« Could a spider grow twice as big in a couple of hours? »
[Est-ce qu’une araignée peut doubler de taille en quelques heures?]
Par une nuit froide et orageuse à New York, un objet mystérieux tombe du ciel et brise la fenêtre d’un immeuble délabré. C’est un œuf, et de cet œuf émerge une étrange petite araignée…
La créature est découverte par Charlotte (Alyla Browne), une jeune fille rebelle de 12 ans, qui l’adopte immédiatement comme animal de compagnie. À mesure que la fascination de Charlotte pour l’araignée augmente, la taille de celle-ci augmente également. Grandissant à un rythme monstrueux, l’appétit de la créature pour le sang devient insatiable.
Avec Sting, Kiah Roache-Turner offre un film d’horreur qui se perd dans son côté comique pour laisser le spectateur insatisfait. Le résultat est ainsi un film beaucoup moins intéressant que la technique utilisée pour le réaliser.
Je ne vais pas m’attarder sur le négatif, car je n’aime pas taper sur un clou inutilement. Je serai donc bref afin de passer plus de temps sur ce qui est intéressant dans ce film.
L’intrigue n’est pas particulièrement nouvelle, bien que certaines parties soient intéressantes. L’idée de situer l’intrigue au sein d’une famille en crise amène un certain intérêt qui va au-delà du film. Il s’agit d’une famille reconstituée qui a ses secrets, ses beautés et ses difficultés. La petite famille est représentée de façon plutôt réaliste, avec un couple qui tente de faire accepter non seulement la séparation et la nouvelle union à une adolescente, mais aussi la venue d’un bébé qui est l’enfant des deux membres de la famille. Du coup, l’adolescente se sent menacée. Elle a l’impression de perdre sa place dans la famille.
Ce thème de la famille brisé revient d’ailleurs dans l’œuvre de Kiah Roache-Turner. Il aime mettre en scène des familles brisées, traversant des périls puis se réunissant. C’est le thème de Sting, et c’est le thème de tout ce qu’il a fait, même si auparavant cela était très superficiel par rapport à Sting.
Mais le film reste prévisible et décevant au niveau des meurtres et de l’horreur. À aucun moment le spectateur n’est dégoûté, et jamais il n’a peur ou ne sursaute. Ainsi, on se retrouve avec un film qui n’a pas une intrigue très forte et qui ne donne pas de sensations fortes non plus.
Par contre, ce qui est vraiment intéressant dans ce film, c’est la création de l’araignée, une belle réussite technique qui mérite de s’y attarder.
Trop souvent, les films d’horreur misent tout sur les effets spéciaux créés numériquement – le fameux CGI. J’ai écrit, il y a quelques mois, comment la série de films avec Chucky n’utilise pas ces effets numériques afin de miser plutôt sur une poupée réelle, manipulée par une équipe d’humains. L’équipe derrière Sting a fait le même choix, pour un résultat plus que convaincant.
La créature découverte par Charlotte, une jeune fille rebelle de 12 ans obsédée par les bandes dessinées, est une petite araignée qui grandit rapidement.
Son appétit pour le sang devient rapidement hors de contrôle. Bientôt, la famille de Charlotte et les personnages excentriques du bâtiment se rendent compte qu’ils sont tous piégés, pourchassés par un arachnide vorace surdimensionné ayant un goût pour la chair humaine… et Charlotte est la seule à savoir comment l’arrêter.
Voici comment cette créature prend vie…
L’atelier Weta, cinq fois lauréat d’un Oscar®, dirigé par le directeur créatif Richard Taylor (Blade Runner 2049, King Kong, la trilogie du Seigneur des Anneaux), a créé les effets physiques de Sting dans son atelier en Nouvelle-Zélande. Des innovations technologiques récentes ont permis à Weta de produire une araignée physique sous la forme d’une créature entièrement imprimée en 3D – une tâche énorme compte tenu de son ampleur, de la complexité du mécanisme et de la quantité d’action qu’elle allait devoir faire sur le plateau.
« Nous ne l’avions jamais utilisé sur le plateau auparavant, c’est donc avec une certaine appréhension que nous avons opté pour un matériau d’impression 3D semi-flexible, mais très résistant pour une grande partie de la construction. Le mécanisme interne a été presque entièrement imprimé en 3D avec des engrenages métalliques, des surfaces d’appui en métal, etc. Mais une fois assemblée, il s’agit probablement d’une solution imprimée en 3D à 90 % d’un modèle numérique très complexe… et puis les plates-formes physiques sur lesquelles il roule ont toutes été construites grâce à notre atelier d’ingénierie de manière traditionnelle.
