’est le phénomène à travers lequel un personnage autrefois puissant se retrouve faible en comparaison aux nouveaux venus; les mangas shonens sont friands de ce genre de procédé narratif puisqu’il permet de recommencer sans cesse la même histoire en offrant tout de même à son public une sensation de renouveau et d’évolution. Le plus célèbre de tous les shonens est sans conteste Dragon Ball de Akira Toriyama. La formule est simple, le héros doit vaincre un ennemi plus puissant que lui, il s’entraîne puis retourne l’affronter dans un climax où le héros en sort ultimement vainqueur. Tout semble de retour à la normale, MAIS! Un nouvel ennemi fait son entrée en scène, et il est encore plus puissant que son prédécesseur.
Pour Godzilla, ce sont surtout les effets spéciaux qui ont pris en ampleur. Les maquettes sont encore très utilisées; les quelques hauts bâtiments qui figuraient dans les films précédents cèdent leurs places à d’immenses gratte-ciels deux à trois fois la taille du monstre (on se souvient qu’il y a un humain dans le costume, imaginer fabriquer la ville miniature). L’intimidante posture que l’humain a vis-à-vis de son environnement démontre bien les enjeux des volets de la série de cette deuxième ère cinématographique qui seront abordés.
Pareil à l’article précédent, je me fais un devoir — et aussi un plaisir — de vous faire un petit résumé de ce qui peut me traverser l’esprit lorsque je visionne les films de Godzilla; les sept de cette ère (c’est déjà la moitié moins que l’ère Shôwa avec quinze). Je ne veux pas dire que j’aime plus ou moins une ère en particulier, mais je dois avouer que la finition de l’image au goût du milieu des années 80 et 90 est particulièrement délectable.
Godzilla se glisse assez subtilement — pour un colosse d’une moyenne de 40,000 tonnes (métrique; PO, PO, POMMM!) — parmi les films du genre des franchises Alien, Predator et Terminator; non pas par sa thématique, mais par son aspect visuel unique entre Blade Runner et Power Rangers qui était un style recherché à l’époque. Vous n’avez qu’à vous rappeler d’une des scènes cultes du film Aliens — réalisé par James Cameron — où Ripley et la reine des Aliens s’affrontent? Non!? Voilà! Qui a besoin de Bollywood quand on a déjà ça et Godzilla, hein?
Ne soyez pas inquiets, ce n’est pas parce que le roi des monstres traine un peu de la patte qu’il ne sait pas nous offrir un bon spectacle. Décidément un autre bond de géant pour Toho Co. et la franchise qui terminent l’ère Heisei avec panache sur leur quarantième anniversaire. Plus sincères et plus touchants, certains de ces opus sauront sans aucun doute vous soutirer une larme ou deux. Par contre, n’allez pas croire que Godzilla sera moins destructif pour autant.
Le gouvernement japonais supprime la nouvelle du retour de Godzilla alors que les tensions politiques augmentent entre les États-Unis et l’URSS, tous deux prêts à bombarder le Japon pour arrêter le monstre.
Année : 1984
Réalisation : Kôji Hashimoto
Scénario : Tomoyuki Tanaka
Effets spéciaux : Teruyoshi Nakano
Un nouveau Godzilla émerge plus destructeur encore que le premier. Cependant, le roi n’est plus ce qu’il était. Trente années ont passé depuis l’apparition du premier Godzilla en 1954. Est-il enroué, inexpérimenté ou simplement dépassé par un Japon qui semble prêt à toute éventualité. Le pays a fait un sacré bond depuis la première attaque, et trente ans plus tard, ils attendent la catastrophe écailleuse ambulante de pied ferme. Le nouveau vaisseau de l’armée japonaise, le Super X, est si puissant qu’il remet la monnaie de sa pièce à leur assaillant à sa première confrontation.
