ABABOUINE - Une

Ababouiné — Un peu de lumière au bout du tunnel

« Pas de politique dans une province catholique. »

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Michel Paquette (Rémi Brideau) a 12 ans et est atteint de la polio. Il habite à Montréal avec sa grand-mère (Pascale Montpetit), en 1957. Au lieu d’aller à la messe le dimanche, il préfère se rendre à la maison d’édition Saint-Amours et filles pour y lire de la poésie. Le propriétaire, Archange Saint-Amours (Gaston Lepage), verra en Michel une relève pour le métier de typographe. Ensemble, les deux publieront Vive Le Québec Laïque!, un pamphlet qui veut retirer la religion des écoles et des tribunaux. 

Si le professeur de Michel, André Rochette (Martin Dubreuil), encourage le mouvement et souhaite amener ses élèves à apprécier l’amour de leur langue, le vicaire Cotnoir (Éric Bruneau) voit le pamphlet d’un mauvais œil. Avec l’appui du Cardinal Madore (Rémy Girard), les deux hommes utilisent leur pouvoir pour censurer le pamphlet, par tous les moyens. 

Furieux, Michel et ses amis feront tout ce qu’ils pourront, pour se faire entendre et se venger du clergé.

Mélanges de tons complexes

Faire une comédie sur l’époque de la grande noirceur au Québec n’est pas un défi facile. Même si certaines situations sont naturellement humoristiques de par le ridicule des rituels, il n’en reste pas moins que certains sujets sont plus difficiles à aborder avec légèreté.

Sans trop en révéler, il y a des scènes d’agressions sexuelles et de violence faite envers les enfants. André Forcier ne s’éternise pas sur les scènes plus dérangeantes et ne sensationnalise pas les actes. Et même s’il ne faut pas oublier que ce genre d’abus a existé et qu’il est important de la montrer, cela alourdit le récit. Il est difficile de rire, lorsqu’on sait ce que vivent certains personnages.

ABABOUINE - Cotnoir (Éric Bruneau) - Crédit photo Nathalie Moliavko Visotzky - Mélanges de tons
Cotnoir (Éric Bruneau) – Crédit photo Nathalie Moliavko Visotzky

Le vicaire Cotnoir est la figure emblématique de tout ce qui nous dégoûte de la religion. Si le film a des couleurs et une lumière chaleureuse, il utilise un éclairage plus froid et un décor plus austère lorsqu’il filme Cotnoir en contact avec les enfants. 

Même si le clergé a le mauvais rôle de l’histoire, il est agréable de voir une nuance dans le propos d’André Forcier. Car ce ne sont pas tous les membres du clergé qui sont aussi malfaisants que Cotnoir et le cardinal Madore. Et ce ne sont pas tous les personnages qui ont la foi qui sont mauvais. Délima, la grand-mère de Michel, est une fidèle croyante et est un personnage fort sympathique. Sa relation avec la religion sera d’ailleurs la source de plusieurs moments bien comiques. 

Un brin de fantaisie

André Forcier revient à ses sources, avec une œuvre qui entre dans son réalisme magique. Un style de narration qui passe bien, puisque le narrateur du film est Michel Paquette, un amoureux de la poésie. Les moments un peu plus magiques et fantaisistes peuvent alors s’expliquer par sa vision plus romantique du monde qui l’entoure.  

ABABOUINE - Le Matou (Miguel Bédard) - Photo Nathalie Moliavko Visotzky Copyright Filmoption - Un brin de fantaisie
Le Matou (Miguel Bédard) – Photo Nathalie Moliavko Visotzky – Copyright Filmoption

Le personnage étrange du voisinage est le meilleur ami de Michel, soit Le Matou (Miguel Bédard). Affublé de pattes de chats à la place de mains, il habite dans une remise avec une chatte qu’il appelle maman. Il a une force et une agilité supérieures aux autres et ses atouts lui seront bien utiles durant l’aventure de Michel et sa bande.

La distribution du film contient plusieurs acteurs de renoms. Plusieurs vétérans et nouveaux visages, qui se défendent tous très bien et parviennent à rendre leur personnage crédible, malgré l’aspect caricatural de certains. Une mention spéciale pour les enfants, qui arrivent à jouer plusieurs scènes assez complexes et qu’ils parviennent à rendre avec justesse. 

Trop à dire ou trop court

Le film nous montre une foule de personnages, dont chacun a sa petite histoire. Cela donne de la chair autour du récit et rend le tout très vivant. Cependant, on introduit plusieurs petites sous-intrigues qui n’auront pas ou quasiment pas de résolution. L’histoire n’est pas entravée pour autant, mais on reste avec l’impression qu’il y a encore des choses à dire ou qu’une scène a été coupée au montage. 

ABABOUINE - André Rochette (Martin Dubreuil) - Trop à dire ou trop court
André Rochette (Martin Dubreuil)

Malgré ses petits défauts, le film mérite d’être vu, car il aborde une période sombre de notre province, mais riche en changements. Une ode pour les rêveurs et les optimistes. 

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Ababouiné
Durée
94 minutes
Année
2024
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
André Forcier
Scénario
André Forcier, François Pinet-Forcier, Laurie Perron, Renaud Pinet-Forcier et Jean Boileau
Note
6.5 /10

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Fiche technique

Titre original
Ababouiné
Durée
94 minutes
Année
2024
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
André Forcier
Scénario
André Forcier, François Pinet-Forcier, Laurie Perron, Renaud Pinet-Forcier et Jean Boileau
Note
6.5 /10

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