Déroute - une

Déroute – Un voyage hypnotique 

 « America, the corrupted society. »
[Amérique, la société corrompue.]

Déroute - These Streets - Affiche

Une voiture parcourt lentement les rues sinueuses et les ondes radio des États-Unis d’Amérique, pour discerner les cicatrices du capitalisme dans les paysages naturels, les environnements urbains, les gens et les animaux sauvages. Une expérience audiovisuelle méditative et complexe, mixée en Dolby Atmos.

Mitchell Stafiej, réalisateur et concepteur sonore établi à Montréal, est à l’origine de plusieurs courts et longs métrages documentaires, expérimentaux et de fiction. Cette nouvelle œuvre est à la fois un objet contemplatif et une œuvre politique, de par les choix visuels et sonores, au sein des espaces traversés; souvent désolés, parfois malmenés.

Une route, des espaces

À la fin des années 80, le grand documentariste Robert Kramer retournait aux États-Unis afin de filmer un certain état des lieux de ce pays, à la suite des deux mandats de Ronald Reagan.

Déroute - Des espaces

De Cape Cod jusqu’à Miami, il y empruntait la « Route 1 » et y observait des disparités sociales, une montée des discriminations, un racisme devenu systémique. Mitchell Stafiej nous propose ici un voyage hypnotique et expérimental, à l’intérieur d’une voiture. Il utilise la caméra subjective, notre regard de spectateur se substituant à la vision du conducteur. Ce créateur réutilise certains éléments chers aux road-movies, au sein d’une Amérique parfois illuminée, transfigurée, métamorphosée. L’avancée de la voiture au gré des paysages nous permet d’observer une variété d’espaces : montagneux, désertiques, de banlieues ou de grandes villes, où les flashs et les néons semblent pallier la solitude de chacun. Le son de la radio est l’un des motifs du voyage : d’un son qui grésille lors des premières images, d’abord floues, puis distinctes, provient la voix d’un chanteur. Puis les informations se mêlent aux lectures engagées et poétiques, au cours de la durée du voyage.

Une société ambivalente 

Le réalisateur nous rappelle l’immensité du « wilderness », mais également l’empreinte de l’homme au sein de ces espaces. Immensité, silence, présence d’animaux sauvages… mais également resserrement, vacarme, destruction. 

Déroute - Une société ambivalente

Territoire d’accueil, ou d’assimilation? Où réside la différence, et comment survivre lorsqu’on sort du cadre établi par la société? « The culture is the tree » nous rappelle la voix de la radio, « environment will always scream ». Le montage établi par Mitchell Stafiej nous permet de passer d’un paysage enneigé où apparaît une station-service tel un tableau d’Edward Hopper, à celui d’une route de campagne sous la pluie, avec quelques maisons éparses. « Where there is people, there is power », tandis que les carcasses rouillées de voiture traînent, comme figées dans le désert. En parallèle de revendications sociétales, les grands magasins et les publicités des grandes villes envahissent un espace déjà surchargé d’individus. Les dernières images nous montrent quelques animaux qui passent sur la route, dociles, alors que le conducteur poursuit son voyage. Mais ne seraient-ils pas voués, eux aussi, à la destruction?

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Déroute
Durée
95 minutes
Année
2024
Pays
Canada
Réalisateur
Mitchell Stafiej
Scénario
Mitchell Stafiej
Note
9 /10

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Fiche technique

Titre original
Déroute
Durée
95 minutes
Année
2024
Pays
Canada
Réalisateur
Mitchell Stafiej
Scénario
Mitchell Stafiej
Note
9 /10

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