Godzilla perd deux fois plutôt qu’une. Cependant, la première fois, il est ramené à la vie par des éclairs qui sont attirés vers lui à travers ses emblématiques écailles dorsales et là c’est lui qui se prend pour le monstre de Frankenstein. La deuxième fois, à la toute fin, me fit me rappeler pourquoi Charles Xavier dans X-men pouvait être une force redoutable sans avoir besoin de lever le petit doigt (sauf pour faire du « sch nounou nounou » avec ses mains), car, oui, il y a des gens dotés de pouvoirs mentaux appelés espers à la place de mutant ou télépathe dans la franchise Godzilla. Évidemment, le personnage ne fait son entrée que dans Godzilla VS Biollante, mais la fin de ce film-ci à clairement dû inspirer le second volet.
Les problématiques reliées à la Guerre froide sont aussi très présentes tout au long de l’histoire alors que les tensions entre les États-Unis, le Japon et l’URSS escaladent autour de l’utilisation propre de la bombe atomique en cas d’urgence. Un de mes moments favoris n’en est pas un de destruction, mais bien celui où le Japon reçoit les représentants des deux superpuissances pour une rencontre d’urgence concernant Godzilla et la sécurité incertaine du reste du globe. Keiju Kobayashi offre une excellente performance dans le rôle du premier ministre; comme quoi la franchise de Toho Co. est capable de profondeur et d’une qualité cinématographique allant au-delà des effets spéciaux.
Démoli par le décès de sa fille, un généticien met au point une plante mutante qui se transforme en arme chimique gigantesque capable d’éradiquer le Japon, mais aussi Godzilla.
Année : 1989
Réalisation : Kazuki Ômori
Scénario : Shinichiro Kobayashi
Effets spéciaux : Kôichi Kawakita
L’histoire vient d’un concours pour trouver un nouvel adversaire pour Godzilla, un concours remporté par Shinichiro Kobayashi, un simple dentiste. Bon, évidemment le scénario a été quelque peu modifié, mais on en retient les Espers, la création de Biollante ainsi que deux ou trois autres petits trucs. Cependant, on incorpore un peu plus de farine au mélange pour l’épaissir question d’avoir un pain bien dense; ainsi, le Super X refait surface avec un miroir qui renvoie les rayons que crache Godzilla (sûrement l’arme favorite de Igor d’Hosgor), l’école des humains mutants surdoués (ça ne vous donne pas une impression de déjà vu?), et sans oublier les gouvernements de la Saradie — un État fictif du Moyen-Orient — et des États-Unis qui tentent de voler la formule développée par les scientifiques du Japon.
Je crois aussi qu’on illustre bien certains dangers de la guerre au-delà de l’utilisation de la bombe atomique, mais aussi des armes biochimiques. Godzilla s’effondre pendant son combat contre Biollante et tombe tête première dans l’eau, il s’éloigne ensuite; souffrant et malade avant de s’enfoncer dans l’océan d’où il ne ressortira pas de sitôt. Selon les lois de la Guerre (imaginez-vous que ça existe, comme dans un sport), une arme doit causer le moins de souffrance possible et de dommages collatéraux, dont les morts civiles. À mon avis, il ne peut y avoir de guerre propre, c’est pourquoi elle est à éviter.
Décidément, les véganes ne sont pas moins forts que ceux qui ont un autre régime alimentaire. Si Godzilla n’était pas déjà une preuve de cela, sûrement allez vous reconnaître la puissance de Biollante. J’en conviens, à voir la gueule qui se cachait au creux de la rose géante; et aussi en voyant comment elle n’a fait qu’une bouchée des agents spéciaux; je doute que son régime soit uniquement composé de minéraux, de Soleil et d’eau fraîche. Qu’elle soit faite à partir des cellules de Godzilla ou pas, une plante avec une bouche, ça a tout de même un nom qui dit tout (non… pas piranha plant; dans la vraie vie, je veux dire). Quoi, Godzilla? Venez pas me dire que vous pensiez qu’il mangeait du poisson; à 40,000 tonnes, savez-vous combien un lézard géant qui crache des bombes atomiques devrait manger pour avoir assez d’énergie? Oui effectivement, ça fait beaucoup de poissons monsieur Talapapouasie! Qu’il est donc drôle le personnage de Matthew Broderick! ARRRGH!!! …Excusez-moi, ça me fait ça à chaque fois.
