« L’auteur doit payer pour les péchés. »
Le Festival Fantasia ne serait rien sans sa grande sélection de films coréens. Avec son penchant pour le cinéma de genre, les histoires surprenantes ainsi que le ton à la fois grandiloquent, tragique et violent, le pays offre un choix iconoclaste pour un événement aussi électrisant que le Festival Fantasia. L’édition 2024 n’y fait pas exception. Outre The Roundup : Punishment, le quatrième volet d’une saga à succès, 4PM, un thriller psychologique en compétition pour le Cheval Noir, et le film à sketches The Killers, on aura droit au film d’action Brave Citizen.
Adapté du webtoon éponyme de Kim Junghyun, le film suit une ancienne boxeuse qui souhaite refaire sa vie en tant qu’enseignante au sein d’un établissement réputé. Elle va cependant découvrir que les choses ne sont pas roses, car l’école sert de terrain de jeu pour un élève tortionnaire et cruel, mais avec beaucoup d’influence. Ne tolérant pas cette injustice, la professeure décide de l’affronter à grands coups de poing tout en portant un masque de chat (les miaulements traditionnels du festival ont tout à fait leur place ici.)
Avec ce pitch, on est très loin du film social scolaire sur l’intimidation. Il n’hésite pas du tout à aller dans la surenchère et à en faire trop avec des personnages très stéréotypés, dont un méchant proche de la caricature, des situations improbables et une morale bien visible. À la manière du film, la subtilité tombe à grands coups dans les dents.
Mais en même temps, cette surenchère sert le film. Voir un méchant aussi sadique, ça permet de mieux apprécier le moment où il se fait battre par l’héroïne, qui est de son côté attachante et sympathique à suivre dans son combat.
Ce genre d’histoire est très présent dans les œuvres coréennes. Brave Citizen peut d’ailleurs faire penser au film Veteran de Ryoo Seung-wan, dans lequel un policier fait face à un riche entrepreneur tout aussi imbu de lui-même. En même temps, dans un cinéma qui a souvent traité des illégalités entre les classes sociales, voir un prolétaire qui veut faire tomber un bourgeois qui se pense intouchable, ça leur fait plaisir.
De plus, le long-métrage se permet aussi de montrer un symbole de résilience contre le harcèlement, un problème qui est très répandu en Corée du sud et qui a causé le suicide de nombreux adolescents dans le pays. Même si certes, le sujet est ici abordé avec autant de nuance que la couleur noire.
Brave Citizen fait même mieux que Veteran, du moins dans son climax. Car si ce dernier se finit d’une manière plutôt décevante, le film de Park Jin-pyo se termine dans un grand face-à-face final, avec le public de Fantasia acclamant à chaque grand coup porté. La culmination des très chouettes scènes d’action du film.
Mais cette exagération qui parsème le film arrive cependant à jouer contre lui. Ça se voit lorsque le film tente de créer des moments dramatiques, car son aspect over the top fait que les grandes émotions que ces scènes veulent faire passer tombent à plat.
Brave Citizen est un très bon film d’action. Il est certes loin d’être le meilleur qui sort de la Corée du Sud, mais il a le mérite d’être énormément divertissant et est un choix parfait à montrer devant le public électrisant de Fantasia. De plus, le film a le potentiel pour une suite.
Brave Citizen est présenté au Festival Fantasia, le 20 juillet 2024.
Bande-annonce
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