« Je ne peux pas en parler avec Richard. Il est convaincu que tout va bien. »
Dans les années 70, en Angleterre, une jeune famille s’établit sur la ferme familiale du grand-père paternel décédé. Richard (Matt Smith) avait une relation difficile avec son père et a décidé de déménager dans la maison de son enfance seulement pour aider l’asthme de son fils. Professeur dans l’école du secteur et archéologue, il est un homme de science qui aime son fils plus que tout. Cependant, sa femme Juliette (Morfydd Clark) et lui ne peuvent ignorer que leur fils Owen a des comportements étranges depuis leur arrivée. En effet, Owen fait des cauchemars fréquemment, il mentionne qu’un certain « Jack » siffle dans sa tête et est sujet à des crises de plus en plus intenses, qui se culminent en éborgnant un poney.
Les deux parents n’arrivent pas à s’entendre sur la manière de traiter les changements chez leur fils. Richard préfère se concentrer sur les bons moments et Juliette souhaiterait qu’Owen soit hospitalisé pour plus de traitement. Malheureusement, un matin, alors que Juliette semble prise dans une transe, Owen succombe à une de ses crises d’asthme. Accablé par le deuil de leur fils unique, chacun des deux parents s’isolera vers des sources de réconfort, soit le travail pour Richard, et le spirituel pour Juliette.
Cependant, leurs deux solitudes se retrouveront, lorsqu’un mystérieux arbre enfoui sous le terrain de la ferme sera déterré par Richard et qu’un enchaînement d’événements troublants les pousseront aux limites de leur sanité.
Malgré une prémisse intéressante, dans un lieu et une atmosphère idéale pour une histoire d’horreur de ce genre, le film ne parvient pas à créer la moindre tension pour nous maintenir en haleine. Si l’ambiance nuageuse et morne démontre bien la tristesse et le désarroi que vivent les deux parents suite au décès de leur fils et que la caméra granuleuse du film ajoute un cachet de plus à l’image, l’intrigue tombe à plat.
Starve Acre est l’adaptation du roman du même nom, écrit par Andrew Michael Hurley en 2019. Sans avoir lu le livre, je peux confirmer que le film semble rester fidèle à l’intrigue du roman, par les commentaires des lecteurs trouvés sur internet. Est-ce que l’enjeu provient donc du fait qu’il est plus difficile de transposer du livre en images les pensées et les motivations des personnages? Je présume, car les dialogues et l’intrigue peinent à expliquer aux spectateurs ce qui se passe dans la tête de Richard et de Juliette.
Si on comprend le deuil qu’ils vivent, les évènements qui en découlent et certaines de leurs décisions semblent venir de nulle part et on a l’impression qu’il nous manque des informations pour bien comprendre leurs agissements. Le film perd particulièrement du tonus dès l’arrivée de la sœur de Juliette, Harrie (interprété par Erin Richards), qui n’ajoute aucune tension et semble, par moment, n’exister que pour forcer le scénario à avancer.
De plus, on aurait pu croire que le fait que Richard est un professeur et un archéologue serait le prétexte idéal pour avoir plus de détails sur les événements surnaturels qui se produisent autour de la ferme et de l’étrange culte qui semble en découler. Pourtant, peu de détails seront révélés sur ce mystérieux Jack et la communauté qui semble le vénérer. Si dans certains cas, c’est agréable de garder un mystère, dans ce film, il aurait été agréable d’avoir un peu plus de viande autour de l’os.
Parlant de viande autour de l’os… Un des moments particulièrement réussis dans le film est la ressuscitation du lièvre. L’effet de recomposition du squelette trouvé par Richard sur son terrain est très bien réalisé. De voir les organes, la peau et les vertèbres apparaître tranquillement, comme par magie, offre un moment de tension et de curiosité macabre qu’il aurait été intéressant d’avoir tout le long de l’intrigue.
Malheureusement, une fois le lièvre totalement ressuscité, la marionnette utilisée n’est pas assez réaliste et brise l’illusion. Et je comprends qu’il est difficile de tourner avec de vrais animaux. Cependant, malgré l’effort mis pour rendre l’animatronique le plus réel possible, l’animal fait faux dès qu’il bouge un peu trop. Cela rajoute un défi de plus à l’intrigue, car le récit s’attend à ce que nous ressentions de la peur ou une menace provenant du lièvre.
Le rythme du film s’emballe vers la fin. Dans les dernières vingt minutes, tout s’enchaîne très rapidement et les actions des personnages semblent n’avoir pas de cohérence avec ce qu’on sait d’eux. Et ce n’est pas la faute des acteurs, qui sont tous très bons et se donnent à fond, même lorsqu’ils doivent interagir avec un lièvre animatronique qui fait faux. Le problème est qu’on ne comprend pas le cheminement psychologique qui explique leur agissement. Si la dernière image du film se veut perturbante, pour moi, elle m’a laissé indifférente, puisque j’étais complètement détachée de l’intrigue.
Pour finir, la musique n’est pas bien gérée dans le film. Dans plusieurs scènes, elle s’arrête de façon abrupte, ce qui donne l’impression d’un jump scare et fait décrocher de l’histoire.
Un film qui avait une bonne prémisse de départ et des bons acteurs à sa poche, mais qui n’a pas réussi à maîtriser son exécution, malgré quelques belles trouvailles.
Bande-annonce
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