Tu es en train de virer folle ma chère…
Une collision avec un mouton sur une route de campagne déclenche toute une série d’expériences étranges et troublantes pour Anna (Birgit Minichmayr) et Nick (Philipp Hochmair) qui les laisse finalement incapables d’être certains d’où ils se trouvent exactement : dans le monde réel, dans leur propre imagination, ou même dans l’imagination de quelqu’un d’autre.
Animals (Tiere), de Greg Zglinski, est un genre de cauchemar lynchien dans lequel les personnages sont pris dans une spirale descendante où la réalité et la folie se mélangent pour laisser le spectateur dans l’inconfort.
Dans Animals, on suit un couple au bord de l’éclatement dans une descente psychologique. En quittant leur demeure pour 6 mois afin de travailler et de tenter de refaire leur couple, les deux personnages laissent leur maison à Mischa, une collègue de Nick.
Dès ce moment, une série d’événements étranges nous amèneront dans un univers où la réalité et le songe se mélangent pour créer une folie chez les personnages. Le spectateur n’en est pas moins hypnotisé. À l’image des personnages, on ne sait plus trop quoi penser. On se questionne et on tente de comprendre. Tout comme dans 8½ de Fellini, les univers se chevauchent sans réel contraste. Il est donc impossible de savoir quelle version est la vraie. Et comme dans le cas présent on parle d’un couple qui se déchire, on en vient à ne plus savoir lequel croire.
Nick ment-il de façon éhontée à sa femme afin de coucher avec toutes les femmes qui ressemblent étrangement à Andrea, sa maîtresse réelle? Ou si Anna a plutôt de sévères séquelles de l’accident? Est-elle simplement jalouse compulsive? Ou peut-être est-ce Nick qui la manipule?
Quoi qu’il en soit, tous deux pensent qu’un voyage leur ferait le plus grand bien. Mais qu’en est-il réellement?
Avant même d’arriver à destination, une collision avec un mouton suscite une série d’expériences déconcertantes et, bientôt, ni Anna ni Nick ne sont en mesure de distinguer les faits de la fiction, la nuit du jour, la jalousie de la réalité. Et nous non plus d’ailleurs.
Il y a peu d’action en tant que telle dans Animals. Mais la tension psychologique est à son comble. On a l’impression qu’un des deux personnages finira par tuer l’autre. On se demande si l’un des deux est en train de perdre la raison. On ne sait pas si Andrea, la maitresse de Nick, s’est réellement suicidée. On ne comprend pas trop qui est réellement Mischa. Mais, au fait, qu’est-ce qui se cache derrière les portes au fond des couloirs? Étrangement, autant dans la résidence du couple (où habite Mischa) que dans l’énorme maison louée par Nick et Anna, la porte du fond, juste à côté de la chambre à coucher, est barrée. Et de drôles de bruits en proviennent.
Mais vraiment impossible d’ouvrir ces portes…
Animals n’est pas sans rappeler Rosemary’s baby (pour la relation du couple) ou Mulolland Drive (pour le traitement des personnages).
Et ici, comme dans les deux films cités précédemment, le réalisateur ne se gêne pas pour laisser des questions sans réponses. Et chaque nouvelle question nous amène à vouloir en comprendre plus. Mais sans nous le permettre.
Zglinski réalise cet hybride étrange entre mélodrame conjugal et film d’horreur surréaliste avec un doigté brillant. Les dialogues incisifs permettent au film de bien manipuler le spectateur afin de l’amener à bon port. Ou est-ce vraiment le bon port? 😉
Note : 8/10
* Le film sera projeté à Fantasia les 16 et 18 juillet.
© 2023 Le petit septième