« It happens to a lot of people… It’s just that nobody talks about it. »
[Ça arrive à beaucoup de gens. C’est juste que personne n’en parle.]
Une jeune cinéaste, Vita (Odessa Young), revient sur sa première tentative chaotique de réalisation cinématographique, 15 ans plus tôt. C’était en tournant un film semi-autobiographique avec son amie Dina (Devon Ross), avec l’approche enthousiaste, mais inexpérimentée de Vita qui a fait sombrer le tournage dans le chaos, entraînant des perturbations importantes et un accident presque mortel.
Avec My first film, Zia Anger offre un film honnête qui montre ce que peut parfois vivre un jeune réalisateur qui tente d’en faire un peu trop alors que l’expérience n’est pas encore au rendez-vous. Ça montre aussi ce que c’est que de faire du cinéma lorsqu’on n’a pas beaucoup d’argent.
Dans My first film, la réalisatrice met en scène un bel exemple que ce qu’on appelle la Loi de Murphy. On pourrait aussi voir ça comme un bel exemple de ce qui arrive lorsqu’on n’est pas bien préparer à la réalisation d’un très gros projet.
Vita se lance dans la production d’un long métrage sans l’expérience nécessaire pour y arriver. Et encore plus important, sans gens d’expériences autour d’elle. Ajoutons à cela le fait qu’il n’y a aucune rigueur sur le plateau et que des gens qui n’ont rien à faire là sont continuellement sur place pour déranger.
J’ai tourné suffisamment de courts métrages pour savoir qu’un manque de planification et de rigueur ne peuvent que mener à un désastre. Et c’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’un long métrage. Mais avec cette histoire, Zia Anger ne se contente pas de raconter une histoire, elle démontre pourquoi faire des films est une tâche bien plus complexe que ce qu’imagine le commun des mortels.
On pourrait qualifier My first film de docu-fiction. La réalisatrice et scénariste s’inspire librement de sa propre vie et de la création de son premier film.
S’il y a une chose qu’Anger démontre bien avec son long métrage, c’est que la Loi de Murphy, en fait, ne raconte qu’une suite logique d’événements. Dans le cas qui nous intéresse, tout part d’un manque de rigueur de la part de la réalisatrice en début de projet. Une fois la tendance lancée, les autres membres de l’équipe technique finissent tous par travailler complètement stone, faire les choses à moitié, et ne pas se soucier du résultat. Lorsque la jeune réalisatrice tente de se reprendre en main, il est trop tard, elle a perdu son équipe.
L’utilisation du film dans le film permet, ici, de raconter les difficultés d’une jeune femme qui se cherche. Derrière les déboires professionnels qu’elle vit, il y a une grande recherche de soi qui transpire. Comme elle n’est pas capable de s’assumer en tant que personne (ce qui est souvent le cas pour les ados et les jeunes adultes), elle fait un film sur elle-même, en changeant certains éléments. En narration, elle nous raconte que son personnage est exactement comme elle, sauf que ceci, sauf que cela… L’idée est bonne et fonctionne très bien. Le récit reste ainsi léger tout en posant de nombreuses questions et en faisant passer quelques messages.
My First Film est le dernier ajout à MILLENNIAL MELTDOWN, la collection de films de MUBI mettant en scène des personnages déconcertés qui naviguent dans les courants violents d’une crise identitaire.
Ainsi, on ne peut pas s’attendre à un film très joyeux, mais plutôt à une lente chute vers le fond du baril. Mais lorsque la chute est bien racontée, le résultat est une œuvre de qualité, qui touche le spectateur sans utiliser le mélodrame.
Voici donc un film à ne pas manquer.
Bande-annonce
https://mubi.com/en/films/my-first-film/trailer
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