« Nos conocemos? »
[On se connait?]
Berta (Nerea Barros) veut qu’Alex (Elías González) paie pour ce qu’il lui a fait quelques années auparavant. Déterminée à passer à l’action, elle fera tout ce qu’il faut pour qu’il se souvienne d’elle.
Avec Berta, Lucía Forner Segarra poursuit dans la thématique de la vengeance d’une femme qui a subi des abus tout en rendant le film divertissant et marquant. Du féminisme à travers le cinéma de genre, on ne voit pas ça souvent.
Berta raconte l’histoire d’une femme qui cherche à faire comprendre à un homme qu’il l’a blessée dans le passé. Même si ses méthodes peuvent paraître peu orthodoxes, elle fera valoir son point de vue.
Dans la même veine que son précédent court métrage, Dana, la réalisatrice espagnole poursuit dans l’idée de dénoncer les agressions que subissent les femmes en utilisant le cinéma de genre pour faire passer la dénonciation plus facilement. Parce que la sensibilité du sujet peut facilement faire déraper la conversation.
Ainsi, en mettant en scène une femme qui capture un homme afin de le forcer à réfléchir aux conséquences de ses actes, avec beaucoup de violence, le message passe étrangement plus facilement. Parce que si on est totalement honnête, les hommes en ont marre de se faire traiter d’agresseur. Et clairement, la réalisatrice a trouvé une bonne façon de passer son message. Le tout dans un film hautement divertissant.
On voit souvent la thématique du trauma persistant dans le genre du drame, et parfois de la comédie – lorsqu’on veut le présenter de façon plus légère. Mais ces deux genres sont surtout appréciés par une clientèle féminine. Du coup, peu d’hommes sont touchés et ainsi possiblement sensibilisés.
Mais voici qu’arrive Lucía Forner Segarra avec des films qui se rapprochent beaucoup plus de ce que les hommes apprécient : les histoires de vengeances et la violence. Normalement je dirais que c’est con qu’une femme s’abaisse à créer des films de genre utilisant la violence strictement pour faire jouir son audience, tel que les hommes le font à Hollywood. Mais dans ce cas-ci, c’est complètement justifié et efficace.
L’image crue et la violence psychologique et physique sont marquantes et parfaitement intégrées à une histoire que beaucoup de femmes ont vécue. On peut certainement voir ce film comme une réponse aux #MeToo de ce monde. Évidemment, la vengeance d’une personne qui commence à en mutiler une autre pour lui faire comprendre que ses actes impunis étaient répréhensibles n’est jamais une très bonne option. Mais en voyant Berta, on se dit que parfois, peut-être (juste peut-être) que ça pourrait en faire allumer quelques-uns.
En tout cas, la force des séquences de Berta donne à réfléchir tout en s’amusant.
Fantasia commencera dans un peu plus d’une semaine. J’avais donc envie de vous offrir un petit avant-goût. Et si les autres courts métrages présentés dans la section Born of women 2024 ressemblent à celui-ci, on aura un beau programme.
Quant au film qui nous intéresse ici, il s’agit d’un beau mélange de violence, drame, féminisme et plaisir. Profitez-en!
Berta est présenté au Festival Fantasia, le 28 juillet 2024.
Bande-annonce
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