« On est foutu! »
Peu de temps après que des gens auparavant normaux ont commencé à attaquer vicieusement d’autres citoyens du riche district de Gangnam à Séoul, la population de zombies augmente de façon exponentielle et se propage dans toute la région. Aujourd’hui, longtemps après que des blessures l’ont forcé à quitter l’équipe nationale de taekwondo, un ancien athlète d’élite a une nouvelle opportunité d’utiliser son talent au nom de son pays alors qu’il participera à un dernier match, cette fois contre de terrifiantes hordes de morts-vivants.
En 2016, l’histoire du film de zombies a été chamboulée par la sortie du film Train to Busan de Yeon Sang-ho. Intense, divertissant, bouleversant, le film a marqué l‘esprit de nombreux cinéphiles et a été un succès à la fois local, mais aussi international. Il a non seulement amené un air frais à un genre aussi poussiéreux que le film de zombies, mais a aussi prouvé les qualités uniques du cinéma sud-coréen.
D’autres œuvres coréennes mettant en scène des infectés/morts-vivants ont par la suite vu le jour. On peut penser à la série Netflix Kingdom, mêlant film d’époque et zombies, ou #Alive, où un gamer est bloqué dans son appartement en pleine épidémie (le film est même sorti en 2020). Train to Busan a même ouvert la voie à d’autres projets, comme son préquel animé Seoul Station ou sa suite Peninsula. Un remake américain intitulé The Last Train to New York est même en préparation. Parmi tous ces successeurs, Gangnam Zombie de Lee Soo-seong est très loin d’être un candidat de taille.
Parce que le film est juste raté. L’histoire du film tourne autour d’un youtubeur et de son équipe, notamment composée de son crush, qui sont enfermés dans un immeuble du quartier de Gangnam, à Séoul, alors qu’il est envahi de zombies, à la veille de Noël. Alors que le film aurait pu jouer sur son aspect histoire d’amour, huis clos ou film de Noël afin de se démarquer de la masse, il ne prend même pas la peine de faire de quoi d’original.
Le seul vrai intérêt que j’ai trouvé dans ce film est que les interprètes principaux sont joués par Ji Il-joo et Park Ji-yeon. Le premier est un célèbre acteur de dramas qui se retrouve dans son premier rôle au cinéma et la seconde, aussi appelée Jiyeon, est une chanteuse qui retourne au cinéma après sept ans d’absence. Mais si on n’est pas familier avec ce type de culture, il n’y a juste aucun intérêt à voir le film. Le seul moment réellement bon est la blague finale qui se révèle assez drôle.
On peut d’abord se pencher sur les personnages. Il est important dans un film d’horreur de les rendre sympathiques et attachants pour avoir peur pour eux. Sinon, on jubile de voir les personnages détestables subir un coup du karma et mourir. Dans les deux cas, on ne ressent aucune véritable sympathie pour eux et on est plus exaspéré par les personnes égoïstes. Il y a bien l’histoire d’amour entre les deux héros, mais elle est juste vide. En gros, on a juste des clichés qui parlent.
La réalisation du film est, elle aussi, ratée. Le montage est juste brouillon. On a le droit à sept plans juste pour voir un personnage traverser la rue. Ça se voit surtout lors des scènes d’action. Non seulement elles ne font aucun sens (il y a des zombies qui se battent à mains nues), mais elles sont aussi sur-coupées, juste pour donner une impression d’intensité que le film ne transmet pas. Car le film est mou, il n’y a presque pas de sang, ce qui est un comble pour un film de zombie et les coups donnés n’ont pas d’impact. Ça ressemble presque à un travail d’amateur, et ce n’est même pas le premier film du réalisateur.
Mais l’aspect le moins compréhensible est son message social. Tout bon film de zombies utilise ses monstres comme métaphore sur un aspect de notre société. En 1972, George A. Romero utilisait les zombies comme symbole des dérives du capitalisme et du consumérisme. Train to Busan racontait à travers son film les écarts entre les classes sociales. Gangnam Zombies a l’étrange idée de mêler ses infectés avec… le Covid-19. Le générique du film montre en effet des images de la pandémie et le premier infecté est causé par un animal qui vient, comme par hasard, de Chine. Non seulement les propos du film ne vont aucunement vers cette direction, mais comparer une pandémie mondiale qui a bouleversé notre mode de vie pour plusieurs années à une épidémie de zombies est plutôt mal vu.
En bref, si vous croisez du regard une copie de Gangnam Zombies, passez votre chemin. J’ai déjà fait une liste de films de zombies coréens qui en valent la peine, surtout si vous n’avez jamais vu Train to Busan.
Bande-annonce
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