Richard Taylor
Fondamentalement, Sting est une marionnette, manipulée par trois ou quatre personnes qui actionnent les jambes à l’aide de perches qui sont ensuite peintes numériquement. Imaginez le défi de manipuler 2 bras à la fois pour créer un mouvement fluide. Et puis faites cela avec trois ou quatre autres personnes sur huit pattes et vous commencez à comprendre les réalités du niveau d’entraînement, de pratique et de répétitions requis par une équipe de personnes pour être capable de déplacer une araignée de manière crédible, tout en se déplaçant dans un environnement claustrophobe et confiné.
Ensuite, il y a un autre marionnettiste qui s’occupe du mécanisme qui permet à la créature de se déplacer de haut en bas, d’avant en arrière. Parfois, à l’aide de câbles, parfois grâce à une fente sur le sol avec des marionnettistes en dessous.
Et en collaboration avec ce groupe, il y a des servo-opérateurs radiocommandés qui actionnent les pédipalpes pour créer le mouvement tridimensionnel, l’entrée et la sortie des crocs, l’ouverture et la fermeture de la bouche, la façon dont le thorax se déplace contre l’abdomen, la façon dont les choses s’articulent…
« Pour rendre les choses encore un peu plus compliquées, le réalisateur voulait aussi que Sting crache du venin. Nous avons donc imprimé des tuyaux à venin en 3D dans la structure interne de la tête de la créature pour faire couler ses dents avec du venin. »
Richard Taylor
L’équipe a même créé de la bave et des crocs imprimés en 3D avec leur propre plomberie – pas plus grande qu’un diamètre d’aiguille – afin qu’ils dégoulinent également de venin. Ainsi qu’un mécanisme de pulvérisation qui éjecte le venin hors de la bouche.
Pourquoi se donner tout ce mal, vous direz? Parce que pour les acteurs, c’est tellement plus facile d’être crédible lorsqu’on interagit avec une créature réelle qu’avec une balle accrochée à une tige sur un fond vert.
« The great thing about a physical spider is that it interacts with the lights and the shadows in the studio, and it interacts with the actors, which is fantastic for performance. My biggest issue with digital is that it’s not tactile, it’s not textural. And fear is all about the tactile and the texture so if that’s not in the room, then it can’t scare you. And that’s why to me all the best films from the 70s and 80s like John Carpenter’s The Thing, or Spielberg’s Jaws or Ridley Scott’s Alien, all have creatures that are clearly interacting with the actors, locations and the play of light and shadow. » [Ce qui est formidable avec une araignée physique, c’est qu’elle interagit avec les lumières et les ombres du studio, ainsi qu’avec les acteurs, ce qui est fantastique pour la performance. Mon plus gros problème avec le numérique, c’est qu’il n’est ni tactile, ni textural. Et la peur est avant tout une question de toucher et de texture, donc si ce n’est pas dans la pièce, alors cela ne peut pas vous effrayer. Et c’est pourquoi, pour moi, tous les meilleurs films des années 70 et 80, comme The Thing de John Carpenter, Les Dents de la mer de Spielberg ou Alien de Ridley Scott, ont tous des créatures qui interagissent clairement avec les acteurs, les lieux et les jeux d’ombre et de lumière.]
Kiah Roache-Turner
D’ailleurs, le jeu de Alyla Browne est convaincant. Ce qui n’est pas le cas des personnages âgés qui surjouent.
Autre détail plutôt amusant : les toiles épaisses et collantes de Sting qui piègent les humains et les animaux ont également été créées physiquement sur le plateau plutôt que numérisées par les départements VFX et artistiques.
Ça devait être assez amusant de badigeonner les acteurs de ce truc visqueux lors du tournage. Ces toiles sont épaisses, sculpturales et organiques. Essentiellement, elles semblent provenir d’une substance sale, dégoûtante, dégoulinante, gluante, semblable à de la morve. Pas facile le métier d’acteur. 😉
Sting reste un film plutôt ordinaire qui ne surprendra personne. Mais qui vaut aussi le coup d’œil lorsqu’on comprend comment il a été fait.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième