« Les meilleurs capitaines sont ceux qui haïssent être capitaines. »
Historiquement inexacte
Our flag means death (Le pirate gentleman en français), raconte l’histoire de Stede Bonnet (interprété par le talentueux Rhys Darby) en 1717. Il mène une vie bien rangée, avec une femme et deux enfants, ayant suivi le parcours tracé par son père. Cependant, il n’est pas heureux. En secret, il se fait construire le bateau de ses rêves et abandonne son mariage sans amour et sa vie sans passion pour devenir le capitaine de la Revenge sous une nouvelle identité; Le pirate gentleman. Avec un équipage haut en couleurs, il fait la rencontre de son idole, Edward Teach alias Blackbeard (joué par Taika Waititi, toujours aussi charismatique). Ce dernier le prendra sous son aile pour lui montrer comment être un vrai pirate, en échange de leçon sur l’étiquette, car Blackbeard espère secrètement voler l’identité de Stede pour prendre sa retraite et sa fortune.
Une amitié sincère se développera entre les deux hommes, qui se comprennent et réalisent avoir beaucoup en commun, malgré leur statut et éducation radicalement opposés. Au cours de la saison 1, plusieurs péripéties se dresseront sur leur chemin, que se soit une chasse au trésor douteuse, un dîner aristocrate passif-agressif, le retour d’un ancien comparse pirate ou une attaque surprise de l’armée britannique, Stede et Edward seront confrontés à leur passé respectif et devront y faire face, s’ils ne veulent pas mettre leur futur en péril.
Bien que la prémisse de la série soit historiquement factuelle, le créateur David Jenkins se permet beaucoup de liberté. Certes, Stede Bonnet a bien existé, abandonné sa famille pour devenir un pirate, a rencontré Blackbeard et son premier maître Israël Hands (joué par Con O’Neill) et se sont côtoyés pendant un certain temps.
Stede Bonnet (Rhys Darby)
La plupart des personnages secondaires, leurs aventures et les relations qui se développent entre eux sont fictives, mais sans pour autant être impossibles.
Marginaux, barbares et queers
La série nous offre une belle représentation de personnages LGBTQ, ainsi qu’un casting diversifié, qui colle bien à l’univers de la piraterie. Car dans la culture populaire, les pirates sont représentés comme étant des gens vivant en marge de la société.
Ainsi, que se soit le multiculturalisme de plusieurs membres de l’équipage, l’identité de genre de Jim (Vico Ortiz), la relation amoureuse non exclusive de Lucius (Nathan Foad) et de Pete (Matthew Maher), les 19 maris de Spanish Jackie (Leslie Jones) ou les femmes pirates Archie et Zheng Yi Sao (introduites dans la saison 2 et jouée respectivement par Madeleine Sami et Rubio Qian), il est satisfaisant de voir ces personnages exister dans une série d’époque. Certaines mauvaises langues pourraient y voir une relecture historique woke. Pourtant, tous ces éléments dans la série sont mis en place pour être en opposition avec une société sous le joug des grands empires menés par des hommes blancs, hétéros et monogames et ne font pas tache à ce monde de pirate. De plus, je tiens à rappeler que de célèbres femmes pirates ont navigué les mers et que le matelotage était une pratique reconnue et très commune chez les marins et pirates durant le 17e et 18e siècle.
Cependant, n’allons pas croire que la piraterie est sans norme ou structure sociale. Dans un monde aussi cruel que celui des pirates, la force brute semble être l’unique voie. Pas de place pour les sentiments, la compassion ou l’écoute. Si un problème se présente, on doit sortir les armes.
Une structure que Stede Bonnet vient chambouler, au plus grand plaisir d’Edward, qui en a marre de son rôle de Blackbeard, mais au grand désarroi du premier maître de ce dernier, Israël Hands, qui refuse de voir la légende de Blackbeard perdre de sa prestance au profil d’un gentilhomme.
Attention à celui qui réveille le Kraken
La finale de la saison 1 fut brutale. Beaucoup de trahisons et d’émotions ont rempli les 30 minutes du 10e épisode. Et la saison 2 commence exactement là où elle nous avait laissés.
L’équipage est séparé, la folie règne sur le bateau de la Revanche, le sang coule à flot, une jambe est amputée et Stede, qui n’a plus un sou à son nom, doit travailler pour espérer retrouver Edward et réparer ses erreurs.
Cette nouvelle saison part en force et les trois premiers épisodes ne perdent aucune occasion pour nous montrer la descente aux enfers de Blackbeard et de l’impact que cela a sur les gens autour de lui.
Au moment d’écrire ces lignes, 7 des 8 épisodes de la saison 2 sont disponibles sur la plateforme Crave. La finale a eu lieu le jeudi 26 octobre. Sur les 5 épisodes que j’ai visionnés, je suis toujours aussi satisfaite de cette série. Les personnages sont toujours aussi attachants, leur évolution est cohérente, les péripéties restent délirantes et j’espère que la finale nous vaudra une 3e saison. Car cette série est comme une tasse de thé avec 7 sucres; chaleureux, réconfortant et super sweet, parce qu’avec 6 sucres, ça ne serait pas pareil.