Des voyageurs temporels utilisent Godzilla dans leur plan visant à détruire le Japon afin d’empêcher le futur règne économique du pays.
Année : 1991
Réalisation : Kazuki Ômori
Scénario : Kazuki Ômori
Effets spéciaux : Kôichi Kawakita
Tout écrivain qui se respecte sait pertinemment que jouer avec le voyage dans le temps c’est très risqué au point de vue narratif. Ce pourquoi la mode doit être au multivers depuis quelques années, car il est bien plus facile d’alterner la réalité d’une diégèse ainsi que de risquer de fâcheux paradoxes temporels. Godzilla VS King-Ghidorah n’est pas l’un de ces films; apparemment victime de son époque qui n’avait d’yeux que pour les trucs à la Back to the Futur, Twelve Monkeys ou même du côté de la bande dessinée X-men : Days of Futur Past par Chris Claremont en 1991. (Hum…L’œuf ou l’enveloppe?)
On revisite les origines de Godzilla et on en propose une intéressante pour King-Ghidorah qui s’était fait silencieux depuis sa dernière raclée. La terreur à trois têtes serait une combinaison de trois horribles Minilla volants nommés Dorat qui une fois exposés aux radiations d’une bombe atomique deviennent King-Ghidorah. Dans le processus, les antagonistes veulent empêcher la naissance de Godzilla en déplaçant le dinosaure à l’origine du roi des monstres et en y laissant les Dorats à la place. Pourquoi pas? Essayons d’effacer Godzilla de l’histoire, on va essayer le coup de Eobard Thawne dans les bandes dessinées du Flash. Malheureusement pour ses ennemis, la naissance de Godzilla ne peut être évitée.
J’ai mentionné comme quoi Godzilla s’en prenait plein les dents dans les films de l’ère Heisei, mais ici c’est King Ghidorah qui se fait remettre à sa place. Godzilla semble particulièrement violent quand vient le temps de se battre contre son nemesis à trois têtes (mais toujours pas de bras). Malgré le poison de Biollante qui affecte toujours Godzilla, King-Ghidorah ne peut absolument rien contre lui à part un kamikaze en plein milieu de l’océan; et même là, ça n’y fait rien. Je ne saisis pas tout à fait comment il peut être encore affecté par le poison anti-radiation alors qu’il n’est pas le même à cause du retour dans le passé… Mais bon, il est rare que les histoires de voyages dans le temps fassent du sens; celle-ci ne fait pas exception.
Le Japon est pris au milieu d’une bataille à trois entre Godzilla, la divine Mothra et son sombre homologue Battra.
Année : 1992
Réalisation : Takao Ôkawara
Scénario : Kazuki Ômori
Effets spéciaux : Kôichi Kawakita
À chaque fois que je crois avoir saisi comment Godzilla se comporte, je prends conscience du contraire. J’étais certain que Godzilla et Mothra étaient des amis comme plus, plus, là. Quand il y a un conflit entre les deux, je tombe dans un état d’incompréhension comme si j’étais un enfant qui voyait ses parents se disputer. Papa? Pourquoi maman et toi vous vous chicanez? C’est à cause de Battra, c’est ça? Lui là, je le déteste! Il pense qu’il peut juste débarquer comme ça et essayer de voler la place de Godzilla? Prise la main dans le sac, Mothra à forniquer avec un autre! Comment oses-tu?! Demande-toi pas pourquoi Godzilla sent qu’il peut faire confiance à personne! D’autant plus déplacé puisque la publicité pour ce volet propose un « three way » entre Godzilla, Mothra et Battra.
