Je suis un grand fan de RKSS. Le trio des Roadkill Superstar, formé de François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell, m’ont très vite charmé avec leur film Turbo Kid et Summer of 84. Ils ont un style très référentiel, mais aussi unique à eux, avec une dose d’humour méta, des scènes gores à la fois repoussantes et hilarantes et le sympathique sentiment qu’ils ont un plaisir fou à faire leurs films. Même s’ils ne sont pas les meilleurs cinéastes de l’industrie, ce sont certainement ceux qui ont le plus de cœur.
Et le public de Fantasia les aime aussi. Non seulement c’est toujours bien d’avoir des réalisateurs québécois qui font des films du genre, mais leurs films apportent toujours de l’énergie à un public qui est déjà dynamique à chaque séance. Cependant, RKSS n’avait jamais fait de vraie première au Festival Fantasia. Leurs précédents films avaient auparavant été projetés pendant d’autres festivals dans le monde, plus particulièrement Sundance où ils ont fait leur première internationale. Mais cette année est différente, car leur tout nouveau film, We are Zombies, a eu l’honneur de clôturer l’édition 2023 du festival.
Le film est adapté de la bande dessinée The Zombies That Ate The World de Jerry Frissen et Guy Davis, publié chez Les Humanoïdes Associés, la maison d’édition fondée par Mœbius, Jean-Pierre Dionnet, Philippe Druillet et Bernard Farkas (c’est là qu’est publié le magazine Métal Hurlant). Le pitch de base diffère des autres histoires de zombies comme The Walking Dead.
Car là, humain et morts-vivants cohabitent ensemble, même si certains ne semblent pas apprécier la présence parfois encombrante de ces derniers. C’est dans ce contexte que vivent nos trois protagonistes, Maggie, Freddy et Karl, qui volent des zombies dans le marché noir. Cependant, leurs actions vont vite leur causer des ennuis et ils vont se retrouver mêlé à un complot de la méga corporation Coleman Corporation.
Alors que Turbo Kid s’inpirait de films comme Mad Max et Terminator et que Summer of 84 prenait comme influence des films comme Fright Night, Les Goonies et The Burbs, We are zombies s’inspire des grands classiques du genre, plus particulièrement la première trilogie de George A. Romero. Il se permet même de faire passer un message spécial à travers ses morts ramenés à la vie, notamment sur la perception de la société envers les personnes délaissées. Il n’est cependant pas aussi fort que dans les films qui l’ont influencé, mais ce n’est pas l’important. Cette situation de zombies qui vivent parmi les vivants est surtout un vent de fraîcheur dans le genre (je ne pense pas avoir vu ça ailleurs) et sert aussi l’aspect comique du film, du style zombie Mère Thérésa.
Le film se concentre surtout sur les trois personnages, une sœur, son frère et le meilleur ami de ce dernier, qui doivent se sortir d’une situation difficile. Même si leurs caractères sont au départ assez désagréables, donc compliqués de s’y attacher, on finit par avoir de la sympathie pour eux et pour leurs idéaux et rêves qui tranchent avec ce à quoi le reste de leur monde ressemble. Mais je préfère néanmoins la naïveté ainsi que la détermination des protagonistes de Turbo Kid et Summer of 84 que le caractère un peu plus grinçant du trio de We are zombies.
Les trois acteurs principaux ont aussi une belle alchimie entre eux. D’ailleurs, ça fait toujours plaisir de voir dans ce genre de films des acteurs québécois comme Benz Antione (19-2), Vincent Leclerc (Les pays d’en haut) ou bien Guy Nadon (La Maison bleue).
De plus, RKSS se fait toujours plaisir avec ses effets spéciaux et ses scènes gores. Les effets pratique sont très réussis et souvent hilarants, et certains zombies ont un look très cool. C’est d’autant plus admirable quand on apprend que l’équipe des effets spéciaux et les acteurs de zombies ont travaillé très fort. Ce sont surtout les scènes d’effusion de sang que l’on prend plaisir à regarder. Turbo Kid le montrait très bien, le trio sait, à la manière des films Troma, comment rendre divertissant une scène d’intense violence sans que ce soit choquant. C’est ce qui fait le charme de leur style, et ils le mettent à 110% dans We are zombies.
Le seul problème que je vois dans ce film est qu’il met trop d’emphase sur ce qui tourne autour du sexe. Ça rentre dans l’humour du long-métrage, mais je trouve que c’est toujours facile et assez pauvre de baser une grande partie de son aspect humoristique autour de blagues sur le sexe. Heureusement, ce ne sont pas les seuls genres de blagues du film, et ceux qui tournent autour des zombies font toujours mouche.
We are zombies sortira officiellement en 2024, notez-le bien dans votre calendrier cinéma de l’année prochaine.
We are zombies était présenté à Fantasia le 9 août 2023.
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