« Rattrape-la! »
Dans Mars Express, un mélange de science-fiction et de film noir, une détective privée nommée Aline et son partenaire androïde Carlo enquête sur la disparition d’une étudiante en cybernétique. Cette simple enquête donnée par un père de famille mettra cependant en lumière une grande conspiration qui bouleversera la planète Mars.
Le cinéma de science-fiction et d’animation sont des genres appréciés par de nombreux cinéphiles. Cependant, ils sont pas mal délaissés par le cinéma français. Les raisons sont nombreuses, mais une des causes les plus probables est que ce type de films sont très coûteux ou sont considérés comme des sous-genres destinés aux enfants par les grands élitistes du milieu cinéphile français. C’est d’autant plus dommage quand on sait que des artistes français ont apporté leurs titres de noblesse à la science-fiction (Jules Verne, Moebius), à l’animation (Le roi et l’oiseau, Kirikou et la sorcière) ou même aux deux à la fois (La planète sauvage de René Laloux). Cette année, on a le droit à un autre exemple avec Mars Express, présent dans la programmation Temps 0 du FNC.
Le film est réalisé par Jérémie Périn, un jeune animateur ayant travaillé dans des clips musicaux ainsi que la séquence d’ouverture du Gainsbourg vie héroïque de Joan Sfar. Il est surtout connu pour être derrière la série Lastman, basée sur la bande dessinée éponyme de Bastien Vivès et Balak. Une série qui a connu un joli succès critique et public, surtout quand on sait que ce genre de séries a du mal à être produit en France. Suite à ça, la case cinéma était une étape inévitable pour lui.
On peut dire que visuellement, le film est somptueux. Cela passe avant tout par l’animation, mélangeant habilement le dessin à la main ainsi que l’image de synthèse et qui démontre un travail sublime de la part de l’équipe d’animateurs. J’aime particulièrement les expressions du visage, notamment les petits sourires en coin d’Aline qui rend ce simple personnage dessiné à l’encre (ou sur une tablette graphique, c’est une façon de parler) comme quelqu’un de vivant à l’écran. Cette beauté visuelle passe ici par la direction artistique, donnant à l’image un futur à la fois lointain avec des voyages spatiaux ou des robots qui se promènent dans les rues, mais aussi avec des éléments tout simples, mais futuristes, comme des photos qui fonctionnent comme des iPad ou des indicateurs de sobriété.
On sent très vite les références du réalisateur, que ce soit Blade Runner, Ghost in the Shell, 2001 l’odyssée de l’espace, Robocop et de nombreuses histoires policières. Si on ressent l’impression de faire face au travail d’un passionné mettant en valeur les films et les livres qui l’ont passionné, ces nombreuses influences ont cependant la mauvaise habitude de prendre le dessus sur le film. On peut vite ressembler au meme de Leonardo Dicaprio dans Once upon a time in Hollywood.
Si l’enquête du film reste prenante, on a quand même vu le même principe ailleurs. J’ai même entendu certaines voix sur Internet comparer le film à I Robot de 2004 (en même temps, les deux films traitent du même sujet). Si ce n’était que ça, mais une bonne partie du climax du film est un mélange du combat entre Robocop et l’ED-209 ainsi que la confrontation entre le Major et le tank-araignée dans Ghost in the Shell.
Le film ne manque cependant pas totalement d’originalité dans ce qu’il raconte, à commencer par son concept des sauvegardés, des androïdes possédant la mémoire d’humains décédés. C’est le personnage de Carlo, tourmenté entre sa nouvelle naissance et son dur passé avec sa famille, les capacités qu’amène son corps bionique et les limites que donnent les directives des robots dans cette société. C’est un message très intéressant que le film explore. Et puis il y a la fin. Sans spoiler, elle est très surprenante et ramène plutôt bien au message assez nuancé du film.
Mars Express a peut souvent tendance de se noyer dans les films qui l’ont influencé, à un moins de pomper certains aspects, c’est un plaisir de voir un long-métrage d’animation, pour adulte, loin des standards Disney en plus d’une histoire de science-fiction originale, tout ça par des artistes français. Ce genre d’initiative mérite certainement le prix d’un billet de cinéma.
Mars Express est présenté au FNC les 10, 13 et 14 octobre 2023.
Bande-annonce
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