Euh…Mille excuses. Je sais plus trop où j’en étais. Battra c’est une méchante version masculine de la reine des monstres, il est techniquement l’antagoniste de ce long métrage-ci. C’est pas étrange qu’en deux films de Godzilla avec « Mothra » dans le titre, à chaque fois c’est pas Mothra le méchant Kaiju? Le scénario est complexe, plus que les autres films de la génération Heisei déjà mieux élaborés que ceux de l’époque Shôwa. Il n’y a pas assez de place pour tous ses retournements dans cette ville. Le climax final fait penser à un match de la WWE quand arrive le champion du ring pour intervenir dans le combat entre Mothra et Battra.
La thématique s’éloigne de la science-fiction pour nous parler de prophétie de fin du monde. La présence de Mothra teint continuellement les productions auxquelles elle est rattachée par cette touche de magie et de mystique, et c’est loin de me déplaire. Divertissant, sans l’ombre d’un doute, mais difficile à suivre par moment, Godzilla VS Mothra fait de son mieux pour élever la franchise encore plus haut. Contrairement à la fin de l’histoire, il semble avoir assez de force dans les deux papillons pour maintenir Godzilla en altitude et l’empêcher de retomber au fond de l’eau. Pourrais-je saluer les Shobijin, et leur dire que je les aime beaucoup? Ah… non, non. Je comprends. Une prochaine fois, alors.
Les Nations Unies assemblent l’arme ultime pour vaincre Godzilla, tandis que des scientifiques découvrent un nouvel œuf de ptéranodon sur une île isolée du Japon.
Année : 1993
Réalisation : Takao Ôkawara
Scénario : Wataru Mimura
Effets spéciaux : Kôichi Kawakita
Une histoire étrange avec un œuf géant, Rodan et Godzilla qui termine sa longue suite de défaites, mais pas sans se prendre une dernière fois pour Apollo Creed. Mechagodzilla II ne fait qu’une bouchée de son opposant, mais Rodan — le aves géant faisant souvent équipe avec Godzilla — devient Fire Rodan, et fusionne avec Godzilla. Le voici enfin qu’il renaît, le roi des monstres tel que nous l’avons toujours connu; indestructible, inarrêtable et invincible. Un pivot important dans la série qui confirme aux humains que la nature réserve toujours des surprises et que celle ou celui qui croit avoir mainmise sur les forces qui la régissent n’a pour possession que l’orgueil.
J’ai apprécié comment la continuité se fait sentir dans ce long métrage. Mechagodzilla II est construit à l’aide des pièces de Mecha-Ghidorah qu’on a pu voir à la fin de Godzilla VS King Ghidorah; on continue de suivre la psychique, interprétée par Megumi Odaka depuis Godzilla VS Biollante; la plus que divertissante équipe du Super X de Return of Godzilla; ainsi que plusieurs autres. Même Mechagodzilla fait une réapparition; le II ne représente pas le deuxième volet de la saga avec cet antagoniste — puisqu’on en serait techniquement au troisième —, mais plutôt la deuxième version de cette arme redoutable contre Godzilla.
Godzilla l’emporte haut la main contre son homologue d’acier et tout le monde est content. Cependant, quelque chose semble avoir changé chez lui. J’observais comment, suite à la fusion des deux Kaijus, Godzilla paraissait plus gros comme s’il était gonflé à bloc; un peu trop même. Son souffle bleu clair prend des teintes rougeoyantes gagnant significativement plus de puissance. J’avais l’impression qu’il pourrait exploser à tout moment. Le poison de Biollante l’affaiblissait encore au début du film, mais plus maintenant et rien ni personne ne pouvait prédire ce qui en résulterait; moi y compris. Godzilla VS Mechagodzilla II reste l’un de mes Godzilla favoris autant pour l’originalité de l’histoire que pour les effets pyrotechniques époustouflants.
Godzilla est menacé par deux nouvelles forces : M.O.G.U.E.R.A. – une autre machine construite par l’ONU; et Space-Godzilla — une bête née des particules de Godzilla qui ont muté dans l’espace.
