« Maybe she found a way out? … Maybe she was one of the lucky ones. »

Une femme (Amanda Crew) emmenée sur une île tropicale pour le travail de son mari (Tom Felton) rencontre plus tard une étrange femme (Ashley Greene) qui amènera sa vie là où la réalité commence à se désagréger.

Un pain au four sans levure

Avez-vous déjà été avec quelqu’un qui vous menait la vie dure; qui vous menait la vie dure parce que cette personne ne voulait pas vraiment communiquer ce qui n’allait pas bien; ce qui n’allait pas bien était provoqué par des rêves où un double essaie de la noyer; un double qui essaie de la noyer parce que c’est une sirène qui essaie de voler sa vie? Peter, oui. Ne faites pas comme sa femme, Eve. Ne vous en prenez pas à Tom Felton, il fait de son mieux. C’est, pour une fois dans l’histoire du cinéma, pas de sa faute du tout (Drago Malfoy c’était un PERSONNAGE!!!). 

Some Other Woman est une autre œuvre signée Joker Films (Daniel’s Gotta Die dont la critique viendra dans les prochains jours). Le dernier film que j’ai vu où cette compagnie était impliquée (celui que je viens de mentionner entre parenthèses) m’a mis sur le K.O. Je trépidais d’impatience pour voir ce qu’ils allaient sortir d’autre. L’excitation se dissipa malencontreusement plus l’histoire prenait son cours, révélant peu à peu son vrai visage. Surprenant de voir Joel David Moore, l’acteur qui jouait Daniel, prendre la voie de la réalisation, mais jusqu’à présent, je le préfère encore comme acteur. Peut-être juste prendre un scénario plus solide à l’avenir? (T’sais trois écrivains pour un film de 1h25min…)

Après tout, la prémisse d’une femme nommée Eve, interprétée par Amanda Crew, qui voit sa vie basculer lorsqu’elle fait la rencontre d’une autre femme, interprétée par Ashley Greene, qui l’amènera là où la réalité se défait, me semblait des plus alléchante. Je m’imaginais déjà une histoire étrange qui fait de moins en moins de sens plus on avance jusqu’à une fin qui nous laisse perplexe; mais nullement ainsi. 

Le scénario aurait vraiment dû être retravaillé avant qu’on lui donne le coup d’envoi. Pas un échec lamentable, le film a tout de même de la difficulté à dépasser le stade d’être un film sans plus. Le jeu des acteurs est convaincant, les images sont belles, on y perçoit une attention au niveau de la plasticité de l’œuvre. C’est sans surprise que je vois le tout s’effondrer sur lui-même lorsqu’il est construit avec une charpente fébrile. Dommage.

Trop c’est comme pas assez

Le dernier tiers du film ne fait tout simplement aucun sens. Est-ce supposé être une réinvention de Persona, par Ingmar Bergman, mais avec plus de personnages; se laissant bercer par les steel-drums et les talents au ukulele de Tom? (Il à vraiment l’air d’un chic type cet homme). Cela m’attriste quand je vois un truc du genre qui commence en pavant la voie vers un suspense psychologique et qui se termine en queue de poisson emmêlé dans les filets.

Aussi! Pouvez-vous ne pas faire porter une camisole style « wife beater » à Tom Felton s’il vous plaît. Pourquoi ne peut-il pas simplement être attachant? D’autant plus que le personnage de Peter Carver, qu’il incarne, est un homme bon qui est toujours à l’écoute et fait de son mieux pour rendre celle qu’il aime heureuse; ce qui ne l’empêche pas de se manger le revers de tout et de rien. Je comprends parfaitement qu’Eve puisse être déconcertée par les changements abrupts qui surgissent dans sa vie. Malheureusement, il n’y a pas un moment où elle tente de révéler clairement et calmement ce qui lui arrive. Elle est 100% victime de tout et se laisse s’écraser contre les rochers qui jonchent le fond de son océan intérieur telle une vieille épave trouée.

Le film est rempli de moments où on a l’impression que la protagoniste aurait pu simplement expliquer la situation. Une semaine se passe sans qu’Eve n’entreprenne quoique ce soit de logique ou essaie de mettre en lumière à une autre partie ce qui lui arrive de paranormal. Elle se laisse convaincre très rapidement qu’elle est folle. Une des grandes forces, par contre, vient des dialogues qui réussissent à tenir le long métrage en un seul morceau comme un bon époxy pour réparer un vase Ming en mille miettes; le temps que la voie soit libre pour en racheter un deuxième (si, on en a les moyens, bien entendu) et jeter l’autre sans qu’on s’en aperçoive.

C’est ce genre de long métrage qui me fait penser à ma collègue, Solenne D’Arnoux de Fleury (encore une fois), lorsqu’elle dit « less is more »; ou en français : moins c’est plus.

Les mots, utilisez les mots!

Je sais, je sais. Vous allez me dire qu’au cinéma vaut mieux montrer que dire. Il ne faut pas tomber non plus dans la fosse où on veut tout montrer et ne rien dire. Je sentais l’effort que Some Other Woman mettait à vouloir me faire comprendre des choses par le biais d’une symbolique prononcée… mais l’odeur que je percevais s’éloignait d’un banquet riche en arômes divers et s’approchait plutôt d’un parfum capiteux comme du Axe pour cacher une odeur de sueur après un jogging intense.  

Je comprends très bien que le film s’efforce à métaphoriser des événements critiques de la vie au féminin. J’ai le sentiment que l’oeuvre tente de se parer des plus grandes intentions à dévoiler l’intériorité et la psyché féminine en tournant autour de thématiques comme les peurs rattachées à la grossesse; celles d’avoir laissé tomber ses rêves au profit d’une relation qui ne comble pas le vide; ou encore de se faire remplacer par une autre aux yeux de l’être qui nous est cher. Quelle tristesse de voir une si belle croisière se lancer dans des eaux trop houleuses qui finissent par ne donner que le mal de mer. À défaut de pouvoir m’attacher au personnage principal, je ne pouvais que m’exclamer « pauvre Tom Felton, c’est pas toujours facile » (mais son jeu par exemple est parfait).

La morale de cette histoire, de mon point de vue, est de ne pas garder ses problèmes pour soi. Si vous avez des difficultés avec votre tendre moitié, dites-lui. Ne soyez pas un stalker (harceleur) qui se cache maladroitement pendant des heures pour ressortir comme une espèce de débile à chaque fois. Prenez ce temps pour dire les choses, excusez-vous, communiquez. Pour l’amour de tous les Saints! Elle ne s’excuse jamais! J’avais de la difficulté à me sentir empathique pour Eve tant elle abandonne son mari à son triste sort d’incompréhension (c’est sûr qu’il comprend rien, surtout si, tu lui expliques rien!). Un scénario lourd est quelquefois tout ce qu’il faut pour empêcher à un film de garder sa tête hors de l’eau.

J’aimerais m’épancher davantage sur l’absurdité d’une relation sans communication saine, mais je n’ai pas le temps. De toute façon, si vous comprenez pas, il y a toujours le « point of view gun » dans The Hitchhikers Guide to the Galaxy. Une scène qui démontre bien l’incohérence et l’absurdité de s’attendre à avoir un devin comme petit ami. 

Bande-annonce