Encore cette année, j’ai eu le plaisir d’assister à la soirée d’ouverture de la 33e édition du festival Présence autochtone qui a eu lieu au Cinéma Impérial. Je vous propose un court récapitulatif de cette soirée qui a consisté en de merveilleuses rencontres.
J’ai encore réussi à manquer le cocktail d’ouverture – je me dis que l’année prochaine sera la bonne!
Lors de cette soirée d’ouverture, les discours parfois protocolaires rappelaient l’importance de tenir un tel événement. L’animateur de la soirée, Charles Bender, a d’abord passé le micro à Sedalia Fazio qui a pris la parole pour accueillir les personnes présentes. Son discours touchant a souligné l’importance d’être solidaire lors de moments difficiles. Un de mes coups de cœur a été le mot de l’écrivain maori WitiIhimaera. En quelques minutes, il a su conquérir la salle et a maintes fois insisté sur le caractère exceptionnel d’un événement comme Présence autochtone qui célèbre les Premiers Peuples du monde.
Un souci technique a empêché la projection de Spring, court-métrage de Caroline Monnet, ce qui a laissé la place au long-métrage documentaire de Lin Alluna et Aaju Peter, avocate, militant, designer et musicienne inuk. Je vous propose aussi une courte critique du film Twice Colonized (2023).
Twice Colonized (2023) – Une quête de soi par l’autre
Documentaire réalisé par Lin Alluna basé sur l’histoire de Aaju Peter, Inuk née au Groenland ayant étudié au Danemark pour ensuite se diriger vers l’Arctique canadien, à Iqaluit, plus précisément, où elle s’installera et où elle est toujours. Aaju Peter pose un regard intime, franc sur sa propre histoire. Ce projet qui a duré 7 ans – dont 5 ans de tournage – suit Peter dans son quotidien, mais aussi dans ses nombreux déplacements alors qu’elle lutte pour une reconnaissance des droits des Inuit tout en explorant sa double colonisation en tant qu’Inuk au Groenland et en tant qu’Inuk au Canada.
Aaju Peter
Tôt dans le documentaire, Peter pose la prémisse de son propos : « Wewillalwaysbehere. We are alive. [Nous serons toujours là. Nous sommes vivants et présents.] » L’intensité musicale qui marque les scènes urbaines contraste avec le silence et le caractère paisible du Nord. Les plans époustouflants montrent un Nord blanc, des glaciers qui écrivent leur propre histoire.
À travers son œuvre, Peter se dévoile, montre sa vulnérabilité alors qu’elle traverse des moments que personne ne devra avoir à affronter dans une vie. Elle se relève, parfois avec difficulté, mais toujours en puisant dans son parcours : « In your life, your experience is power. It’s your choice to use it. [Notre existence est marquée par nos expériences. Celles-ci représentent notre pouvoir. C’est à nous de choisir ce que nous en faisons.] »
De nombreuses tensions sont soulignées dans le documentaire. Peter part à la rencontre d’autres personnes des Premiers Peuples à travers les pays nordiques afin d’échanger avec elles sur les conséquences de la colonisation et du manque de reconnaissance des Premiers Peuples. Son voyage la mène jusqu’à Suède où elle s’entretient avec des Sâmes qui lui rappellent le poids de la perte. Pour Peter, la lutte est toujours pour les générations à venir. À ce sujet, les scènes montrant ses petites-filles sont d’une candeur, d’une beauté. Nous ne pouvons que sourire en voyant les jeunes filles pratiquer des chants de gorge sous le regard amoureux de leur anaanatsiaq.
Un film dont une courte critique ne saurait rendre hommage, un incontournable pour mieux comprendre la situation des Inuit du Groenland, notamment.
Twice Colonized est présenté au festival Présence autochtone, le 8 août 2023.