Année : 1994
Réalisation : Kenshô Yamashita
Scénario : Hiroshi Kashiwabara
Effets spéciaux : Kôichi Kawakita
Après le succès de Godzilla VS Mechagodzilla II, je croyais avoir trouvé pourquoi les scénarios étaient beaucoup plus excentriques qu’à l’habitude. Ce que j’entends par là; la franchise est reconnue pour ses histoires extravagantes, mais depuis le début de l’ère Heisei, chaque histoire additionne les trames narratives. Je vous garantis qu’il est beaucoup plus difficile d’arriver en néophyte devant la bibliothèque des films de Godzilla et de commencer avec Godzilla VS Space-Godzilla que de suivre, par exemple, Godzilla VS Megalon. Bref, je croyais que la faute revenait à Kazuki Ômori de vouloir faire un peu n’importe quoi, mais maintenant je me dis que c’était peut-être juste comme ça à l’époque.
Je n’ai pas fait de faute de frappe ou de mauvaise traduction, le nom de l’antagoniste c’est vraiment Space-Godzilla, et même en japonais il s’appelle « Supêsu-Gojira » (faites l’accent dans votre tête, vous allez l’entendre). On nous présente une version vraiment moins intéressante de Mechagodzilla nommée M.O.G.U.E.R.A.. Lorsque l’on voit ces deux nouveaux venus sur la scène, on dirait une parodie ou un échec à copier sans trop que cela ne paraisse (comme Shadow the Hedgehog, oups). Quelqu’un aurait dû informer l’équipe du projet que Godzilla était déjà une propriété de Toho Co. pas besoin de réinventer la roue les gars.
Apparemment, même les films de Godzilla peuvent être sujets à utiliser la technique du gâteau renversé. Godzilla surgit des profondeurs de l’océan et Space-Godzilla des abysses de l’espace intersidéral; Mechagodzilla est créé dans le but de détruire Godzilla et MOGUERA vient à son secours (toutefois, à voir comment un trou noir ne peut rien contre notre lézard favori, j’ose croire qu’il peut s’en sortir seul maintenant). Même pour ce qui a trait à leurs habiletés, elles sont aux antipodes les unes des autres. L’un projette des rayons et préconise le corps-à-corps, l’autre renvoie les projectiles et préfère utiliser la force psychique; ou est-ce magnétique? Je ne sais plus trop. Beaux décors, effets spéciaux divertissants, mais l’histoire centrale laissera sans doute son public avec un sourcil relevé.
Les conséquences du Destructeur d’Oxygène font naître Destoroyah, une bête déterminée à tuer Godzilla, qui est au bord d’une fusion nucléaire.
Année : 1995
Réalisation : Takao Ôkawara
Scénario : Kazuki Ômori
Effets spéciaux : Kôichi Kawakita
Retour au début de Godzilla avec la recréation du « Oxygen Destroyer », mais cette fois-ci par la nature elle-même. Il semblerait qu’à ce point même Mère Nature en a ras le pompon du roi des monstres. Si vous vous souvenez bien, le Oxygen Destroyer était la seule arme capable de venir à bout de cette menace nucléaire dans le Godzilla original. C’est pourquoi le personnage interprété par Akihiko Hirata, à ce moment-là, s’était sacrifié en activant son arme de sorte que personne ne l’utilise ensuite. Sens-je une pointe d’ironie dans tout ça? Veut-on dire que toute découverte — qu’elle soit bonne ou mauvaise — ne peut être cachée bien longtemps; qu’il vaut plutôt mieux que ces technologies se retrouvent entre de bonnes mains?
