« Ça coûte combien un logement à Montréal? »
Que représente pour vous un logement? Comment décririez-vous le concept de logement?
La crise du logement est sans doute le débat qui déchaîne les passions québécoises depuis ces 3 dernières années. Ce toit chéri par tant de personnes, devenu un acquis social au fil du temps, est en train de se dérober des mains d’une frange de la population fragile qui crie sa détresse dans Ma citée évincée.
Documentaire réalisé par Laurence Turcotte-Fraser et Priscillia Piccoli, Ma cité évincée relate une situation des plus préoccupante.Que ce soit au cœur des centres de jour qui débordent, le démantèlement des campements ou encore en évoquant le cas du Manoir La fontaine. Cet Immeuble de 90 logements sur le Plateau Mont-Royal, devenu un symbole de résistance et dont le film suit sa bataille judiciaire.
Si le documentaire vous paraît décousu, c’est absolument normal!
Comme le soulignent les deux réalisatrices, c’est une œuvre filmée sans scénario, les scènes s’écrivaient au fur et à mesure de leurs rencontres et des évènements qui se présentaient devant elles.
Plantant leur caméra là où une majorité de personnes détourneraient leur regard comme celui du boisé Steinberg ou encore le feu campement Notre Dame où y retrouve Guylain Levasseur : pair aidant et visage familier des médias sur la question des sans-abris. Ma cité évincée est authentique et sincère par sa démarche très engagée socialement, mais aussi terriblement cru par les images qu’il montre.
Pendant les 2 ans de confection de ce documentaire, Laurence Turcotte-Fraser et Priscillia Piccoli ont pu entrer dans l’intimité de Pascal, Francine, Renée et Maggie; des locataires du Manoir Lafontaine. Des visages qui auraient pu être n’importe qui d’entre nous. Des portraits de personnes plus fragiles que jamais psychologiquement pour qui la vie peut basculer lors du verdict final du juge, mais dont la détermination pour faire valoir leur droit force le respect et l’empathie.
Car, si Ma citée évincée donne une voix à ceux qui n’en ont pas, il donne également conscience de la magnitude du problème auquel les responsables (surtout politique) font face. D’ailleurs, ces derniers n’apparaissent pas sauf pour quelques passages, où on voit Manon Massé (Député QS), venir apporter son soutien lors des évènements du Manoir Lafontaine.
Laurence Turcotte-Fraser et Priscillia Piccoli filment le concret, le brut, les images qui font mal aux yeux et au cœur. Montrant Montréal « la dernière grande ville abordable en Amérique du Nord » sous son jour le plus mauvais pour rappeler que des personnes telles que Loan Nguyen du Manoir Lafontaine, Michel Monette de CARE Montréal ainsi que Guylain Levasseur du feu campement Notre-Dame se démènent chaque jour pour repenser les plaies de cette ville dont les itinérants sont malheureusement devenus des parias. Les autorités les font partir de leurs campements de fortune, mais pour les emmener où? se demande une travailleuse sociale.
Ma cité évincée est un documentaire court (80 minutes), mais direct dans son propos, véhiculant son message via une mise en scène spontanée et captée sur le vif.
« Montréal est la dernière grande ville abordable en Amérique du Nord », mais l’est-elle encore? C’est la question qui plane toujours, irrésolue. Question sentant le soufre, pouvant faire basculer la vie d’une personne ou d’une famille. Derrière un logement, il y a une vie que la crise du logement peut à tout moment rénovincer.
Bande-annonce
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