C’est en ex-Yougoslavie.
Tu connaissais la Chouvénie, toi?
Ben oui, quand même. Chouchou…
Christophe (Olivier Sitruk), un dramaturge incompris, tente désespérément de financer sa nouvelle pièce que doit interpréter Patricia (Juliette Arnaud), sa compagne. Il cherche de l’aide auprès d’un ancien camarade sur le point de se marier, qui invite le couple à passer un week-end à la campagne. Mais Patricia, en froid avec Christophe, ne prononce pas un mot devant les futurs époux, Jean-Luc et Nathalie (Arthur Jugnot et Elodie Fontan), pour lesquels elle n’éprouve aucune sympathie. Son mutisme persuade ses hôtes un peu naïfs qu’elle est en réalité étrangère. Trop contente d’embarrasser Christophe, Patricia décide de jouer le jeu et s’invente une langue et un pays, la Chouvénie. Le couple y croit dur comme fer, ce qui donne au quiproquo des proportions de plus en plus délirantes.
Librement adapté de la pièce de théâtre éponyme de Gilles Dyrek, Venise sous la neige d’Elliott Covrigaru porte sur la création artistique, sur une volonté de reconnaissance, sur le désir de laisser sa marque.
Quand on a un projet ou un rêve et que l’on veut que ça se réalise, on est parfois prêts à faire beaucoup de compromis. Mais à quel prix? On peut ainsi regretter certains compromis ou promesses vite prononcées. Et il ne faut pas non plus se mettre à dos nos alliés en pensant trouver de meilleurs alliés.
En mentant à Patricia, Christophe perd une alliée. Elle profite du quiproquo pour le mettre dans l’embarras. Elle s’invente un pays : la Chouvénie – en l’honneur des deux « Chouchou » qui les accueillent. Pourquoi Chouchou? Parce que l’un et l’autre s’appellent Chouchou, et bisou par-ci, et bisou par-là…
Patricia est excellente dans son rôle d’étrangère et, il faut dire, que leurs hôtes sont assez naïfs. Pour ne pas avoir l’air de ne pas connaître la Chouvénie, ils en rajoutent et partagent leurs connaissances (tout aussi imaginaires) sur la difficile situation des habitants de ce pays inventé. Jean-Luc incarne vraiment un Ti-Joe Connaissant (un monsieur je-sais-tout).
Deux bons moments : l’hymne national et la danse traditionnelle de Chouvénie. Jean-Luc et Nathalie embarquent complètement dans les folies de Patricia (sans savoir que ce sont des folies, évidemment).
Venise sous la neige a pour thème la « fausse générosité » : « il y a toujours une bonne raison de donner et qui plus est, quand c’est pour se débarrasser de ce dont on n’a pas besoin… c’est encore mieux! », expliquait le réalisateur.
Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour se donner bonne conscience? Offrir des produits même périmés (les gens dans la misère ne sont pas difficiles), d’autres défectueux (mieux vaut cela que rien) ou complètement inutiles (quand on n’a rien, tout fait plaisir). Disons que Patricia amasse, sans avoir rien demandé, tout un amas de choses (inutilisables) pour les gens de son pays.
Mais malgré la naïveté et le ridicule de certains personnages, on apprend à les connaître et on réalise qu’ils sont peut-être plus complexes qu’on aurait d’abord pu le croire… du moins, le pense-t-on un moment.
Le film s’ouvre et se termine sur des prestations théâtrales. Ces scènes encadrent un long huis clos dans la maison de campagne qu’occupent les tourtereaux. Et bien qu’il soit basé sur une pièce, on n’est pas dans du théâtre filmé.
Venise sous la neige est un film drôle, intelligent et délirant. Le film parfait pour décrocher et oublier ses soucis.
Note : 7/10
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