Godzilla a chaud; très chaud. Pas seulement au sens figuré parce que son adversaire cette fois-ci sera de taille, mais je veux dire littéralement 1000 degrés Celsius et ça n’arrête pas de monter. Qu’est-il en train d’arriver à notre colosse pour qu’il soit rouge comme la braise? Selon moi, c’est à cause du moment dans Godzilla VS Mechagodzilla II où Fire Rodan donne son énergie à son seigneur et depuis, la puissance de Godzilla ne cesse de monter en flèche. Surpassant aisément son double descendu de l’espace ainsi que son doppleganger d’acier, il ne lui reste qu’à affronter l’incarnation de ce qui fut la perte de son prédécesseur.
Les humains doivent trouver une manière d’empêcher Destoroyah de tout détruire, mais si iels veulent avoir une chance de faire équipe avec Godzilla, iels devront faire vite. Une véritable course contre la montre s’amorce alors que le roi des monstres risque d’entrer en fusion nucléaire et détruire la Terre dans le processus. Bébé Godzilla est de la partie, mais sans ressembler à Minilla et c’est parfait comme ça. Seulement, cela rend la fin d’autant plus tragique. On dit que Godzilla cède sa place à la fin; mais vu les circonstances, je me demande si ce n’est pas plutôt comme ça qu’il mue et qu’on réalise à quel point on n’en sait peu sur cette créature.
5-Godzilla VS King-Ghidorah
L’action est époustouflante et l’histoire rocambolesque sait être captivante.
4-Godzilla VS Biollante
« We Ents do not like being roused; and we never are roused unless it is clear to us that our trees and our lives are in great danger. » J.R.R. Tolkien.
[Nous, les Ents, n’aimons pas être réveillés; et nous ne le sommes jamais à moins qu’il ne soit clair pour nous que nos arbres et nos vies sont en grand danger. — J.R.R. Tolkien.]
3-The Return of Godzilla
Une inspiration pour Rocky Balboa et Randy Marsh.
2-Godzilla VS Mechagodzilla II
Fire Rodan et Godzilla; Fu, Sion, HA!
1-Godzilla VS Destoroyah
La fin du règne du roi des monstres ou la sacralisation de sa suzeraineté éternelle; les deux me plaisent?
La nature nous rappelle sans cesse que les forces qui la régissent sont autant immenses et apparentes que minuscules et subtiles, contribuant ainsi à rester insaisissables dans leur totalité. Godzilla est aussi une représentation de ces forces; que l’on ne peut pas tout contrôler et que nous ne sommes pas maîtres de ses lieux. Il ne punit pas, il EST la punition. Maintenant, l’humanité est aux prises avec le fait que chaque nouvelle avancée technologique majeure pourrait attiser le feu de la guerre et recommencer la course à l’armement. Est-ce réellement dans notre nature de nous entre-détruire; ou est-ce la peur elle-même que nous partageons en tant qu’espèce qui nous pousse à commettre des actes destructeurs?
Les Japonais peuvent recevoir plus de 1500 secousses sismiques en une année, mais la majorité sont imperceptibles ou bénignes. Le matin du 14 septembre 2024, à 8h03, heure du Japon, un séisme a frappé les îles RyuKyu dont Okinawa (un endroit que préconise Godzilla) fait partie; et depuis les tremblements de terre ne cessent d’ébranler le pays, et pas juste un peu. Jusqu’à maintenant, le séisme de Noto, le premier janvier dernier, est un des plus importants cette année avec une force allant jusqu’à 7.5.
Les corrélations de ce genre sont celles qui m’empêchent de dormir la nuit; l’univers est si grand et si complexe, imaginez tout ce qui peut se tramer autour de nous sans qu’on le sache. Généralement, il se trame des choses sous notre propre nez et on n’y voit que du feu. C’est ainsi que comme Godzilla lui-même cet article tire à sa fin — part en fumée —, mais c’est pour mieux revenir dans un futur pas si lointain. À bientôt, cher lectorat, je vous laisse le cœur plein d’émotions comme lorsque dans leur folie les humains abattent une créature majestueuse et se regardent les yeux pleins de larmes en se disant : « Qu’avons-nous fait? ».
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