« …Mais il n’était que 16h30. Ce médecin n’allait pas quitter notre maison avant 18 heures. »
Ayant œuvré toute sa vie en tant que professeur, Jung-in (Oh Dal-soo) décide de prendre une pause de son travail et de déménager à la campagne avec sa femme Hyun-sook (Jang Young-nam). Ils remarquent une autre maison dans les environs et laissent une note invitant l’occupant à venir leur rendre visite. Alors qu’ils s’installent dans leur nouvelle demeure, un homme s’appelant Yook-nam (Kim Hong-pa) se présente à leur porte dès le premier jour. Ils se rendent vite compte que l’homme se montre chez eux tous les jours à 16 h pile, et qu’il les quitte invariablement à 18 h précises. Chaque visite de deux heures amène son lot de moments angoissants, gênants et troublants, ce qui rend les époux complètement cinglés. Ils essaient de se débarrasser de l’importun alors que ce dernier devient de plus en plus insupportable à fréquenter. Ce qui avait débuté comme une banale rencontre de voisinage se transforme en un véritable cauchemar pour le couple.
Inspiré du livre Les Catilinaires de l’écrivaine belge Amélie Nothomb, 4PM est un captivant thriller psychologique, Imprégné d’une tension constante et de quelques moments de rires.
4PM est assez typique du cinéma coréen qui mélange les genres alors qu’on se retrouve au milieu d’un thriller psychologique dans lequel de beaux moments de rires se glisse. C’est une bonne façon de jouer avec le rythme cardiaque du spectateur tout en lui faisant oublier, par moment, qu’il se passe quelque chose de vraiment étrange.
En fait, le rire vient principalement lors des moments de malaise. Le couple se retrouve à recevoir cet homme plus âgé, qui est un médecin à la retraite (et donc socialement respectable) chez eux, sans réellement avoir envie qu’il soit là. Qui plus est, cet homme mystérieux entre, s’assoit et ne parle presque pas, se contentant de répondre à 95% par oui ou non, sans un mot de plus. Le couple voudrait bien l’inviter à partir, mais ça ne se fait pas en Corée. Déjà que nous aurions de la misère à le faire ici, au Québec…
Ainsi, surtout lors des premières visites, on rit lorsque Jung-in tente de faire la conversation. Puis en regardant les aiguilles de l’horloge avancer très, très lentement. Mais pourquoi est-ce que ce vieil homme se présente chez eux chaque jour pour ne rien dire, ou presque? Voilà la question qui tourmentera les protagonistes et le spectateur tout au long de ses cent quelques minutes.
À part les premières minutes, tout le film se déroule en un même lieu, soit le grand terrain où sont les deux maisons. Et outre quelques scènes dans la maison de Yook-nam et 2 scènes dans le bois derrière les maisons, tout se déroule dans la maison du couple.
On peut certainement dire que 4 PM est une autre preuve que pour faire un bon film, on n’a pas besoin d’effets spéciaux, de beaucoup de lieux ou de personnages ou d’action à couper le souffle. Tout ce qu’il faut, c’est un scénario solide, de bons dialogues et des acteurs qui jouent bien. Et c’est exactement ce qu’on retrouve ici.
Les trois acteurs principaux offrent un jeu en finesse, dans lequel le non verbal parle plus que les mots. Après tout, on parle d’un film qui mise sur les malaises en présence d’un inconnu. On ne peut pas parler, non? La mise en scène est toute aussi efficace. Des plans simples à 99% et quelques plans pour briser la normalité ici et là.
Il est dommage que ce genre de film n’arrive pas sur nos écrans plus souvent. Le cinéma coréen est un cinéma qui peut attraper autant le cinéphile moyen que celui plus expert. On en a un bel exemple avec ce film.
À part quelques longueurs ici et là, on a affaire à un film bien ficelé, avec une musique digne des grand films hitchcockiens. Mais vous n’aurez qu’une chance de voir ce film pour le moment…
4 PM est présenté au Festival Fantasia, le 18 juillet 2024.
Bande-annonce
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