Et quand tu m’as pris la main, tu m’as pris pour quoi?
Un labrador, hein?! Wouf! Wouf!
Marie (Alix Vaillot) est une adolescente passionnée de violoncelle et très douée à l’école. Victor (Jean-Stan Du Pac) est un garçon sympathique, dynamique, mais qui connaît quelques difficultés scolaires. Ignorant que Marie est en train de perdre la vue, Victor tombe amoureux d’elle. Et petit à petit, à sa grande surprise, Marie se met à l’aider… Lorsque Marie lui révèle son secret, un pacte est conclu entre les deux adolescents : Victor l’aide à cacher son état afin qu’elle puisse passer le concours d’entrée au conservatoire. Une amitié indéfectible va naître de ce duo improbable, prêt à tout pour faire front face au reste du monde.
Présenté en compétition officielle et en ouverture du 20e Festival international du film pour enfants (FIFEM), Le coeur en braille de Michel Boujenah est une adaptation du roman de Pascal Ruter. Le film est écrit du point de vue de la jeune fille alors que le livre adoptait celui du garçon. Ce long métrage qui s’adresse à des jeunes rappelle par les thèmes abordés (amitié, amour, relations familiales, défis à relever, rêves à réaliser, etc.) les films de la série québécoise « Contes pour tous ».
Les enfants sont généralement déterminés. C’est une qualité essentielle qui, si elle est entretenue, peut permettre à certaines personnes d’allez au bout de leurs rêves. Les rêves ne sont pas tous réalisables, mais, si l’on ne tente pas sa chance, on échoue inévitablement.
Marie veut à tout prix devenir musicienne. Elle a le talent, la volonté, mais ses problèmes de vision sont un empêchement. Ils ne le sont pas de son point de vue, mais de celui de ses parents, surtout de son père (Charles Berling). Victor, qui tient beaucoup à Marie et souhaite plus que tout qu’elle réalise son rêve, n’hésitera pas à remettre à sa place le père de la jeune fille : « C’est pas parce que vous êtes sourd qu’il faut priver les autres du talent de Marie! » Le garçon en veut au père de ne rien entendre à la détresse de Marie en plus de ne pas être conscient de son immense talent musical.
Marie n’est pas la seule à avoir des soucis familiaux. Bien que la dynamique et les enjeux soient complètement différents, Victor a aussi des problèmes de communication avec son père (Pascal Elbé).
Le réalisateur expliquait d’ailleurs, à propos des deux jeunes protagonistes : « [J]e disais aussi souvent : “C’est une leçon de vie que donnent deux enfants aux adultes”. Car ces deux “petites personnes” ont beaucoup à nous apprendre de la vie. Elles changent même la vie du père de Victor : le garçon veut comprendre ce que c’est d’être amoureux et il est face à un père qui a renoncé à tout ça. Et c’est son fils qui va le réveiller. »
Comme dans tout bon film qui s’adresse à des préadolescents, l’imagination des personnages pour arriver à leurs fins est immense, à l’égale des difficultés qu’ils rencontrent.
Pour Michel Boujenah, il était important que le rôle principal soit assumé par une musicienne : « C’est quoi, une musicienne? Quelqu’un qui a une relation à la musique qu’on ne peut expliquer. Quelqu’un qui a le sens du travail, la discipline, la volonté de tout sacrifier pour atteindre son but, et le sens du rythme. » Mais ce n’était pas facile de trouver une musicienne et actrice de 12 ans. Faute d’avoir trouvé une violoncelliste, il a ouvert les auditions à d’autres musiciennes qui jouaient des instruments à cordes.
Alix Vaillot joue du violon et fait partie de l’orchestre Les petites mains symphoniques. Elle n’avait cependant jamais fait de théâtre. Elle a fait preuve d’une incroyable volonté pour parvenir à interpréter avec brio son personnage, et c’est là qu’elle le rejoint : « D’abord, ma mère a contacté un violoncelliste de l’orchestre de Montpellier pour me donner des leçons. Puis, une étudiante du Conservatoire de Lyon a pris le relais et m’a beaucoup aidée. Elle me faisait répéter 3 à 4 heures par jour, elle inventait des exercices et elle m’a donné tous les outils pour qu’en deux semaines je puisse posséder un morceau comme si je l’avais toujours joué. En seulement quinze jours, j’ai appris toutes les bases. » Un nouvel instrument, c’est un autre univers. La posture est différente puisque l’instrument est très grand. C’était « plus physique, explique-t-elle, car le violoncelle fait presque ma taille! On l’entoure de ses bras comme un ami avec qui on entre en symbiose. » C’est par ses efforts qu’elle a pu entrer en symbiose avec Marie.
Le cœur en braille est une petite leçon de vie sur l’amour, l’amitié et la détermination donnée par deux enfants. J’ai eu beaucoup de plaisir à suivre leurs aventures, même si le film ne révolutionne pas le cinéma.
Pour Michel Boujenah, « un film, c’est avant tout une histoire capable de toucher le grand public et [son] rêve, c’est de faire du cinéma populaire dans le plus beau sens du terme. » Et il y parvient ici.
Note : 6,5/10
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